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Les verbatim extraordinaires de Guillaume Lambert: cette semaine, Karine Gonthier-Hyndman
Guillaume Lambert est comédien et scénariste. Il est de nature angoissée et il adore entrer dans l’intimité d’autrui pour se rassurer sur ses propres inquiétudes. Les verbatim extraordinaires de Guillaume Lambert sont la transcription exacte d’échanges entre Guillaume Lambert et des gens qu’il trouve… extraordinaires.
15 novembre 2017
GL : Ouin, faque c’est ça j’appelle le monde pis j’enregistre l’appel pis je fais des retranscriptions. Ça donne 500 à 1000 mots pis je les publie sur Urbania.
KGH : Mais là, ça enregistre?
GL : Oui. T’es comme la première que j’appelle, je viens de télécharger l’application qui enregistre les appels, je teste la technologie.
KGH : On dirait que tu parles différemment depuis que tu enregistres ton appel. Essaies-tu de te mettre en valeur dans tes articles pour Urbania?
GL : Clairement.
(…)
GL : C’est weird mais on le sait hein quand on est filmé ou enregistré? Notre voix se modifie.
KGH : Moi présentement, je fais attention à pas te dire des secrets sur le monde du milieu.
GL : On peut juste aller prendre un café aussi. Pis j’enregistre.
KGH : On a même pas le temps de se parler quand on tourne sur le plateau, comment veux-tu qu’on aille prendre un café. Ça me semble impossible. Bon. Mon chum arrive, je t’embrasse bien haut, bien bas.
Karine raccroche promptement.
Ils ne se sont jamais rappelés, et, encore aujourd’hui, ils rient de cette anecdote formidable.
7 décembre 2017
Entre deux prises d’un sketch de Like-moi, alors que Guillaume est seul avec Karine dans un studio d’enregistrement qui leur sert de plateau de tournage ce jour-là, Guillaume relance Karine avec son maudit verbatim. Profitant d’un changement d’éclairage, Guillaume joue le tout pour le tout et enregistre spontanément leur conversation sur son téléphone, dans le chaos habituel d’un tournage de télé.
GL : Tu te fais-tu demander des affaires bizarres, des fois, depuis Like-moi?
KGH : Tout le temps. Je sais pas quoi faire avec ça.
GL : Tsé, moi j’ai jamais été porte-parole de quoi que ce soit, pis là ça commence. Comme là, y’a un gars qui fait des jeux de société qui m’a demandé de les backer pour leur campagne de socio-financement.
KGH : Ok…?
GL : Le jeu s’appelle « Cock Block ».
KGH : Ben voyons.
GL : Ton pion, c’est un coq, tu dois traverser le board en faisant des affaires avec des cartes, pis tu dois conquérir une poulette pis la ramener dans ta basse-cour.
KGH : Tu peux pas être le porte-parole de ça.
GL : Ben tsé, à la base, je trouve ça quand même drôle, ça pourrait être mon genre d’humour un peu « deuxième degré », mais maintenant qu’on a des fans plus jeunes, je me sens mal de m’associer à ça. Je trouve que tout ça est problématique, moi qui pourrais peut-être même penser à faire ça, c’est problématique. Mais je souhaite bonne chance au gars, c’est une petite compagnie, ils travaillent fort, ils veulent se démarquer avec un humour « grinçant ». [1]
KGH : En fait je verrais pas pourquoi tu ferais ça. Mais en même temps, j’aimerais beaucoup ça, te voir faire ça, être le porte-parole de Cock Block. C’est très ambigu dans ma tête, comment je me sens suite à cette nouvelle.
(…)
Karine, visiblement dépendante à son téléphone, ne peut s’empêcher de l’allumer entre deux prises et de consulter son fil d’actualité. Elle tombe sur la fameuse vidéo de Los Angeles en proie aux flammes.
KGH : Regarde ça.
GL : Woah.
KGH : C’est la première fois que Paris Hilton met PAS une photo d’elle sur Instagram. C’est à L.A.
GL : Présentement?
KGH : Présentement. Pis Paris Hilton remercie les pompiers de sauver ses chiens. Ses hosties de chiens. Elle a des centaines de chiens.
GL : Paris Hilton a des centaines de chiens?
KGH : J’exagère, mais elle en a beaucoup. Elle a une famille de chiens, de chiens qui chient partout. Elle a tout le temps des chiens. Pis là, présentement, ils sont en train d’évacuer sa maison…
GL : Jamais entendu parler de ces feux-là.
KGH : Ben voyons, tu t’éduques pas, t’étais où? De toute évidence, tu fais juste regarder des photos de toi sur Instagram.
GL : Com-plè-tement.
KGH : Tu regardes juste les stories que Phil (Audrey-Larrue-Saint-Jacques) fait de toi.
(…)
GL : Là, on est entre deux scènes de Like-moi pis…
KGH : Pourquoi tu me l’expliques, je le sais.
GL : Je fais un verbatim, faut que ce soit une transcription exacte.
KGH : Ah, ok.
GL :… un moment donné, trouves-tu ça long, tourner? Y’a tu des journées que tu te dis « eille, aujourd’hui, ça me tente pas ».
KGH : Y’a des journées où je me dis « crisse qu’on en accomplirait des affaires si on attendait pas comme ça… »
GL : J’irais éteindre les feux en Californie.
KGH : Moi aussi. J’irais sauver les chiens de Paris.
(rires)
Assistante-réal : Silence!
KGH : Bon, on dérange.
GL : On dit des niaiseries.
KGH : On dit de la marde.
GL (à l’autre comédien) : Avez-vous besoin qu’on le refasse?
L’autre comédien (Yannick de Martino) est de l’autre côté de la fenêtre et n’entend pas Karine et Guillaume, qui sont dans un booth vitré. Le sketch, c’est deux acteurs dans un booth de son et un réalisateur de marde qui les dirige pour une pub de papier-cul, et ça dégénère. Le texte de Marc Brunet est merveilleusement drôle, mais la mise en abime du sketch déteint tranquillement sur le plateau et rend tout le monde hystérique. Guillaume parle d’un « vortex d’aliénation ». La réalisatrice, de l’autre côté du booth, tente tant bien que mal de communiquer avec les deux comédiens délinquants.
Réalisatrice : Nous entendez-vous?
KGH : Quoi?
Réalisatrice : Nous entendez-vous?
KGH : Nous, on s’entend très bien.
Assistante-réalisatrice : Karine et Guillaume?
KGH : Oui.
Assistante-réalisatrice : On va faker que… tsé on vous voit pas dans cette shot-là. On est obligé de fermer l’ordi qui vous donne le talk-back.
GL : La porte a va tu être ouverte?
Assistante-réalisatrice : Oui.
GL : Bon.
Assistante-réalisatrice : Mais donc, vous avez pas d’écouteurs.
Réalisatrice : On va faire le test audio, pis si y faut changer quek’chose, on va le faire. (à l’équipe) Je vais juste demander le silence s’il-vous-plaît! (à Guillaume et Karine) Faites juste le début de votre texte pour voir si vous vous entendez bien, ok? Dans 3, 2, 1…
Ils font le début de leur texte et finalement, ils s’entendent très bien.
(…)
GL : Ça te stresse-tu les galas? Prépares-tu un texte de remerciements, quek’chose?
KGH : Aux Gémeaux je m’étais préparé un texte, oui. Quand t’es nommé, individuellement, oui, faut se préparer un texte.
GL : Qu’est-ce que t’as fait avec ce texte-là, parce que finalement, tu le liras jamais…
KGH : Je l’ai gardé dans ma boîte à souvenirs…! Parce que c’est ma première nomination! C’était ma première nomination individuelle, je l’ai gardé dans ma boîte à souvenirs, oui. J’ai une boîte à souvenirs.
GL : C’est cute, qu’est-ce qu’y’a dans ta boîte à souvenirs?
Assistante-réalisatrice : Moteurs!
Réalisatrice : Guillaume?
GL : Oui?
Réalisatrice : Je te vois un peu, finalement.
GL : Je vais le faire pour vrai avec toutes les raccords de tantôt!
Réalisatrice : Super! Merci.
Guillaume retourne précipitamment à sa conversation avec Karine. Ils chuchotent pour ne pas déranger le plateau.
GL : Qu’est-ce qu’i’a dans ta boîte à souvenirs, rapidement? Dépêche-toi, ça va tourner! Dis tout ce qui te passe par la tête!
KGH : Ma pilule contraceptive…
GL : Ta première?
KGH : Non, je niaise. Ok. Y’a un journal intime, y’a des photos, y’a mes premiers articles de journaux, y’a des lettres que ma mère m’a écrites…
Clap : Ça roule…?
KGH :… y’a des lettres que mes amis m’ont écrites, y’a des lettres de mes chums, y’a des boucles d’oreille que mon ex m’a données, hum… y’a des affaires secrètes, y’a des photos de gars sur qui j’ai fantasmé…
GL : Qu’est-ce qu’i’a d’autres?
KGH : Y’a des agendas… tsé à l’époque on avait des agendas pis on s’écrivait des notes…
GL : Ah! Parlant d’agendas, j’ai une bonne anecdote d’agendas avec Éric Salvail!
KGH : Ah oui? Ben là, je veux tout savoir. Vite!
Assistante-réalisatrice : Ça roule toujours.
Réalisatrice : Ok. Dans 3… 2… 1… Action!
Et Guillaume ne put jamais raconter jamais sa fameuse anecdote d’agendas et d’Éric Salvail à Karine.
[1] Pour en savoir plus sur le dit jeu, on peut visiter la campagne de socio-financement de la compagnie Kevin’s Got A Gun en cliquant ici.
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