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Les traditions ont le dos large

Parce que maintenir certaines traditions « désuètes » est plus imbécile qu’honorable.

Par
André Péloquin
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C’est ce soir que se tiendra la huitième édition du Prix Polaris, pendant canadien du fameux Mercury Prize britannique où, chaque année, un panel de critiques du pays coiffe une parution locale du titre de disque de l’année. Parmi la dizaine d’oeuvres se retrouvant dans les finalistes, il y a Nation II Nation, de la formation « pow-wow-step » d’Ottawa, A Tribe Called Red.

Voici d’ailleurs un extrait de l’album : une collaboration avec Black Bear, un autre projet musical provenant des Premières Nations qui sera en prestation au parc de la Petite-Italie le 28 septembre dans le cadre du festival Pop Montréal.

Une victoire au Polaris est non seulement possible, mais couronnerait bien un mois de « petites grandes victoires » pour la formation. Voyez-vous, un membre de ce trio dansant et politisé (A Tribe Called Red appuie à fond Idle No More, notamment) a poussé son engagement d’un cran en déposant une plainte contre les Nepean Redskins, une équipe de football d’Ottawa au nom assez raciste, merci.
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Cette plainte – et la campagne #changethename menée par Campeau sur les réseaux sociaux – a enfin fait flancher la direction de l’équipe… et les répercussions sont ressenties jusqu’à Washington.

Bien qu’on applique de la pression sur les propriétaires des Redskins de Washington – et bon nombre de franchises sportives récupérant l’iconographie des Premières Nations de façon douteuse – depuis des décennies, on dirait que le poids du web social serait la charge qui ferait finalement plier l’échine. La pression est telle que des médias (dont le Washington Post), des entreprises (Apple refuse les apps citant les Redskins sur sa boutique en ligne) et d’ex-artisans de la NFL croient que l’équipe devrait délaisser son nom. Le chroniqueur vedette Peter King abonde dans le même sens et a expliqué sa décision en confiant que le malaise se fait sentir chez lui depuis deux ou trois années et que, comme plusieurs personnes et organisations sont carrément heurtées par l’emploi du terme, celui-ci ne l’utilisera plus, car référer à l’équipe que par sa ville d’appartenance ne nuit en rien à son travail.

Bien sûr, d’autres sont contre.

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Le journaliste sportif Rick Reilly a longtemps hésité et s’est finalement dit contre le changement, mentionnant que bon nombre de problèmes aux États-Unis prédominent sur celui-ci. Le propriétaire actuel de l’équipe, Daniel Snyder, refuse de bouger, au nom de l’histoire et de la tradition…

Come on, Dan!

Bon nombre d’états et de provinces modernisent leurs lois anachroniques au gré du temps, tout comme un bon pourcentage de l’oeuvre de RBO ne pourrait être présenté aujourd’hui sans susciter un tôlé monstre (si Mario Jean en Boucar Diouf a fait sursauter certaines personnes, imaginez Yves P. Pelletier imitant Grégory Charles à titre d’exemple). Et que dire de la chanson Paulette de Paolo Noel qui, semble-t-il, était très drôle à une certaine époque?

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M. Snyder, dites-nous que vous craignez qu’un changement de nom affecte votre concession comme c’est le cas présentement pour les Pelicans de La Nouvelle-Orléans dans la NBA (pour résumer : les ex Hornets sont pas mal ridiculisés par ce nouveau nom pas très combatif), mais nous sortir l’argument de l’honneur ou encore de l’histoire à une époque qui s’actualise en temps réel; franchement!

Oh, et au risque de faire une Marie-Josée Taillefer de moi-même : ce ‘tit billet n’a aucun lien avec la fameuse Charte.

Sur ce…