Avec le nombre de projets musicaux qui sortent chaque semaine (ou même chaque jour), ça devient de plus en plus compliqué de garder le fil. Heureusement, on est là pour vous mettre à jour. On vous a donc concocté une petite liste de cinq projets qui valent vraiment la peine d’être entendus et qui n’ont pas reçu l’attention qu’ils méritaient. On ne dit pas qu’après ça vous serez complètement à jour, mais vous aurez de petits tours dans votre poche la prochaine fois qu’on vous tendra le aux cord.
Radio Suicide, de Makala
Je crois bien avoir écouté cet album au moins une fois par jour depuis qu’il est sorti. J’aimerais vraiment pouvoir en faire une critique «classique», mais la vérité est que ce projet défie la plupart des conventions. En fait, il s’apparente plutôt à un film de Tarantino en version audio. Chaque morceau est une véritable aventure dont on ne se lasse jamais, malgré les 21 (!) chansons.
Clairement, le rappeur helvétique de 26 ans est bien campé dans son personnage. Des productions visionnaires de Varnish la Piscine, aux rimes confiantes de Makala qui, c’est important de le souligner, ne répète jamais deux fois le même flow sur l’album, Radio Suicide est vraiment un chef-d’œuvre. C’est exactement l’éclair de génie qui manquait au rap franco ces temps-ci. S’il a été encensé par la critique et les fans en Europe, l’album semble être passé sous silence de ce côté-ci de l’Atlantique.
Cosmic Thrill Seekers, de Prince Daddy & The Hyena
Dans le monde du emo de quatrième vague, Prince Daddy & the Hyena, c’est un peu l’équivalent de Lil Uzi Vert pour le hip-hop. Des chansons entraînantes, mais assez tristes et introspectives, qui tournent autour d’une consommation excessive de drogues pour oublier les problèmes. Avec Cosmic Thrill Seekers, leur deuxième album studio, le groupe de l’état de New York pousse l’enveloppe encore plus loin, en créant le journal intime de l’ultime stoner/slacker.
Sur l’album-concept en trois parties, Prince Daddy redéfinit le genre particulier d’emo auquel il appartient, n’essayant même pas d’offrir un message d’espoir dans l’acte final. Fortement recommandé pour les amateurs de powerchords abrasifs et de xylophones scintillants.
The Gumbo Tape, de Manast LL’ et Tony Stone
Il n’était qu’une question de temps avant qu’un véritable projet de rap anglo transatlantique voie le jour. Deux rappeurs de villes francophones, Manast LL’ de Paris, et Tony Stone (Planet Giza) de Montréal, se sont associés pour créer The Gumbo Tape, une référence en hommage au Gumbo Yaya, institution du soul food à Paris.
Un beau petit EP de quatre morceaux, The Gumbo Tape épate par sa simplicité relative, avec ses instrus laid-back, des featurings comme Anna Majidson (Haute), et les flows de Manast et Tony qui se mêlent parfaitement. Parfait pour un road trip, ou un barbecue entre copains.
Wap Konn Jòj, de Mach-Hommy
Seulement quelques mois après avoir sorti Tuez-les tous, le rappeur Newarkais d’origine haïtienne Mach-Hommy nous livrait à la fin juin Wapp Konn Jòj!, un excellent album de sept chansons. Avec un flow décontracté, des rimes qui alternent entre l’anglais, le créole haïtien et le français, l’énigmatique rappeur prouve qu’il est près de devenir le prochain phénomène du rap underground.
Sur l’album, dont le titre est une expression haïtienne qui signifie qu’il y aura des représailles, Mach-Hommy fait ce qu’il fait de mieux, en rappant sur des instrus jazz soporifiques, dont certaines produites par Alchemist ou encore Earl Sweatshirt, qui prête aussi un couplet sur la chanson « Mittrom ». S’il continue à soutenir un rythme de production et de lancement de projet de qualité comme celui-ci, il ne fait aucun doute que le rappeur sera une star d’ici peu.
III, de Bad Books
On ne s’attendait plus trop à réentendre parler de Bad Books, le projet commun d’Andy Hull (Manchester Orchestra) et Kevin Devine. Après tout, leurs carrières dans leurs projets solos respectifs fonctionnent bien mieux que celui-ci. Mais il semble que pour Hull et Devine, Bad Books représente une échappatoire différente. Donc, 7 ans après leur dernière parution, le groupe a décidé à la mi-juin de donner naissance à III, leur troisième album studio.
On retrouve tout ce qu’on aimait des sorties précédentes, les paroles introspectives et autodévalorisantes aux arrangements aériens et les voix perçantes des deux chanteurs. N’ayant pas fait appel pour cet album à leur bassiste ou à leur batteur, Bad Books nous livre ici son projet le plus calme et solennel, sans jamais être ennuyant.