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Les rois de la rue

Par
Les Justiciers Urbains
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C’est la rentrée et on reprend tranquillement nos activités, nos souvenirs de vacances encore frais en tête.
Deux justiciers rentrent d’ailleurs tout juste d’un périple dans les anciens pays (même en vacances, difficile de faire totalement abstraction de notre devoir de super héros protecteurs de Montréal). Lors de ces voyages, une idée chère aux Justiciers s’est confirmée : Montréalais et Montréalaises, osons les rues dédiées!
Pour la petite histoire, un Justicier a pris la direction de l’Irlande alors qu’un autre s’est aventuré en Andalousie, Espagne. Même si ces deux destinations diffèrent sur plusieurs points (les nuages vs le soleil, la stout vs la cava, les farfadets vs les taureaux) il s’avère que deux de leurs destinations ont un point en commun. Dublin et Séville ont pris la décision de totalement bannir l’utilisation de la voiture sur certains axes de leur centre-ville et d’en faire des lieux où les transports actifs et collectifs sont rois.
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Dans le cas de Séville, la ville a pris la décision de transformer la principale rue du centre historique en corridor dédié pour le tout nouveau tramway mis en service en 2007. Sur cet axe, le tram circule doucement, côtoyant piétons et cyclistes, alors qu’une bande leur est dédiée (sur la photo, les points argentés au sol). Cette utilisation de la rue relève presque de l’utopie pour les Nords-Américains que nous sommes et fait voir la mobilité sous un autre angle. Ce qui permet de restreindre totalement l’accès à la voiture. En plus de ce tram, Séville possède un métro (on l’a), l’équivalent sévillan de Bixi, Sévici (on l’a), de multiples lignes de bus accordéons qui convergent vers le centre (on en a), et un réseau de taxi municipaux standardisé et bien identifié (à faire). Pour les éternels dubitatifs qui scandent à qui mieux mieux qu’on n’a pas les services de transport nécessaires pour faire la même chose, nous répondons : ben… on est vraiment pas loin en tout cas. À Dublin, le même principe est appliqué à une rue qui traverse le centre-ville d’Est en Ouest. Elle est entièrement dédiée au tramway (mis en service en 2004) et parallèle à une seconde rue entièrement réservée aux piétons et aux cyclistes. La ville n’a pas de métro, mais le tout raccordé à un réseau étendu de bus à deux étages et à un Bixi dublinois. Encore une fois, on remarque que nous possédons plusieurs des atouts nécessaires pour se lancer dans l’aventure.
Ça contraste avec Montréal qui a connu sa dernière période de grands projets dans les années 60 et 70. À l’époque, le lien entre transport et aménagement de la ville n’était pas le même et ça se sent encore aujourd’hui. Certes, le métro a été construit (ce qui est excellent), mais la surface, là ou on vit, a cédé beaucoup de place à l’automobile (retrait du tramway, construction d’autoroutes urbaines comme Décarie et Métropolitain). La bonne nouvelle, c’est que les mentalités ont évolué (Dublin et Séville en sont la preuve) et que Montréal investit massivement dans le renouvellement de ses infrastructures depuis quelques années. Et la tendance se poursuivra pour les années à venir. D’ailleurs, on parle aussi du retour éventuel du tramway.
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Maintenant que « le Vieux » s’est refait une beauté et que le centre-ville est en cure de rajeunissement, pourquoi ne pas rendre ces endroits encore plus agréables et utiliser les rues pour installer des terrasses par exemple ? On voit bien la volonté des commerçants de le faire mais pour l’instant, l’espace est pris sur les trottoirs (donc aux piétons) plutôt qu’aux voitures.
La vraie question est donc la suivante: est-ce que Montréal va oser? Est-ce qu’elle profitera de ces opportunités pour aller au-delà du concept de la simple voie réservée et tenter l’implantation d’une rue dédiée au cœur de la ville? Montréal se veut innovante et un leader en terme de qualité de vie en Amérique du Nord. En plus d’être un puissant levier de (re)développement urbain, un tel projet consoliderait cette position et offrirait à la métropole une visibilité enviable. Alors Montréal, nous n’avons qu’une chose à te dire : ose bon sang!
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