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Les quartiers montréalais moins fréquentés qu’on gagne à connaître

Ces trois quartiers prouvent qu’il y a bien plus à Montréal que les arrêts habituels.

Par
J.P. Karwacki @ The Main
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Cet article est paru initialement dans The Main, un média numérique indépendant qui explore la culture montréalaise.

En voyage, il n’y a rien de mal à vouloir visiter les classiques, mais à Montréal, ces quartiers dépassent largement ceux qui reviennent sans cesse. Que ce soit en raison de leur emplacement jugé peu pratique, d’un certain manque de lustre ou simplement d’un je-ne-sais-quoi de moins « instagrammable », plusieurs coins de la ville passent souvent inaperçus.

Ce n’est pas une question de « trésors cachés » ou d’endroits secrets. On parle ici de quartiers entiers exclus du circuit habituel — des lieux chargés d’histoire, où des familles tiennent les mêmes commerces depuis des décennies, où l’on peut profiter d’un après-midi parfait, sans avoir eu à le planifier.

Voici trois quartiers de Montréal qui ne sont peut-être pas les premiers qui viennent en tête, mais qui révèlent une ville authentique, habitée, et inoubliable dans sa simplicité : la tranquillité au bord de l’eau de Pointe-Claire, les racines industrielles de Lachine, et les puissantes forces culturelles à l’œuvre dans Saint-Michel.

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Saint-Michel

Autrefois un village construit autour de carrières de calcaire, Saint-Michel est devenu l’un des quartiers de Montréal les plus tournés vers l’avenir. On y retrouve encore les traces de son passé ouvrier — rues en quadrillage, multiplex modestes, majorité de locataires — mais ce qui s’y développe mérite le détour : un centre de cirque certifié LEED, des blocs modernistes réhabilités, et un immense parc public bâti sur un ancien dépotoir parsemé de dômes à biogaz et de pistes cyclables dignes d’un film de science-fiction.

C’est aussi le quartier de résidence de certain.e.s des meilleur.e.s artistes de cirque au monde, et l’un des projets de réaménagement écologique les plus ambitieux de la ville.

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Ajoutez à ça l’un des plus grands skateparks intérieurs du Québec, des communautés haïtiennes, latino-américaines et nord-africaines bien ancrées, et Saint-Michel s’impose comme bien plus que la fin de la ligne bleue du métro.

À faire à Saint-Michel

Commencez par le parc Frédéric-Back, gigantesque espace vert futuriste installé sur une ancienne carrière. Roulez à vélo entre ses sphères lumineuses et ses sentiers sinueux. Passez voir un spectacle ou un atelier à La TOHU, haut lieu du cirque contemporain. Si vous aimez rider, le TAZ est un paradis intérieur pour tout ce qui a des roues.

© Eva Blue – Tourisme Montréal
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Les fans d’architecture peuvent explorer les Habitations Saint-Michel Nord, un projet inspirant de logements publics réinventé. Et pour les curieux, le Marché aux puces Saint-Michel est un labyrinthe de trouvailles rétro, de meubles vintage, de BD anciennes et de vinyles obscurs.

Où manger et boire à Saint-Michel

Commencez par Thai Sep, un petit resto de 24 places proposant de savoureux plats laotiens et thaïs — ne manquez pas les saucisses maison ni le riz collant à la mangue. Vous êtes pressé? Sak’s Sandwicherie revisite les saveurs cambodgiennes dans des sandwichs à la citronnelle et des bols de riz. Kim Hour propose un menu d’Asie du Sud-Est varié (prenez le poulet frit, vous nous remercierez), et Pho Ngon livre l’un des meilleurs bouillons de la ville.

Pour une option réconfort : Cantinho Grillades Portugaises pour le duo poulet-poutine. Restaurant Steve Anna pour du griot et tassot servis sans prétention depuis 1985. Pour les dents sucrées, la Conca D’oro sert cannolis et tiramisu depuis plus de 50 ans.

Et puis, il y a Mastard. Techniquement sur la rue Bélanger, mais toujours dans Saint-Michel, le chef Simon Mathys et Viki Brisson-Sylvestre y concoctent un des menus dégustation les plus excitants de Montréal, avec des produits locaux de saison. En prime, le resto vient tout juste d’obtenir une étoile Michelin.

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Envie de fondue et de karaoké? Zoé Fondues Karaoké & Cocktails vous attend avec micro, caquelon, le tout dans une ambiance décontractée.

Lachine

Ancienne ville devenue arrondissement, Lachine est l’une des plus vieilles colonies de Montréal, fondée en 1667. Son nom vient d’ailleurs d’une tentative ratée de trouver la Chine (oups).

À l’est, Lachine est en cours de transformation.

Les friches industrielles font place à des projets de tramway, de corridors verts, de logements et d’urbanisme humain.

Mais même sans ces promesses, le quartier offre déjà l’essentiel : des rues larges et résidentielles, des commerces locaux, des parcs bordant l’eau et une communauté tissée serrée.

Si Montréal mise sur un avenir équilibré entre patrimoine, densité et accessibilité, Lachine est l’endroit où on peut observer ces changements prendre cours.

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À faire à Lachine

Commencez par une balade à pied ou à vélo dans le Vieux-Lachine, entre les bâtiments en pierre, les cafés et arrière-cours avec quai flottant. Ce n’est pas la Méditerranée, mais l’été, on s’y croirait presque. Profitez-en pour passer par le lieu historique national pour plonger dans l’époque des fourrures et du portage.

© Parcs Canada

Un peu plus loin, le parc René-Lévesque s’avance dans le lac Saint-Louis comme un doigt verdâtre pointé vers l’horizon. C’est l’un des parcs les plus paisibles de la ville, surtout au coucher du soleil. Et juste à côté, le Jardin de sculptures de Lachine expose une cinquantaine d’œuvres monumentales d’artistes québécois.

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Les amateurs d’objets bizarres doivent absolument passer par Éco-Dépôt, un entrepôt de 10 000 pieds carrés rempli de meubles rétro, de vinyles rares et autres objets mystérieux. Puis, de mai à octobre, ne manquez pas le marché de Lachine — le plus vieux marché public de Montréal.

Où manger et boire à Lachine

Commencez par Nonnina. Autrefois un camion de gelato, c’est maintenant une trattoria chaleureuse située dans l’ancien Grand Marché. Pâtisseries, paninis, lasagnes et arancinis sont également vendus sur place.

Avec un peu de chance, vous aurez réservé chez Frankie’s, une pizzeria dissimulée au-dessus d’un magasin de peinture, où deux frères préparent parmi les meilleures pizzas en ville. Style romain ou néo-New York, certaines sont garnies de porchettone de la boucherie familiale Marchigiani.

Sur le canal, Il Fornetto joue la carte classique : antipasti, veau, pizzas au feu de bois sur terrasse à deux niveaux. À deux pas, El Meson offre des plats mexicains familiaux et authentiques comme le ragoût de cactus.

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Puis, pour déguster une bière locale, Louks Pub vous sert, à deux pas de la rue Notre-Dame. C’est l’évolution chic de leur taverne d’aéroport d’origine, avec bouffe de bar, habitués sympas et beaucoup d’espace pour chiller.

Pointe-Claire

Bien avant les banlieues et les centres d’achats, il y avait Pointe-Claire — un village au bord de l’eau devenu point d’ancrage de l’Ouest-de-l’Île. En raison de ses racines coloniales profondes, la population y est bilingue.

Ici, des églises en pierre du XVIIIe siècle côtoient des maisons victoriennes, des usines d’aérospatiale et des parcs industriels.

Bordée par le lac Saint-Louis et traversée de pistes cyclables et lignes de train, Pointe-Claire trouve son équilibre entre modernité et tradition.

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À faire à Pointe-Claire

On se croirait presque en bord de mer. Brise légère, voiles au loin, gens tranquilles dans le vieux village comme s’ils n’avaient nulle part où aller.

Commencez dans le vieux village : rues étroites, bâtiments penchés, ambiance de petite ville. Suivez le chemin du Bord-du-Lac entre cafés, boutiques et institutions locales ayant survécu aux incendies, aux changements de zonage, et à quelques condos malvenus.

Photo : Michel Bussieres @ Dreamstime.com

Un peu plus loin, le Centre culturel Stewart Hall, ancien manoir établi au bord de l’eau, accueille des expos d’art et des ateliers. Entrez-y pour profiter du calme de sa salle de lecture, ou du gazon ombragé de sa galerie à ciel ouvert.

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Continuez vers le parc Bourgeau et son belvédère discret faisant face au lac. Par beau temps, on y voit des sportifs s’adonnant au paddle board et au kite surfs dans la baie Valois. Plus à l’ouest, le Parc naturel Terra-Cotta offre un autre type de refuge : 39 hectares de forêt regagnée, autrefois une carrière d’argile, aujourd’hui sanctuaire pour oiseaux abritant des sentiers boisés.

Où manger et boire à Pointe-Claire

Commencez par prendre le brunch au Pointe-Claire Deli : poulet frit et gaufres, patates rissolées, pancakes cuits à la perfection. Puis, cap sur Delibee’s, un comptoir de 24 places où Philip Varvaro prépare un smoked meat à l’ancienne : saumure d’une semaine, fumage au bois de pommier, et service se faisant via une trappe directement au Mayfair Tavern voisin, bar convivial avec quiz, karaoké et pintes bien froides.

À quelques rues de là, Lou’s revisite le diner classique avec finesse : steak-frites beurré, tartare, martinis bien froids. Son jumeau, Rendez-Vous, est plus petit, plus étrange, mais tout aussi délicieux : demi-œufs aux anchois, palourdes, épaule de porc mijotée. Tout simplement exquis.

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Et pour la vibe rétro : Gigi Pizzeria sert des pizzas à croûte épaisse depuis 1970. Cabines en bois, clientèle fidèle, que demander de plus?

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