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Les pires gaffes de 2025

On est officiellement dans le darkest timeline.

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Avant de démarrer, une confession s’impose : quand on m’a offert pour la première fois, en 2023, de rédiger un article ayant pour thème « les pires gaffes de l’année », j’étais mega smash dans le shake and bake, comme l’aurait sans doute dit Jocelyne de Radio Enfer. Tout comme la psychologue à la main moutonnée, cet enthousiasme appartenait à une autre époque, soit une époque où j’avais naïvement cette chose devenue encore plus rare qu’un post Instagram n’ayant pas été généré par l’IA : de l’empathie.

Oui. J’avais de l’empathie pour les gens sur lesquels j’écrivais. Un politicien qui a trébuché avec sa bouche, un film qui avait les yeux plus gros que la panse, une célébrité québécoise qui déboule des marches métaphoriques sur les réseaux sociaux. Je me disais : c’est pas leur faute. C’est un accident. Ça peut arriver à tout le monde… qui se situe dans une certaine fourchette de salaire, mettons. Même moi, je suis particulièrement twit si vous ne me donnez pas un préavis de 48 heures avant de me demander mon opinion sur quoi que ce soit.

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Puis, alors que 2025 tire à sa fin et que je consulte ma liste où je collectionne les gaffes comme des marguerites pressées entre les pages des recettes à la mijoteuse de Ricardo, un questionnement lourd et amer a bourgeonné dans mon esprit : sont-ce des gaffes ou ces gens sont-ils simplement cruels?

Des politiciens corrompus qui font passer leurs yachts sur les corps tuméfiés des femmes parfois mineures. Des pêcheurs bombardés par d’anciens animateurs d’une chaîne de propagande étatique. Une ville entière condamnée à l’inertie pendant qu’à l’Assemblée nationale, on se comporte comme des ados sans surveillance dans une cour de récré.

« Lighten up, kid », avez-vous sans doute envie de me dire, les yeux baignés d’inquiétude à mon endroit.

Je tiens à vous rassurer : le fait que nous soyons gouvernés par des êtres ayant besoin de ChatGPT pour trouver la switch des lumières de la toilette a au moins ceci de positif que ça fait de maudits bons articles de fin d’année.

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Recouvrez-vous de votre meilleure couverture lestée ou de Jacob Elordi et bidonnez-vous avec moi de ces moments qui vous ont fait faire : « lol », « euuuuh », « yas kween » ou toutes ces réponses.

Retirez ces encouragements que je ne saurais voir

Au Québec, il n’y a qu’une seule chose qu’on aime plus que le hockey, et cette chose, vous l’aurez sans doute deviné, c’est… Guylaine Tremblay. Et chialer, oui. On aime beaucoup chialer. Pour notre plus grand bonheur, ces deux passions ont été combinées en avril dernier lorsque l’OQLF s’en est pris à la STM qui osait afficher de scabreux et très peu français « Go! Habs! Go! » sur la devanture de ses montures d’acier. « Kim, there’s people that are dying », s’est alors dit l’entière population québécoise désormais forcée de lire le très franchouillard « Allez! Canadiens! Allez! ».

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Tandis que Nick Suzuki et Cole Caufield (que j’appelle affectueusement « Cocofeel ») travaillaient fort dans les coins pour rapporter la coupe dans une ville qui n’en a pas vu la couleur depuis la naissance de ma soeur cadette, l’OQLF travaillait encore plus fort dans les DMs de la STM qu’elle a contactée à pas moins de six reprises afin qu’elle retire l’obscène message menaçant la survie du français, un passager blasé à la fois. Si l’OQLF se défend en soutenant que ce processus est normal, j’ai le bonheur de vous annoncer que si ce soir vous allez vous coucher avec l’impression de ne pas avoir accompli grand-chose, vous pourrez toujours vous dire que vous en avez fait plus qu’un agent de l’OQLF.

Luc Boileau et le troll-tinettiste

En août, c’est alors qu’il circulait sur la rue Sainte-Catherine sous le soleil de midi que le directeur national de la santé publique du Québec Luc Boileau a failli entrer en collision avec un trottinettiste qui roulait à vive allure, le front cerclé d’une caméra GoPro qui a par la suite capturé leur échange encore plus ridicule que le mot « trottinettiste ».

Cette édifiante conversation débute en grande pompe par une chaleureuse salutation de la part du trottinettiste : « T’es ben laitte, toé, câlisse ».

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Interloqué, Boileau réplique par un : « Sais-tu à qui tu t’adresses? », soit la phrase prononcée par toutes ces dames à la coupe de cheveux carrée qui s’apprêtent à péter une coche à un travailleur payé au salaire minimum. Les deux hommes continuent d’égrainer un chapelet d’insultes, Boileau démontrant toutefois son professionnalisme à titre de travailleur de la santé en informant son interlocuteur qu’il avait « une crotte de nez qui dépasse ».

Écoutez, on a tous nos mauvaises journées et de voir le directeur national de la santé publique s’abaisser au langage de la section commentaires sur YouTube me réconforte pour ces jours où j’oublie des mots vraiment évidents.

Un échange qui nous rappelle qu’on est toujours à une sortie en public de devenir un meme sur Internet. Pour ma part, j’envoie désormais systématiquement mon conjoint faire nos courses, terrifiée que je suis de me ramasser dans un véritable sketch de slapstick en prenant la mauvaise canne de soupe dans une pyramide de présentation. Que voulez-vous, je n’ai que très peu envie de devenir une « canne girl » (non, je m’excuserai pas). Maintenant, reste à voir si « sais-tu à qui tu t’adresses? » deviendra un classique au même titre que « sauf une fois au chalet » ou « j’ai l’doua ».

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En attendant, vous pourrez toujours vous régaler de cette parodie signée par mon collègue Hugo Meunier qui aime un peu trop hurler mon nom sur Sainte-Catherine.

Le coït interrompu d’Occupation Double

Bon. J’aurais pu taquiner mon ex-collègue Naomi en parlant de sa passion dévorante pour les établissements carcéraux, mais comme vous pouvez le voir sur ma photo d’auteure, j’ai les mains tatouées alors je ne voudrais surtout pas gâcher mes chances, wink wink.

J’aurais aussi pu niaiser Yorick qui favorise les filles qui viennent en « format collation », donc qui finissent en motton au fond de sa sacoche, mais j’apprécie beaucoup les hommes qui paradent avec leur drapeau rouge entre les mains, tatouées ou non. Comme ça, on peut rentrer chez nous et passer plus de temps avec nos chats. J’avais aussi l’option de faire remarquer à Marie-May que la description de tâches d’un électricien est pas mal dans le mot, mais je ne voudrais surtout pas me moquer de son héritage amish.

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Toutes ces pistes étaient propices à la rigolade, certes, mais je pense que vous serez tous d’accord avec moi que la gaffe suprême de cette …92e édition d’OD (ça feele de même), c’est cette finale qui n’est pas sans me rappeler la fois où j’ai appris le décès de ma grand-mère chérie dans un post Facebook bourré de fautes.

Puisqu’il faut donner à César ce qui lui revient, dans un monde où l’économie de l’attention est à son plus bas, c’est gutsy en maudit d’annoncer les vainqueurs dans une formule « cligne des yeux pis t’as tout manqué ».

Occupation double étant le bruit de fond parfait pour nos séances de scrollage, cette finale qui est la définition même de l’expression « en queue de poisson » demeurera gravée dans nos mémoires comme la première fois qu’un moment de télé aurait pu être un courriel.

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Face à la déception des téléspectateurs, Julie Snyder a défendu la décision, prétextant avoir voulu « mettre une twist » au concept. Le problème, c’est que dans ce cas, je dirais plutôt qu’on a « enlevé la twist » en se contentant de sortir une photo d’une enveloppe, sans tout le drama que ça générait dans feu America’s Next Top Model.

Pour la prochaine mouture, voici ma proposition pour les Productions J : économisez sur les frais de plateau en vous alliant au CRTC pour qu’on reçoive une alerte texto quand les gagnants seront élus. En lisant le message, on aura au moins la satisfaction d’apprendre qu’aucun enfant ne s’est fait enlever.

Chris Martin, chasseur d’époux infidèles

Je l’avoue, j’ai fait un double take en parcourant ma liste de gaffes commises en 2025, persuadée que cette anecdote s’était déroulée en 2024. Ma santé mentale n’a pas été bâtie pour survivre à autant de niaiseries, guys.

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Le 16 juillet, au stade Gillette de Foxborough au Massachussetts, un couple a vécu l’humiliation la plus totale lorsque fut révélé au grand jour leur amour pour Coldplay. Ah, et l’un pour l’autre, chaque individu formant ce couple étant marié à une autre personne.

L’histoire aurait pu s’arrêter là si ça n’avait été du fait que l’homme surpris en flagrant délit de minouchage sur l’air de chansons qui me donnent envie de tirer la radio de ma voiture par la fenêtre était aussi le PDG d’une entreprise de données riche comme Crésus et qu’Internet (je m’inclus là-dedans) adore rire des mieux nantis quand ils se mettent les pieds dans les plats et/ou les bras autour de la mauvaise personne.

Pour ajouter une cerise sur ce sundae, la malheureuse élue était la directrice des ressources humaines, ce qui nous force à nous demander si elle a dû se donner une formation pour prévenir le harcèlement sexuel au travail.

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Et si vous croyiez que l’histoire s’arrêtait là, sachez que la dame prise en flagrant délit a par la suite entamé des procédures de divorce contre son mari… qui était lui-même au concert en compagnie d’une autre femme. Écoutez, je veux pas voir des corrélations là où il n’y en a pas nécessairement, mais si vous êtes actuellement à la recherche d’une personne avec qui passer le reste de vos jours, j’ajouterais « écouter du Coldplay » sur ma liste de red flags.

Les maudites féminisss me laissent pus harceler ma secrétaire

On a tous des pensées intrusives, des biais cognitifs de la misogynie internalisée et chaque jour, c’est notre responsabilité d’enfouir les pires niaiseries qui nous passent par la tête dans la p’tite poche arrière de nos jeans, là où personne n’en prendra jamais connaissance.

Mais si vous êtes le New York Times, vous les publiez afin que le plus de gens possible connaissent vos opinions de marde et sachent que vous êtes un psychopathe. Fondé en 1851, le média est aujourd’hui connu pour Wordle, des recettes douteuses et des textes d’opinion qui me font regretter le jour où j’ai appris à lire. Si vous ne me croyez pas, voici quelques titres choisis au hasard : « To Stop Iran’s Bomb, Bomb Iran », « D.E.I. will not be missed » et « The Necessity of Stephen Miller ».

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Méprenant l’univers pour une partie de limbo, le New York Times semble s’être demandé « how low can you go? » et s’est surpassé niveau opinions que personne n’a besoin/envie d’entendre en publiant une conversation entre deux girl boss qui se demandent : les femmes ont-elles ruiné l’ambiance au bureau? Animée par Ross Duthat, le cerveau derrière un article célébrant les vertus de Stephen Miller – un autocollant raciste de derrière de pick-up qui serait devenu « un vrai p’tit garçon » –, la conversation a soulevé un tel tollé de « qui avait demandé ça, au juste? » que le NYT a fini par se rétracter, modifiant le titre de l’article de « Did Women Ruin the Workplace? » à « Did Liberal Feminism Ruin the Workplace? ».

Le résultat? Comme du Tide To Go sur une grosse tache de sauce à spag sur un chandail blanc : pas grand-chose.

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Avant qu’on m’accuse d’être de mauvaise foi, les deux girl boss en question, Helen Andrews et Leah Libresco Sargeant – deux auteures conservatrices –, déplorent que l’ambiance au travail est devenue mid en raison des femmes qui ont tenté de prendre la place des hommes, ce qui est contre nature.

Sachant que les femmes ont grandement contribué à ce qu’on ait des congés parentaux, des salaires décents et une foule d’autres avantages, je ne cesserai jamais d’être fascinée par ces femmes qui crachent sur le travail de celles qui leur ont permis d’avoir la position qu’elles ont aujourd’hui en société. C’est comme si mon chat était persuadé que c’est grâce à son charme naturel qu’il a un toit sur la tête et un distributeur de croquettes automatisé.

Un intrus dans le group chat

On pourrait s’obstiner longtemps à savoir quelle est la pire gaffe commise par l’administration Trump cette année, j’avoue y être allée pour une qui fait pas mal l’unanimité (et qui risque de ne pas me valoir trop de commentaires haineux) : l’inclusion de l’éditeur du magazine The Atlantic dans un group chat où le secrétaire de la Guerre (cue un riff de guitare avec du feu, un aigle qui fait des backflips en moto et un Jésus blanc et musclé qui fait une clé de bras à Staline) Pete Hegseth discutait de son intention de bombarder le Yémen parce que… je sais-tu, moi, la saison des Canadiens était pas commencée?

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À la suite d’un article révélant les indiscrétions de Hegseth – l’équivalent humain de si un keg stand pouvait parler –, j’ignore si je suis tant choquée par l’ajout accidentel de civils dans une conversation hautement classifiée… ou la teneur des messages échangés dans ce group chat.

Des emojis de feu et de poings en l’air, beaucoup trop de points d’exclamation, des gros mots échangés entre gros gars avec des gros bras alors que ce sont des vies qui sont en jeu.

Comment je le sais? Moi aussi, je suis pognée dans cet estie de group chat et je sais pas trop comment en sortir. Beaucoup trop de photos de pénis dans cet échange. Beaucoup trop.

Bien sûr, vous pourriez être tenté de défendre Hegseth en me disant que j’ai jamais été dans l’armée alors je ne sais pas comment ça marche et à ça, je vous répondrai qu’effectivement, j’ai jamais été dans l’armée, maudite gauchiste pacifique sale que je suis. Par contre, comme Hegseth, je suis une alcoolique (en sevrage, contrairement à Hegseth et ses promesses vides) et croyez-moi, vous ne voulez pas que je sois en charge d’organiser votre surprise, et encore moins de décider qui se fait bombarder. Ah, et il l’a refait quelques semaines plus tard.

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