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Critique 2e saison The Last of Us
Photo : Liane Hentscher/HBO

Les nouvelles bibittes de « The Last Of Us »

Plus ambitieuse, plus sombre, plus violente, la série apocalyptique redouble d’ardeur pour la nouvelle saison.

Par
Benoît Lelièvre
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C’était à la fois très facile et très compliqué de tourner une deuxième saison pour la série The Last of Us.

Très facile, parce que le jeu vidéo duquel la série est tirée a déjà fourni une excellente histoire à suivre. Très compliqué, parce que la première saison a réussi à se démarquer du jeu grâce à d’astucieuses altérations et qu’il n’est jamais simple de trouver de nouvelles histoires qui méritent d’être racontées au travers d’un récit qui existe déjà. Ici, on pense bien entendu à des histoires comme celle de la romance entre Bill et Frank qui avait brisé Internet (et nos cœurs), en 2023.

Photo : HBO
Photo : HBO
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Est-ce que les créateurs Craig Mazin et Neil Druckmann peuvent à nouveau dire mission accomplie? Dans la mesure où une série télé post-apocalyptique peut encore nous surprendre et nous émouvoir, cette deuxième saison de The Last of Us réussit à la fois à tirer son épingle du jeu, mais se heurte aussi à ses propres limites.

En 2025, l’apocalypse est un sujet plus pertinent que jamais, mais si la dernière décennie nous a appris une chose, c’est qu’on peut très bien la déclencher par nous-mêmes, sans l’apport d’une chiée de zombies.

Ce qui fonctionne (tout est une question de perception)

Cette nouvelle saison de The Last of Us nous projette cinq ans dans le futur. Joel (le beau Pedro Pascal) et Ellie (Bella Ramsey) mènent une existence aussi paisible que possible à l’intérieur des murs de la ville fortifiée de Jackson au Wyoming. Mis à part les zombies occasionnels, leurs problèmes sont on-ne-peut-plus normaux.

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Ils sont en chicane comme tous les papas ordinaires le sont éventuellement avec leur ado et Ellie se pose des questions sur sa sexualité.

Sauf qu’on se souvient tous de ce qui s’est passé à la fin de la première saison. Alerte aux divulgâcheurs pour les retardataires, mais pourquoi liriez-vous une critique d’une deuxième saison sans avoir vu la première, hein? Joel a refusé de sacrifier Ellie à la science dans le but de trouver un remède à l’infection fongique qui ravage le monde (Ellie est, rappelons-le, le seul cas d’immunité connu) et bon, il a fait un tabarouette de gros dégât pour la sauver, dégât qui a coûté la vie à plusieurs personnes.

Cet épisode de violence peut paraître justifié vu les circonstances (pour Joel, l’idée de devoir sacrifier Ellie pour un avenir meilleur ne fait simplement aucun sens), mais contrairement à la logique qui prime dans le divertissement américain, les victimes de violence par balles n’ont pas simplement disparu. Leur absence laisse des traces bien réelles dans le cœur de leurs proches et sans vous voler de punchs, Joel devra répondre de ses actes.

Pour faire un parallèle avec l’iconique septième saison de The Walking Dead où le groupe de survivants en découd avec le diabolique Negan, la nouvelle saison de The Last of Us nous offre une dynamique humaine qui va bien au-delà de la simple survie.

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Dans un monde dénué de règles, Joel et Ellie naviguent un Far-West moral où ce qui peut sembler aussi banal que le respect de sa propre intégrité émotionnelle peut se transformer en une question de vie ou de mort. Dans cette nouvelle saison, la représentation de ces enjeux qui émergent suite à la destruction du monde est franchement réussie. J’aimerais vous donner des exemples plus précis, mais je ruinerais votre plaisir.

Photo : Liane Hentscher/HBO
Photo : Liane Hentscher/HBO
Photo : Liane Hentscher/HBO

Ce qui fonctionne moins (plus de zombies, plus de destruction, moins d’émotions fortes)

Bon, peut-être que je suis le seul à ressentir une écœurantite des morts-vivants, mais il y a un aspect grandiose à cette nouvelle saison qui m’a flatté dans le mauvais sens du poil.

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On a droit à BEAUCOUP plus de zombies (une partie du deuxième épisode n’est pas sans rappeler une version heavy metal de la bataille de la gorge de Helm du Seigneur des Anneaux), à des scènes très longues et tendues avec les infectés, et ce, au moins une fois par épisode et ça devient vite beaucoup. Chaque épisode dure une cinquantaine de minutes et la majorité des scènes de suspense semble servir à égrener les minutes plutôt qu’à contribuer au récit.

Je ne dis pas que The Last of Us devrait évacuer les infectés de la série, ça demeure une histoire post-apocalyptique, après tout. Ce que je remets en question, c’est cette compulsion à vouloir rendre chaque scène plus épique et terrifiante que la dernière. Combien de zombies affamés de chair humaine peuvent se cacher derrière une butte de neige en plein cœur du Wyoming? Trop, c’est comme pas assez.

Certaines scènes ressemblent plus à un cauchemar où les règles de la logique sont bafouées qu’à une vision plausible de l’apocalypse.

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N’importe quelle série a besoin d’un ou d’une antagoniste qui pose un véritable problème à nos héros et cette nouvelle saison de The Last of Us en a bel et bien une. Franchement, on pourrait passer plus de temps avec elle et moins avec les créatures sans âmes qui foncent en ligne droite sur le monde.

Si les longues scènes tendues dominées par les bruits gutturaux de zombies sont votre truc, la deuxième saison de The Last of Us sera peut-être la meilleure chose que vous n’avez jamais vue, mais personnellement, j’ai trouvé que comme pour le jeu vidéo, on sent que la sauce s’étire. On ne veut jamais qu’une bonne série s’arrête, mais peut-être que dans ce cas-ci, deux saisons, c’est bien suffisant.

C’est pas ce qui va se passer, mais on n’en est pas à la première série qui ne sait pas dire au revoir.