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Utiliser un comédien à toutes les sauces fucke-t-il la tête du téléspectateur? Peut-on s’attacher à un acteur ubique, qui se cure à la fois le nez dans un cimetière de Yamaska alors qu’il se bat dans un karaoke à l’Auberge du Chien Noir? Je t’entends me répondre non, jeune télévore, et tu as raison.
Séquence 1 : Intérieur – Hôpital – Nuit
Martin, sur son lit de mort, divague. Il se voit assis à une table en contreplaqué brun, jouant aux pichenottes avec la grande faucheuse. S’il perd, il meurt. S’il gagne, un bébé panda meurt. Qui a dit que la vie était facile?
Séquence 2 : Extérieur – Devant un Dairy Queen – Jour
Martin et Julie sont amoureux fous. Les tourtereaux galopent gaiement alors que le jeune homme pitche dans la face de sa belle des motons de Blizzard. Amour, sexe et Reese’s Pieces.
Séquence 3 : Intérieur – Hôpital – Jour
Martin s’affaire à mettre une couche au détestable Monsieur Dupont qui s’amuse aux dépens du pauvre bénéficiaire en digérant bruyamment son chili de la veille (prout prout prout, rires en canne, ça pogne toujours des jokes de pet).
***
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Perplexe devant l’écran, le spectateur tergiverse. Ce scénario est-il digne d’une zapette d’or pour la scène la plus mémorable de l’année à la télévision? Je ne pense pas. Pas que ça soit si mauvais (quoique). Ces histoires ne passeront pas à la postérité parce qu’il s’agit de trois scénariis différents joués par le même acteur.
Utiliser un comédien à toutes les sauces fucke-t-il la tête du téléspectateur? Peut-on s’attacher à un acteur ubique, qui se cure à la fois le nez dans un cimetière de Yamaska alors qu’il se bat dans un karaoke à l’Auberge du Chien Noir? Je t’entends me répondre non, jeune télévore, et tu as raison.
Dans la même veine, comment ne pas avoir envie de se pitcher en bas du pont en roulant des yeux quand on emploie le même animateur ou chroniqueur dans douze émissions différentes?
Qu’est-ce qu’on fait des dizaines de milliers d’autres qui crèvent de faim et quémandent un troisième rôle muet dans le cirque télévisuel pour être en mesure de s’acheter leur boîte de Kraft Dinner de la survie? On les mine dans le Nord? On les bitumine dans l’Ouest?
Entendu qu’il y a un nombre effarant d’artistes qui vivent sous le seuil de la pauvreté. En fait, plus de 80% des comédiens meurent avec moins de 20 000$ par année, le salaire quotidien de Dion Phaneuf. Je n’ai rien contre le joueur des Maple Leafs de Toronto mais moi, un gars qui prend mon nom de famille pour s’en faire un prénom, pas capable.
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Entendu qu’il y a beaucoup trop de faiseurs d’images frileux, pour qui la face d’un artiste est gage de succès. On n’a qu’à penser à Éric Salvail dans Hot dog, à Stéphane Rousseau dans Le vrai du faux ou encore à Guillaume Lemay-Thivierge dans… tous les films de Guillaume Lemay-Thivierge.
Comment expliquer la multiplication des mêmes faces, comme un flétan rabougri ou une miche passée date entre les mains de Jésus, alors que Monsieur Programme et ses amis vieillissants quittent le navire télévisuel pour les plages de la retraite? Comment se fait-il que les X et les Y, qui obtiennent leurs postes tant convoités à force de chance et/ou de timing et/ou de slurp slurp, n’ont pas fait tourner le paquebot avant qu’il n’aille s’encastrer dans le motton de glace où git Leonardo Di Caprio et Kate Winslet frigorifiés? JE SUIS LE ROI DU MONDE, crierait en français la voix de Joël Legendre (mais je n’irai pas là).
Entendu que la célébrité est éphémère, qu’il faut la saisir pendant qu’elle passe, que tout peut (et va, désolé de péter ta balloune) basculer, que l’artiste tombera dans le puits sans fond de l’oubli, à moins que tu t’appelles Dodo ou Janette mais on va être franc, il ne leur reste pas ben ben de saisons télévisuelles devant.
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Entendu qu’il est rassurant d’avoir un salaire décent après des années de vache maigre (hors de question que je nomme qui que ce soit) alors que la peur de manquer d’argent guette tous ceux dont l’art est le seul talent. “Travaillez, bande de paresseux!”, fustigerait un Lulu claudiquant (pas celui de Lance et compte mais celui au membre de bois (la langue, bien sûr)).
Entendu que le milieu télévisuel est petit, que tous les artistes et artisans se connaissent, soupent ensemble, sortent ensemble, couchent ensemble et font même parfois tout ça dans la même soirée.
Entendu qu’il y a omertà (sans René Angélil, de grâce), que quiconque ose critiquer le système en place devient persona non grata, une personne non-gratinée dans le gratin artistique, et qu’elle est aussi bien de mettre la hache dans son téléphone immédiatement. Il n’y a plus de travail au numéro composé, buddy.
Conséquemment, je suggère:
– la création d’une carte boo-boo. Si tu te présentes une seconde fois à Tout le monde en parle, t’as pas le droit de faire de la télé pendant un an.
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– l’annihilation totale de tous les humoristes ou de quiconque s’est approché à plus de cent mètres de l’école nationale de l’humour (même si c’était juste pour prendre la 24).
– l’impossibilité aux couples artistes d’élever des enfants artistes. De plus, ces mêmes couples seront interdits de faire de la télévision ensemble, à moins d’avoir une ordonnance écrite du Docteur du pare-brise.
– l’interdiction de présenter une émission de chansons, de musique ou de danse, à part celui de Jean-Philippe Wauthier parce que heille, Jean-Philippe Wauthier dans un show de danse, ça va juste être drôle en tabarnane.
– de faire croire au Journal de Montréal que toute la communauté gaie artistique se touche dans un parc de Longueuil (et hop, on vient de vider la moitié du bottin de l’UDA).
Finalement laissez faire. Je ne serai pas celui qui condamne la Toute Puissance Hertzienne à grands coups de Père, Père, pourquoi m’as-tu abandonné? Que nenni! Je serai plutôt du genre à nourrir la bête. J’ai plusieurs trous dans mon agenda et je me vois très bien le remplir avec trois ou quatre de vos magnifiques émissions.
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Ce texte fait partie d’une série sur le monde de la télévision qui se poursuivra jusqu’au gala des Zapettes d’or de C’est juste de la TV, le 10 avril prochain. On vous invite à aller voter pour vos candidats préférés dans les six catégories des Zapettes, la période de vote se poursuit jusqu’au 24 mars!
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