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Les leçons de vie que j’ai apprises en trompant mon chum

Par
Lucie Piqueur
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Ma mère m’a toujours dit que la passion, ça ne faisait pas de bons mariages. J’ai gardé la leçon en tête pendant des années, alors que j’observai silencieusement des couples dévorés par la passion se déchirer dans d’atroces souffrances. Et puis évidemment, un jour, j’ai rencontré l’objet de ma passion.

Ça commence comme le film Trainwreck avec Amy Schumer.

Sauf que la vie, c’est pas comme au cinéma : “Si la fille est la seule qui vient pendant la relation sexuelle, il y a un problème. Sa relation avec son père lui a laissé un traumatisme, et seul un riche chirurgien pourra guérir son petit cœur et ses valeurs morales.”

T’en veux une, belle histoire d’amour? C’était la plus belle du monde. Mais ce que j’aimais le plus, c’était sa liberté. Il aimait réfléchir et tout remettre en question. On n’avait pas la grâce de Brad Pitt et Angelina Jolie, mais on s’admirait et se respectait profondément l’un l’autre.

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Un jour, il m’a dit — tout doucement parce que c’est très tabou — qu’il avait peu à peu réalisé qu’il m’aimait tellement qu’il ne voulait pas me dénaturer en me possédant et en me disant ce que j’avais le droit de faire ou pas. Il espérait que je ressentais la même chose. “Bien sûr! Mille fois oui!”

C’était beau comme une demande en mariage, sauf qu’en gros, ce qu’il disait, c’est qu’il voulait fourailler ailleurs.

C’est sûr que ça surprend au début. “Je lui suffis pas? C’est mon vagin qui est pas correct? C’est la société de consommation qui l’a eu?”

Mais j’ai réfléchi comme on aimait le faire. J’aimerais bien dire que j’ai été mature, mais en réalité, j’ai plutôt accepté pour être game.

Évidemment, je suis game, mais je suis pas folle. J’avais envie d’installer mes limites. Ma règle immuable, c’était qu’on devait se protéger avec les autres.

Après tout, j’essayais de bâtir un projet de vie cool, pas d’attraper des maladies exotiques.

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La seconde règle, c’était le respect. En même temps, à la base, s’il y avait bien une personne au monde avec qui je me sentais respectée, c’était lui. Finalement, j’ai aussi précisé que pour moi, il passerait toujours en premier, et que je ne souhaiterais pas rester avec lui si ça ne demeurait pas mutuel.

Sans faire exprès, j’avais pris la bonne décision. C’était exactement ce qu’il me fallait.

Pour moi, le sexe, ça n’a jamais été la grosse affaire. C’est chouette. J’adore ça pour de nombreuses raisons… mais j’adore aussi les voyages et le cinéma. Mettons que le sexe a moins un caractère sacré pour moi que pour d’autres. Tsé, le sexe dirige quand même le monde, crée des guerres, fait rouler le capitalisme! Ça me donne de vertige de penser au pouvoir que le monde donne à des coups de quéquette.

Par contre, le sexe avec quelqu’un qu’on aime et qu’on connaît comme le prolongement de son propre corps, là, je ne dis pas. Moi aussi, peut-être que je partirais une guerre pour ça.

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Je le sais : je n’ai pas de filtre. J’écris mon journal intime sur un site internet impudique. Le mieux dans une relation ouverte, c’est qu’on est forcé de s’appliquer à beaucoup communiquer, et de la bonne façon. On doit s’introspecter et essayer de rester en harmonie avec l’autre. On peut faire nos propres règles, être soudés dans notre monde à nous. On n’a plus aucune raison de se cacher quoi que ce soit. Et ça, pour une fille comme moi, c’est le pied.

J’adore aimer, mais j’ai toujours trouvé que l’institution du mariage était désuète. Ce n’est pas forcément mon but dans la vie. J’ai l’impression qu’on est rendus là. On est capable de réfléchir et de se créer le monde qui nous enrichit le plus avec ceux qui nous entourent.

Dans le code militaire américain, l’adultère est un crime passible non seulement d’un renvoi, mais aussi potentiellement de peines de prison (sauf si on viole ses collègues ou les femmes des ennemis, faut croire)?

Et les prêtres doivent être abstinents parce qu’en théorie, si tu dédies ta vie à Dieu, tu ne dois pas avoir d’autres tentations qui te détournent de ton amour pour Lui.

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Pour moi, ce sont deux arguments qui crient : “L’exclusivité, c’est magnifique, sauf quand elle t’agrippe par les cheveux.”

Être dans une relation ouverte, c’est aussi m’éviter certains drames.

Je suis anxieuse depuis toujours, mais je ne m’en suis rendu compte que sur le tard. C’est comme ça que j’ai réalisé que la jalousie, c’est uniquement de l’anxiété. Quand je m’autorise à la vivre et que je la rationalise en respirant par le ventre, je finis par la voir pour ce qu’elle est.

Et puis finalement, on n’a même pas tant été voir ailleurs parce qu’on était trop occupés à se manger la face de façon désagréable dans le métro. Que voulez-vous? On avait 22 ans. J’ai été jusqu’au 3e but une couple de fois avec d’autres personnes. Je me souviens qu’une de ces fois, c’était pour tenter de prouver à mon ami qui avait perdu toute confiance en lui qu’il était digne d’être aimé. Ça sonne “salope”, mais ça partait d’une bonne intention.

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On a donc bâti cette petite île rebelle qu’a été notre relation. Ça s’est fini. Ce n’était pas le bon timing. Mais je pense encore à nous parfois, avec un peu de nostalgie. On se faisait confiance et ça nous donnait confiance en nous. On s’aimait tellement, qu’on s’aimait plus que l’exclusivité.

On s’aimait comme on était : libres.

Depuis, j’ai été dans d’autres relations, ouvertes et fermées selon les partenaires. L’amour, c’est une aventure dont vous êtes le héros. C’est fait de compromis et de respect.

Mais à partir de là, c’est à vous de jouer.

***

Pour lire un autre texte sur l’adultère: À toi, homme infidèle.

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