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Les leçons de vie que j’ai apprises en couchant avec un gars qui a un petit pénis

Petit membre, mais gros complexe.

Par
Lucie Piqueur
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Cette année, j’ai eu 28 ans. Pour être honnête, côté sexuel, ça n’a pas été les 28 années les plus glorieuses de ma vie.

À un moment donné, j’ai eu une passe un peu carriériste, salope et loseuse. J’avais la chance d’être assez jolie pour ne pas être repoussante, mais pas assez jolie pour inspirer naturellement le respect. Enfin surtout, j’avais tellement peu confiance en moi qu’il suffisait que quelqu’un fasse une bonne blague pour que j’en tombe amoureuse.

C’est à cette époque que, durant une soirée un peu arrosée, j’ai appris au détour d’une conversation que mon bon chum S. avait un « très petit pénis ». J’ai spontanément rougi vraiment fort, parce que j’étais tellement amie avec S. que je n’avais même pas pensé qu’il en avait un, pénis. Mais cette révélation a soudain attiré mon attention.

Je pensais déjà à l’histoire que j’allais devoir inventer dans 50 ans pour raconter à mes petits enfants à quel point c’était romantique, le soir où j’étais tombée amoureuse de leur grand-père.

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J’en ai parlé à une autre amie présente. Ce à quoi elle m’a répondu :

« Il y a être désespérée, pis y a cruiser un gars parce que tu sais qu’il a une petite graine. »

Je ne discute pas avec les gens qui disent de telles choses. C’est trop stupide, trop brutal et trop vrai. Je l’ai ignorée, et je suis partie faire ce que je fais de moins bien : séduire.

De fil en (petite) aiguille

Malheureusement, je suis la pire personne au monde. Je suis disgracieuse et malchanceuse à l’extrême. LE jour où j’ai assez de couilles pour aller tenter ma chance avec un gars qui me plaît vraiment, je bois trop et fais un romi (c’est comme ça que j’appelle l’équivalent oral d’un pet sauce). C’était vraiment pas grand-chose, mais assez pour remettre à plus tard mon opération séduction.

(Je me suis dit que — quitte à objectiver mon ami de longue date dans un article — je devais m’humilier un peu aussi en racontant mes faux pas gastriques, c’est plus gentil.)

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Les circonstances ont fait que ça n’a pas pris de temps avant que je le revoie. C’est con, mais le fait que je « sache » d’avance comment son membre était me faisait sentir invincible. Je n’ai pas traîné pour lui dire que quelque chose avait changé et que je ressentais une attirance nouvelle pour lui. J’ai eu la chance immense qu’il partage le même sentiment pour moi.

Je vous passe les détails cute pour arriver à la partie intéressante. On a fourré. Son membre, c’était le genre de zigounette tellement cute que t’aimerais la rajouter dans ta maison de Barbies pour qu’elles jouent au ballon-poire. S., lui, était tétanisé par le stress. C’était vraiment comme coucher avec une roche.

Appelons un chat, un chat

Après plusieurs essais infructueux, je lui en ai parlé. En fait, je suis aussi vraiment mauvaise pour parler des vraies affaires, alors j’ai juste attendu qu’on soit sur le bord de s’endormir, un soir, au milieu d’un silence, pour lui demander :

« Trouves-tu que j’ai un grand vagin? »

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Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il l’a pris personnel. C’est ben tabou un ti-boutte.

Évidemment que c’est pas si important, et que je suis donc ben une torche de parler de ça, et que « on pourrait-tu laisser un peu de magie à l’univers, de temps en temps, pour l’amour de Dieu? »

J’essayais de lui dire que je trouvais la taille de son pénis parfaite, mais ce qui est sorti, c’est : « J’adore tous les pénis de l’univers » et ça a vraiment sonné comme si j’étais une fille de peu de vertu. Ça a clos la conversation et la relation.

Pourtant, à la quantité de Kegels que j’avais fait pour lui pendant des mois : c’était clair que je l’aimais.

Petit épilogue

C’était il y a un an. Je m’en suis voulue pendant longtemps, en pensant que je l’avais laissé tomber au lieu de l’aider. Je me disais que j’aurais dû insister pour qu’il essaie de passer à travers son complexe. Mais j’étais vexée qu’il soit trop obsédé par sa saucisse cocktail pour s’intéresser un tout petit peu à mes désirs. Pourtant, en ce qui a trait au sexe, moi, la seule chose que je demande au bon Dieu, c’est que l’autre personne fasse beaucoup de bruit pour montrer qu’elle aime ça, et qu’elle me frenche le barbu de temps en temps.

Pour être honnête, je trouvais que son complexe était un peu bébé.

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Mais en faisant des recherches, j’ai appris que la taille du pénis avait été un motif de suicide pour quelques hommes. C’est certainement quelque chose qu’on ne peut savoir que si on est un homme. Moi, j’ai déjà entendu des gars mentionner le terme « plateau de viandes froides » en parlant de filles qu’ils fréquentaient, mais j’ai la chienne de savoir si ma vulve est normale ou pas, alors je n’ai jamais demandé. J’ai 99 complexes, mais ma plotte n’en est pas un. (encore)

En fait, si j’écris ce texte, c’est parce que j’ai revu S. récemment. Il m’a invitée à boire un café pour enterrer la hache de guerre, puisqu’on ne s’était jamais reparlé depuis la fin de notre idylle. À ma grande surprise, il m’a remerciée. Il a dit qu’il avait vécu notre dispute comme un tournant essentiel dans sa vie, comme le moment où il avait réalisé qu’être confronté à sa plus grande peur (qu’on le critique sur ses compétences au lit) ne l’avait pas tué. Il avait une blonde et était heureux comme jamais.

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C’est cool, S. Merci. Moi, je suis seule comme un cul, j’ai perdu un ami et un mari potentiel à cause d’un petit pénis, mais CONTENTE DE T’AVOIR SERVI À QUELQUE CHOSE.