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Les Filles Fattoush font rayonner la cuisine syrienne au marché Jean-Talon

Les Filles Fattoush font rayonner la cuisine syrienne au marché Jean-Talon

Une bouée de sauvetage pour des femmes qui se reconstruisent grâce à la cuisine.

Par
Ivy Lerner-Franck
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Depuis huit ans, Les Filles Fattoush font découvrir aux Montréalais les saveurs de la cuisine syrienne. Et tout a commencé en 2017 par une simple question : « Connaissez-vous des femmes qui aimeraient travailler? »

C’est ainsi qu’est née cette entreprise d’économie sociale dirigée par des femmes, devenue un incontournable du paysage culinaire montréalais.

« Quand on parle de réfugiés, ce sont des gens qui ont dû partir. Ce n’est pas comme un immigrant qui choisit de changer de pays », explique Adelle Tarzibachi, l’une des cofondatrices des Filles Fattoush.

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Que des avantages

En décembre 2015, des réfugiés syriens arrivent au Canada suite aux efforts du gouvernement pour offrir un refuge à ceux qui fuyaient la guerre civile. Deux Montréalaises – l’immigrante et femme d’affaires syrienne Adelle Tarzibachi et la documentariste Josette Gauthier – comprennent à quel point il peut être bouleversant d’être déraciné : l’incertitude que l’on ressent en arrivant dans un pays avec peu, voire aucun repère, et le besoin de trouver un emploi où s’épanouir.

Elles ont alors l’idée de créer une entreprise d’économie sociale qui profiterait à tous en offrant du travail aux femmes en quête d’emploi et en permettant à la communauté de faire la rencontre de ces nouvelles Canadiennes à travers la cuisine.

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Et quel voyage ce fut pour les femmes qui sont éventuellement devenues Les Filles Fattoush. Le nom de l’entreprise, emprunté à la salade acidulée et croquante qui compte parmi ses produits phares, illustre bien son identité. La cuisine n’était peut-être pas leur métier de rêve, c’était malgré tout un emploi dans un autre pays. Certaines de ces femmes n’avaient jamais travaillé à l’extérieur de la maison, tandis que d’autres étaient des professionnelles dans leur domaine. Huit ans plus tard, plusieurs sont restées au sein de l’organisation comme cheffes d’équipe, alors que d’autres ont poursuivi des études ou intégré leur secteur de prédilection.

« C’est ce que nous mangeons chez nous – nos propres recettes syriennes et authentiques, sans modifications, explique Tarzibachi. Nous voulons que les gens puissent savourer un vrai shish-taouk à la maison grâce à nos épices de qualité, fraîchement moulues dans notre cuisine. »

Enfin, une boutique

En plus de leur boutique en ligne, Les Filles Fattoush ont ouvert, il y a deux ans, un kiosque saisonnier au marché Jean-Talon. Ouvert de mai à octobre, le stand propose de petits repas à déguster sur les tables à pique-nique installées dans le marché ou à la maison. On y trouve des rouleaux de fromage kibbeh, des falafels, des salades et des trempettes, dont le fameux fattoush, le muhammara aux noix et poivrons rouges, du houmous, et, pour les dents sucrées, du bouza, une crème glacée syrienne traditionnelle.

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« Ce sont deux lieux et deux expériences distinctes », déclare Cynthia Chackal, gérante et cofondatrice de la boutique en ligne et du kiosque.

« Nous avions depuis longtemps l’idée de nous installer au marché Jean-Talon. Nous étions les premières dans l’allée des restaurants », ajoute-t-elle.

La nouvelle boutique permanente, située dans la Place du Marché du Nord, à l’extrémité sud du bâtiment principal du marché Jean-Talon, dispose de deux vitrines réfrigérées remplies de plats et de trempettes préparés. Tout au long des murs, des étagères présentent les mélanges d’épices de la marque Les Filles et des vinaigrettes maison, ainsi qu’une impressionnante gamme de confitures, d’épices, de céréales, d’olives grillées, de savons fabriqués en Syrie et de friandises comme des baklavas et du loukoum.

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Une fois que tout sera installé, la boutique proposera également du café turc et des pitas chauds à déguster sur de petites tables disposées à l’intérieur et sur une petite terrasse.

Un impact positif

Suite à l’ouverture de la boutique, Les Filles Fattoush ont-elles atteint leurs objectifs?

« En un an, l’entreprise a vu son chiffre d’affaires augmenter de 30 % », affirme Chackal.

Les Filles Fattoush disposent désormais d’un atelier de production, d’une boutique en ligne, de deux livres de recettes, en plus de distribuer leurs produits via des succursales IGA, des magasins spécialisés et les fermes Lufa.

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Elles continuent d’innover avec de nouveaux produits importés directement de Syrie, comme leur propre marque de mélasse à la grenade et de sumac. Leur baklava, offert dans de magnifiques boîtes idéales pour offrir en cadeau, est fabriqué selon leurs spécifications en Syrie par un pâtissier qui cumule cinquante ans d’expérience.

Tarzibachi est très fière de ce qu’elle a accompli.

« Pour ces femmes qui travaillent, être financièrement indépendantes et avoir une place en société signifie beaucoup », explique Tarzibachi. « Les enfants se sont bien intégrés, et certains ont commencé l’université. »

Et, tout comme Les Filles Fattoush ont pu s’installer dans leur propre boutique permanente, deux femmes de l’équipe sont parvenues à s’acheter une maison dans leur pays d’accueil.

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