Logo

Les étudiants et la grève

Par
Pascal Henrard
Publicité

Mettons tout de suite les choses au clair. J’ai déjà été étudiant. Pas longtemps. Mais suffisamment pour apprendre deux ou trois choses qui m’ont été utiles plus tard comme par exemple pour écrire cette chronique sans fautes.

Aurélie, ma collègue du vendredi, a commis, comme c’est souvent le cas sur cette tribune, un excellent billet sur la fébrilité qui anime par les temps qui courent les associations étudiantes.

Il faut dire que, périodiquement, les étudiants aiment monter aux barricades pour un oui ou pour un non. C’est normal, la révolte est de leur âge. Moi-même, je me révolte de temps en temps pour garder la forme.

Il est légitime de vouloir que les études soient accessibles à tous, surtout à ceux qui vont les suivre avec assiduité. Mais un moment donné, tsé, faut aussi comprendre que tu peux pas toujours tout avoir gratis. Et ne me dites pas que je schématise ou que je caricature, c’est fait pour.

Je rencontre de temps en temps des étudiants pour leur parler de ce que je fais dans la vie (écrire). Et la question qui revient le plus souvent, avant la passion du métier, avant le plaisir du travail bien fait, avant l’amour d’une activité passionnante, avant la satisfaction de faire œuvre utile et l’exaltation de partager des idées, c’est, et je paraphrase à peine, «C’tu payant?»…

Vous avez remarqué le tutoiement?

Publicité

J’ai parfois l’impression que les «jeunes» sont, comme les retraités, plus près de leurs sous que de leurs passions.

Les idéaux, si on se réfère aux standards télévisuels suivis en grands nombres par la tranche d’âge des 18-24 qui correspond à peu de chose près quand on n’a pas redoublé à celle qui peuple les amphithéâtres universitaires, les idéaux, disais-je donc, n’ont pas la cote, pas autant que la quête d’une maison proche de tous les commerces, le magasinage d’une auto de l’année ou la chasse aux rapprochements.

Et c’est normal. C’est la vie rêvée qu’on leur sert comme modèle.

Des fois, je m’ennuie des grands mouvements étudiants qui voulaient changer le monde, des manifestations spontanées qui trouvaient la plage sous les pavés, des jeunes qui bousculaient les traditions pour réinventer la société, des révoltés qui ne rentraient pas dans les rangs au premier sursaut de l’hiver, des grévistes qui enrayaient les rouages de la civilisation pour créer une nouvelle modernité, des penseurs échevelés qui rêvaient d’utopies.

Où sont-ils quand aujourd’hui on a besoin d’eux?

Publicité

Note : Avant que vous n’envahissiez cette tribune pour dire que vous, vous n’êtes pas comme ça, sachez que l’utilisation ici du terme « jeune » ne concerne pas tous les jeunes et que si je fais des généralités, c’est pour mieux vous inviter à réagir.

La vidéo du jour sonne l’heure de la récré. Profitez-en !