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Zombies ou loup-garous, la mythologie haïtienne est remplie de créatures mystiques. Les figures diaboliques attaquent la nuit, par exemple, ce qui force plusieurs à craindre d’y marcher seul. Par chance pour moi, les étrangers en sont immunisés. Les diables ne mangent pas les Blancs, dit-on.
Pendant l’occupation américaine de 1915 à 1934, la littérature anglo-saxonne sur la figure du zombie en Haïti visait surtout à faire passer le vodou pour une religion démoniaque.
Inspiré de l’un de ces ouvrages, le film muet White Zombie sorti sur les écrans en 1932 est considéré comme le premier film de zombie.
Le mot créole « zonbi » désigne un mort-vivant, sans âme. Le vrai zombie haïtien ne mange pas la chair et n’attaque personne. Il est mentalement absent et erre dans les différents quartiers et villages d’Haïti.
Un sort a été jeté sur un ami à Port-au-Prince en décembre. Le processus de zombification avait déjà commencé : il était amorphe, il ne faisait plus rien. Il a trouvé un spécialiste qu’il a dû payer pour le faire retirer. Mon ami est pourtant un fervent protestant. Mais le vodou, ce n’est pas qu’une histoire de religion en Haïti.
Des scientifiques ont tenté d’associer la condition de zombie à la prise de psychotropes ou de poisons. Généralement, la croyance populaire haïtienne voudrait plutôt que ce soit un sort lancé par une personne malveillante.
Le vodou est avant tout positif, voire empli de sagesse. Il y a des cérémonies dans tous les coins du pays, autant qu’il y a de messes chrétiennes. Elles sont d’ailleurs souvent magnifiques et valent le déplacement si vous êtes en Haïti.
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Beaucoup plus rare, certains l’utiliseraient plutôt pour faire du mal. Les histoires de transformation forcée, d’empoisonnement ou de zombification se font entendre tout de même de temps en temps.
La semaine dernière, dans le sud-est, des gens ont commencé à disparaitre près de Pérédo, une ville connue pour son grand marché bi-hebdomadaire à 25 km de Jacmel. La police a dû intervenir après la quatrième disparition. Des meurtriers auraient retiré les cœurs de leurs victimes dans l’espoir de générer des chiffres gagnants à la loterie par un tour de magie noire. La police cherche maintenant les auteurs de ces crimes odieux et deux d’entre-eux seraient déjà sous les barreaux.
Cette histoire n’est pas commune et est plutôt une preuve de folie.
Mais la croyance dans les pouvoirs des forces obscures est bien réelle, qu’on soit pratiquant vodou ou chrétien.
Dans un bus, une femme protestante me racontait il y a quelques semaines qu’elle croyait seulement dans la bible, puisque le vodou était diabolique et changeait les gens en cochon ou en boeuf. Un phénomène qu’on dit assez courant.
Lors d’une visite avec des journalistes québécois, le rédacteur en chef d’une radio communautaire nous racontait qu’il y avait plusieurs histoires de gens transformés en cochon ces temps-ci à Cité-Soleil. Le rédacteur en chef n’y croyait peut-être pas, lui non plus, mais les préoccupations de certaines personnes étaient bien réelles.
Dans le marché bovin de Camp-Perrin, dans le sud du pays, on ne prend d’ailleurs pas de chance. Un policier vérifie chaque bête pour être certain qu’un humain transformé ne soit pas amené à l’abattage par mégarde.
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Twitter: etiennecp
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