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Les dessous de la Québécoise

Par
Simon Beaudry
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L’histoire de la femme québécoise en est une d’émancipation. Voilà d’ailleurs un constat que l’on peut illustrer éloquemment en suivant l’évolution de la femme d’ici à travers ses dessous… C’est l’instructif voyage dans le temps que l’on vous propose. En fait, on se cherchait surtout un prétexte pour montrer des photos de petites culottes…

XV – XVIe siècle

ceinture de chasteté
En 1608, la ville de Québec n’est qu’un comptoir marchand sans femmes. Le premier mariage devra attendre 1621. Certaines des filles engendrées par cette union se marieront à leur tour dès l’âge de 11 ans. C’est qu’en Nouvelle-France, la pénurie de femmes rend fréquent ce genre d’union. En 1641, Jeanne Mance arrive à Québec et participe à la fondation de Montréal. Plusieurs affirment même qu’elle aurait été plus importante pour Montréal que son fondateur, Chomedey de Maisonneuve?! En 1642, elle sera la première infirmière laïque en Amérique du Nord.

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L’arrivée des Filles du Roy peut être considérée comme notre première politique familiale.

De 1663 à 1673, plus de 800 filles débarquent en Nouvelle-France pour prendre mari et pays.

En 1791, l’Acte constitutionnel permet aux propriétaires de voter sans égard au sexe. En 1808, Marie-Élizabeth Grant est la première femme à faire campagne électorale. En 1825, le recensement fait état qu’une Montréalaise sur cinq occupe un emploi outre ses tâches domestiques. 27 % de la main-d’œuvre est féminine, 40 % est enseignante… et 6 % des femmes sont des prostituées. En 1837-1838, pendant la Rébellion du mouvement patriote, les femmes sont actives, mais resteront en périphérie de l’action. Elles vivront des années d’angoisse, de deuil, de dévastation, de pauvreté, de misère et de rupture familiale. Pendant cette période trouble, on enregistre le plus bas taux de nuptialité et de natalité au Québec depuis 1711.

FIN 1800

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En 1849, le droit de vote est retiré aux femmes propriétaires.

1866 — Le nouveau Code civil confirme la « déchéance des femmes ». Celles-ci doivent officiellement obéissance à leur mari et doivent prendre sa nationalité. Elles ne peuvent se défendre seules devant la justice, ni recevoir un héritage, ni avoir droit à un salaire et ne peuvent exercer une autre fonction que celle de leur mari.

1882 — Une loi permet à l’homme d’épouser la sœur de sa défunte épouse, mais la femme, non.

1888 — L’université McGill est la première à permettre aux femmes d’y étudier.

1893 — Fondation de la première association féministe au Québec : la Montreal Local Council of Women.

1893 — Joséphine Marchand-Dandurand fonde la première revue féminine du Québec, Le coin du feu. Elle écrit dans le premier numéro : « Enfin, comme son mari qui a son club, sa pipe, sa gazette, Madame aura aussi son journal à elle, qui ne s’occupera que d’elle. » 1902 — Robertine Barry, une des premières journalistes québécoises, fonde le Journal de Françoise. En 1895, elle écrivait déjà : « Je rêve que les générations futures voient, un jour dans ce XXe siècle, des chaires universitaires occupées par des femmes. »

1920

bandeau de coton et culotte longue

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Les femmes s’organisent. En 1907, fondation de la Fédération national Saint-Jean-Baptiste, première organisation féministe francophone catholique. La Fédération ouvrira la voie à la libération des femmes sur le plan politique, juridique et national.

1908 — Fondation de l’hôpital Sainte-Justine.

1913 — Le journal La Bonne Parole est créé. Il a pour but de faire jouer pleinement le rôle patriotique des femmes québécoises. 1915 — Fondation du Cercle des fermières pour contrer l’exode rural. 1918 — Les femmes ont droit de vote au fédéral.

1919 — Le gouvernement du Québec adopte la Loi du salaire minimum pour les femmes. Il sera de 12,20 $ par semaine.

1930

soutien-gorge long (bullet) et culotte


1926 — Thérèse Casgrain fonde la Ligue de la jeunesse féminine.

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1929 — À Londres, le mot « personne » est décrété comme désignant les deux sexes.

1931 — Le Code civil est amendé pour permettre aux femmes mariées d’avoir pleine autorité sur leur salaire.

1938 — Françoise Gaudet fonde la revue Paysana, qui s’adresse aux femmes rurales. 1938 — Des femmes participent pour la première fois de l’histoire québécoise à un congrès politique, celui du Parti libéral.

1950

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1940 — Les Québécoises obtiennent enfin le droit de vote et, l’année d’ensuite, elles ont droit à la pratique juridique au Québec.

1961 — Claire Kirkland-Casgrain est la première femme élue à l’Assemblée nationale (Parti libéral). Elle sera aussi la première femme à occuper une fonction ministérielle.

1966 — Fondation de la Fédération des femmes du Québec, non confessionnelle et multiethnique.

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1969 — Le Front de libération des femmes du Québec (FLF) lance le second souffle du féminisme québécois : « Sommes-nous premièrement femmes ou premièrement Québécoises? » Cette même année, le Parlement du Canada décriminalise la contraception.

1970 — La commission Baird sur la situation de la femme canadienne demande l’égalité entre les hommes et les femmes, et ce, dans tous les domaines.

ACTUEL

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1975 — Les Nations Unies déclarent l’année internationale des femmes. Au Québec, l’adoption de la Charte des droits et libertés interdit pour la première fois toute discrimination fondée sur le sexe.

1976 — Le Parti québécois prend le pouvoir et réussit à faire élire quatre femmes.

1978 — Adoption par l’Assemblée nationale d’un congé de maternité payé de dix-huit semaines.

1980 — L’égalité juridique des conjoints au sein du mariage est reconnue. Cette même année, pendant le référendum sur la souveraineté, Lise Payette déclenche malgré elle le mouvement des « Yvettes ». La ministre d’État à la Condition féminine traite l’épouse de Claude Ryan d’« Yvette », nom donné au modèle de jeune fille soumise dans les manuels scolaires. En guise de riposte, 14 000 femmes
attachées aux valeurs traditionnelles et au fédéralisme se rassemblent au Forum de Montréal.

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1989 — L’affaire Chantal Daigle contre Jean-Guy Tremblay fait rendre un jugement de la Cour suprême stipulant qu’un homme ne peut s’opposer à la décision d’avortement d’une femme. Cette même année, Marc Lépine entre à l’École polytechnique de Montréal et abat quatorze femmes.

1991 — L’avortement est traité comme un acte médical et sous compétence provinciale.

1996 — Une loi est votée pour l’équité salariale.

1997 — Le Parti québécois est réélu ; 29 femmes se font élire, 9 seront ministres. Le tiers du gouvernement.

1999 — Julie Payette, la première astronaute québécoise, s’envole dans l’espace.

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Le XXIe siècle s’ouvre sur des perspectives féminines qui ne ralentissent pas. Cégeps et universités du Québéc regorgent de jeunes femmes, aux côtés de jeunes hommes qui ont l’air d’avoir cédé le terrain. Le premier parti politique à mettre l’égalité hommes-femmes comme fondement, Québec Solidaire, voit le jour. Pauline Marois débarque et risque fort de devenir chef d’un parti politique… et peut-être un jour première Première ministre du Québec.

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Ce texte est issu du numéro 16 spécial Filles |été 2007