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« Est-ce que ça répond à ta question? » me lance une femme entre deux hommes qui la tripotent. Mon cerveau fonctionne au ralenti… Comme les six autres personnes dans cette pièce, je suis saoul et il est difficile de me concentrer. Mes notes sont illisibles. Les corps qui s’animent devant moi captent toute mon attention. Ça sent le sexe…
Est-ce que ça répond à ma question? Quelle question ? Ah oui! Comment ça commence une orgie ! J’ai proposé à Urbania d’y répondre et d’explorer un univers peu connu, voire secret de la sexualité : la partouze. Car le sexe c’est bien, mais à plusieurs c’est mieux.
Trouver une orgie et des gens pour en parler, c’est plus difficile que ça peut paraître. Lire les petites annonces des journaux, passer quelques coups de fil et visiter des clubs échangistes ne semblent pas porter fruit. En désespoir de cause, je me suis tourné vers le Web. Surfer le Web me permet de trouver beaucoup d’information ainsi que de visionner quel ques vidéos afin d’étoffer ma recherche. Après quelques heures d’étoffement, je tombe sur le site JouerAvecLeFantasme.com. On y trouve des couples à la recherche de partenaires pour de folles soirées.
Je place une annonce : «jeune journaliste cherche orgie pour reportage, ou plus si affinités». Quelques messages envoyés et quelques réponses plus tard, j’entre en contact avec Sylvie et Pierre, un couple dans la trentaine qui organise deux fois par mois des soirées coquines. Ils m’expliquent qu’ils ont débuté par l’échangisme, mais que la pluralité des partenaires dans une orgie offre la possibilité d’assouvir plusieurs fantasmes.
Le couple et moi discutons sur msn à quelques reprises. On jase de tout et de rien: échangisme, érection, élection, orgie, hockey, gangbang, sodomie et autres prédilections luxurieuses. Ils m’envoient des photos et demandent à voir les miennes. La confiance s’installe. Il ne reste plus qu’on m’invite à une de leur soirée. Finalement, l’invitation est venue par courriel un mardi soir. On m’y annonce que trois couples se rencontrent et me permettent d’assister à l’événement. Wouhou ! Enfin, je vais voir une orgie live, une partouze, une partie de jambes en l’air.
Qu’est-ce qu’on porte pour aller dans une orgie?
U N E S O I R É E D ’ E N F E R
Montréal, un samedi soir d’hiver à la maison de Pierre et Sylvie; je sonne à la porte. Pierre m’accueille et me propose de «pénétrer»… question de me mettre mal à l’aise sans doute. Tout le monde se trouve dans la cuisine, apéros en mains. Ils sont dans la trentaine et de belle apparence, ce qui apaise mes craintes. Par contre, la diversité m’étonne: un avocat, un entrepreneur, une infirmière, un acteur (non, il n’est pas connu) et une fonctionnaire. Des gens avec très peu de choses en commun… à part le sexe.
Au repas, on m’installe au bout de la table; trois hommes à ma gauche, trois femmes à ma droite. De quoi me sentir comme Janette Bertrand, le facelift en moins. Les discussions sont les mêmes que nous avons tous entre amis un samedi soir. Les hommes parlent de sport, les femmes de potins holly woodiens. Le vin coule à flots. Une question me brûle les lèvres. Je demande à une brunette qui me fait de l’oeil depuis mon arrivée quelles sont les règles d’une orgie. Selon elle, ça varie selon le groupe : «pour nous, il y en a trois; tout le monde respecte les préférences des autres, tout le monde se protège et personne n’en parle publiquement». Sylvie, pour sa part, me demande si je vais prendre part aux festivités. Timidement, je prends le couvert de mon intégrité journalistique pour repousser l’invitation.
Six ou sept bouteilles de vin plus tard, on passe au salon.
Un verre à la main, deux femmes dansent lascivement sur une musique de Madonna. Mon but ultime serait-il atteint ? Deux femmes qui se frottent, est-ce un début d’orgie ? Sylvie, assise entre son conjoint et un autre homme, flatte la cuisse de ce dernier. Tout se passe ensuite très rapidement. Les danseuses s’embrassent. Sylvie masturbe maintenant les deux mâles, bientôt prêts à la servir. L’autre trio retire un matelas gonflable caché sous un sofa. Ils s’installent tous les trois et retirent leurs vêtements. «Ça répond à ta question?» me lance Sylvie.
Mon délire éthylique me rend confus et m’empêche de répondre. Le gars qui profite d’une fellation des deux femmes me demande si je veux me joindre à eux. Encore une fois, je défends mon intégrité journalistique.
L’effervescence est à son comble. Les couples, les trios ou les quatuors prennent des positions dignes du Cirque du Soleil. J’observe la scène comme un explorateur en territoire inconnu. Je remarque que la bisexualité féminine et l’hétérosexualité masculine semblent de mise. C’est alors que mon oeil se pose sur un couple en retrait. La femelle enfourche un mâle en me jettant un regard intense. Pierre s’approche et se positionne derrière elle. La suite logique me perturbe. Je tente de tourner mon attention ailleurs mais c’est impossible. Je suis comme un chevreuil pris en pleine nuit dans les phares d’une voiture sur une route de campagne. Vlan! La libertine se prend deux
queues ! Elle me regarde toujours. Tout ce que je trouve à dire c’est : «ayoye !».
Après quelques échanges, les trois hommes se retrouvent en position post-coïtale, nus sur le sofa, le temps de reprendre des forces. Pour s’exciter, ils regardent les trois femmes au milieu de la pièce s’enlacer, se caresser et se faire l’amour. Une scène plutôt bandante, même pour un rédacteur qui commence à y prendre goût. Disons qu’une orgie entre amis bat à plates coutures un match de Scategories ou Fais-moi un dessin.
Plusieurs heures et plusieurs orgasmes plus tard, les orgiaques enfilent leurs sous-vêtements. Tous ont pris leur pied.
Ils s’embrassent. Ils se souhaitent bonne nuit et s’en dorment sur un matelas gonflable. Finalement, je me dis qu’une orgie, ça commence avec le respect, le désir, la sensualité…et beau coup d’alcool. Quant à moi, je rentre à la maison à quatre heures du matin… en prenant à deux mains mon intégrité journalistique.