.jpg)
Pour qui tu vas voter? La campagne n’est même pas officiellement entamée que la question commence déjà à se poser dans les partys de famille. Moi, c’est décidé, je vais voter pour le parti le plus pauvre. Pour plusieurs raisons.
Premièrement parce que j’ai appris que le parti libéral était le plus riche, mais ça n’est pas que ça. La plus grande qualité d’un gestionnaire, à mon avis, est sa créativité, c’est-à-dire sa capacité à accomplir de grandes choses avec peu, en trouvant des façons originales de combler ses lacunes financières. Innée chez certains, cette qualité s’acquiert en travaillant dans le milieu communautaire ou pour un magazine pauvre. Vous verriez une mère de neuf enfants remplir des boîtes à lunch et vous comprendriez exactement ce que je veux dire. Pour moi, il ne fait aucun doute que si vous arrivez à attirer mon attention avec moins du quart des dépenses électorales encourues par les libéraux, vous saurez faire des miracles en santé et en éducation.
De toute façon, qui a dit qu’il fallait absolument des pancartes en coroplast et trois spots télé à l’heure pour gagner des votes? Probablement Luc Lavoie. Parce qu’une pancarte avec une photo et un slogan de deux trois mots dessus, c’est quoi? C’est pour les gens qui n’ont pas le temps de lire les journaux? Quant aux spots télé, dites-vous que si un parti est prêt à payer 500 000$ en publicité télé, il ne se gênera pas pour débloquer un petit 200 000$ à même vos impôts en propagande de toute sorte lorsqu’il sera au pouvoir.
Être plus pauvre, ça veut aussi dire que vous passez moins de temps dans les soupers spaghetti à 1000$ l’assiette et plus de temps à rencontrer les gens, à marcher dans la rue pour défendre la démocratie et la liberté d’expression, à penser aux politiques sociales. Ça veut dire que vous avez plus d’amis comme vous et moi (qui ont mieux à faire avec leur argent que de le dépenser en spaghetti), et moins d’amis contracteurs généraux, avocats, issus de l’industrie pharmaceutique ou possédant un chalet à Sagard. Pas qu’il s’agisse de mauvaises personnes, mais on s’entend qu’un nombre limité d’individus entrent dans un yacht, aussi gros soit-il.
Un parti les poches pleines, c’est un parti qui passe beaucoup trop de temps sur soi, et trop peu sur le bien commun. Ça me fait exactement le même effet qu’un mur d’eau dans un cabinet de dentiste : ça me donne l’impression de payer pour le décor, et non pour les compétences. Une personne qui valorise autant l’argent ne risque d’être comblée par son poste en politique qu’à la condition d’obtenir des enveloppes brunes, parce que c’est pas avec un petit salaire de premier ministre qu’on s’achète une Bentley. Ok, mettons deux ou trois Bentley.
Compter sur sa caisse pour remporter les élections, ça signifie aussi que selon vous, il est impossible de gagner sans argent. C’est dire la valeur que vous accordez aux idées et le respect que vous réservez à l’intelligence des électeurs. En 2012, ce n’est plus vrai qu’il faut de l’argent pour faire connaître ses idées : meme generator, c’est gratuit. Et pour attirer l’attention des médias traditionnels, un simple Tweet de travers fera l’affaire, François Legault l’a bien compris. Mais je ne voterai pas pour un parti qui croit que la créativité commence là où les finances de ses candidats s’arrêtent.
L’argent, en campagne électorale, ça sert en grande partie à déplacer le chef dans l’autobus électoral ou en avion dans les régions éloignées. Un parti qui ignore l’existence de Skype et l’impact de ses émissions de gaz à effets de serre n’obtiendra certainement pas mon vote.
Par ailleurs, je regardais ça et je me disais que c’est vraiment pas parce que t’as de l’argent que t’as des bonnes idées.
Bon, j’ai dit que je voterais pour le parti le plus pauvre, mais je ne voterai quand même pas pour les communistes ou pour le parti de François «Yo» Gourd (même s’il s’agit d’un expert de la créativité). Je veux quand même voter pour quelqu’un qui espère réellement gagner. En fait, je voterai pour le parti qui aura fait le meilleur usage de ses moyens. Je pense que si les étudiants étaient un parti, je voterais pour eux. À bon entendeur…