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Les coulisses de la vie d’influenceur.euse : les confessions de Pascale de Blois, de Mèmes fruiter et de Zoé Duval

Jusqu’où iriez-vous pour obtenir des likes?

Par
Baptiste Dupont
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URBANIA et l’Office national du film (ONF) font front commun pour vous faire découvrir le documentaire électrisant Célèbre à tout prix, qui explore le monde des influenceur.euse.s sur Internet et démontre que malgré leur vaste succès, certain.e.s n’arrivent pas à gagner leur vie, même avec des centaines de milliers d’abonné.e.s.

Une influenceuse qui lèche un siège de toilette au début de l’épidémie de COVID-19. Un influenceur qui teste son seuil de tolérance à la douleur au moyen de cascades de plus en plus extrêmes dignes de Jackass. Les célébrités issues des réseaux sociaux ne reculent désormais devant rien pour accumuler des likes.

La diffusion de ces « prouesses » sur les réseaux sociaux force ce constat : la performance à laquelle il faut s’astreindre pour obtenir un maximum d’engagement est un véritable cercle vicieux, puisqu’il faut sans cesse se surpasser, et surpasser les autres. Pour comprendre le phénomène, URBANIA s’est entretenue avec trois influenceur.euse.s québécois.es afin d’en savoir plus sur les moyens qu’ils prennent pour devenir devenir célèbres – et pour vivre avec cette célébrité.

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Influenceuse : Pascale de Blois

Nombre d’abonnés : 550 000

Connue pour : sa coanimation du balado Un potin avec ça?, son rôle au cinéma dans Le purgatoire des intimes

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Selon Pascale de Blois, nouvelle étoile de l’humour sur TikTok propulsée pendant la pandémie, il faut travailler vraiment fort pour avoir des résultats le moindrement intéressants. Et bien souvent, tout ce travail (parfois plusieurs heures de réalisation pour une courte vidéo de 30 secondes) est exécuté sans aucune rémunération.

« On est payés en visibilité et non en argent. On est forcés de mettre notre pied à terre pour que notre travail soit reconnu », affirme Pascale.

C’est pourquoi elle avoue ne pas avoir d’autres choix que de s’associer avec des marques, ce qu’elle n’a pas toujours envie de faire, de peur de perdre son public et son authenticité. « Les gens doivent comprendre que je dois gagner ma vie. Je fais des vidéos et du contenu gratuit chaque jour, alors il faut bien que mon temps soit rémunéré d’une certaine façon », explique-t-elle.

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La jeune tiktokeuse insiste tout de même sur sa vulnérabilité, qu’elle cherche à mettre de l’avant grâce à des témoignages francs, sans détours. « Quand j’ai commencé à faire des vidéos, à 15-16 ans, j’étais en rémission d’anorexie et je n’étais vraiment pas bien avec moi-même. Je n’étais pas maquillée, j’étais dégueulasse, et, étonnamment, tout le monde m’a dit “on adore ça, c’est authentique” », raconte-t-elle.

Pour Pascale, cette commercialisation de son quotidien s’avère l’un des aspects les difficiles avec lesquels travailler en tant que créatrice de contenu. « Je suis vraiment prudente : j’essaie de ne m’associer qu’avec des causes auxquelles je crois, comme Leucan. Je m’assure aussi de ne pas vendre de patentes à gosses aux gens qui me suivent », affirme-t-elle.

Influenceur : Vincent Houde, alias Mèmes fruiter

Nombre d’abonnés : 270 000

Connu pour : sa parodie du générique des Frères Scott (« Les gens qui parlent en français, ils ont tellement de charisme »)

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Une publication partagée par FRUITER (@memesfruiter)

Mèmes fruiter est sans doute la page de mèmes la plus connue au Québec, ce qui amène bien souvent son principal créateur et fondateur, Vincent Houde, à vivre de grandes introspections sur le succès et l’intégrité dans la création. « Les gens qui deviennent des vedettes super rapidement voient leur ego grossir et ils se transforment en personnes qu’ils auraient détestées autrement ».

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Et ce constat, Vincent, aujourd’hui âgé de 27 ans, l’a fait à la dure, avouant s’être à l’occasion effacé derrière sa persona, ce qui a conséquemment nuit à sa santé mentale.

« Quand j’ai commencé, je créais beaucoup de contenu qui se moquait des gens des régions, notamment, et j’étais très intense dans mes blagues. Avec le temps, j’ai réalisé que c’était très élitiste de ma part, et je me suis trouvé hautain et négatif. Maintenant, même si parfois je ne suis pas d’accord avec certaines idées associées aux gens qui vivent en région, je considère que je ne peux pas juste les piquer, parce que je n’ai pas leur vécu. Je préfère rire de ceux et celles qui me ressemblent et à qui je m’identifie », résume Vincent, lui-même né à Sainte-Foy, en banlieue de Québec.

C’est ce qui explique qu’avec le temps et la maturité, son contenu est devenu moins méchant et négatif, dit-il. Il a modifié le ton de sa création et a calmé sa persona « agressive », pour rire avec les gens plutôt que de rire d’eux.

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Influenceur : Zoé Duval

Nombre d’abonnés : 500 000

Connu pour : sa confrontation avec Richard Martineau, sa participation à Big Brother Célébrités

Voir cette publication sur Instagram

Une publication partagée par Zoé Duval (@zozoduval)

Le succès retentissant que connaît le jeune homme de 24 ans est loin d’avoir été instantané. Zoé a dû se creuser les méninges et se forcer à sortir de sa zone de confort pour faire grimper son nombre d’abonné.e.s. Il lui est déjà arrivé, par exemple, de demander aux gens de le filmer en train de chanter puis de danser en faisant exprès d’être vraiment mauvais.

« J’ai fait des pranks en public, chose que je n’avais jamais faite de ma vie, parce que je suis vraiment gêné. Je me suis ridiculisé à la vue de tous et toutes pour faire rire, dans le respect bien sûr », se remémore t-il, bien heureux du succès de cette idée… mais sans cacher non plus sa satisfaction de ne plus avoir à recourir à ce genre de stratagème!

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Aujourd’hui, Zoé demeure conscient qu’une responsabilité découle de l’influence qu’il a, ce qui explique pourquoi il défend les droits des personnes issues de la communauté LGBTQ+. « Les jeunes qui me suivent peuvent me voir comme un modèle, alors j’essaie de prêcher par l’exemple », explique Zoé, qui s’est associé à la campagne de sensibilisation menée par Onella auprès des adolescent.e.s sur les dangers du vapotage.

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Pour en savoir plus sur la personnalité d’influenceuses et d’influenceurs et sur certains problèmes que la célébrité peut leur causer, rendez-vous sur la plateforme de l’ONF, dès le 8 novembre, pour regarder le documentaire Célèbre à tout prix, coréalisé par North of Now Films et l’Office national du film du Canada.