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Les confessions d’une agente de bord

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En vol, je me demande régulièrement si les agents de bord me trouvent fine, s’ils ont à dealer avec beaucoup de clients chiants, s’ils mènent la vida loca.

J’ai profité du thème d’avril, le voyage, pour assouvir ma curiosité en prenant contact avec une agente de bord.

Mon sujet préfère rester anonyme. Question que vous puissiez tout de même imaginer notre échange, visualisez une femme de trente ans qui œuvre dans des avions ontariens depuis près d’une décennie. Imaginez-moi maintenant en robe de chambre. Vous êtes prêts!

Dis-moi, mettons que je veux avoir une mini bouteille de rhum gratuitement, qu’est-ce que je dois faire, en tant que passagère? Comment gagner votre amour?

Être polie, ne pas être trop demandante et être gentille. Les passagers qui reconnaissent qu’on travaille dur et qui complimentent notre travail ont plus de chance d’être appréciés. Parce que normalement, les gens croient qu’on est juste là pour leur servir du Coke et des chips. Mais notre travail, c’est beaucoup plus que ça! On est là pour la sécurité de chacun.

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Logique. Et que dois-je faire pour être la passagère la plus détestée à bord, mettons que c’est mon trip?

Lever le ton! Ça arrive étonnamment souvent qu’un passager soit méchant avec nous. Pourtant, ça ne le mènera absolument nulle part. Crois-moi qu’à la seconde où un passager est mesquin, tout l’équipage va le savoir. On va aller à l’arrière de l’avion et parler de lui. Le reste de l’équipage va faire semblant d’avoir à se promener dans l’allée juste pour le spotter. On ne fera jamais rien de méchant, mais on ne va certainement pas lui donner des gratuités! Il a perdu sa chance au niveau des passe-droits.

L’autre affaire, ce sont les passagers saouls. Ils dérangent souvent les autres autour, refusent d’écouter nos consignes, de mettre leur ceinture, de rester assis lorsqu’on le leur demande. Tsé, il y a du monde qui arrive déjà saoul à l’aéroport (surtout dans les destinations de type tout inclus). Ce que les gens ignorent, c’est qu’on peut refuser l’entrée à un passager en boisson. C’est le capitaine qui prend la décision finale : il va aller parler au client, feeler son vibe, et s’il croit qu’il va causer des problèmes en vol, on lui interdit l’entrée…

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Tu vois des choses qu’on ne voit pas. As-tu un conseil pour nous, simples passagers?

Si tu enlèves tes bas à ton siège, il n’y a pas de problème. Mais quand tu vas à la salle de bain, remets tes souliers. Et n’y va surtout pas nu-pieds. Le liquide que tu vois par terre, ce n’est pas de l’eau…

Aussi, amène ta propre nourriture. Plusieurs passagers ne réalisent pas qu’ils ont le droit de le faire! Et c’est mieux pour eux, surtout pour ceux qui souffrent d’intolérances alimentaires.

Toi, manges-tu les plats préparés pour l’avion?

J’essaie d’amener mon lunch autant que possible. Sauf que si j’ai vraiment très faim, ça peut arriver que je mange le repas du jour. Mais on a des plats préparés exclusivement pour l’équipage.

Vous ne mangez pas la même chose que les passagers? C’est inquiétant!

Je pense que c’est juste pour qu’on se sente plus importants… Ça ne veut pas dire que notre repas est meilleur que le vôtre!

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Quand on m’offre du poulet, est-ce que c’est vraiment du poulet?

Ha ça, je ne le sais vraiment pas! C’est une entreprise qui s’occupe de la nourriture et non pas la compagnie aérienne. On ne connaît même pas les ingrédients de ce qu’on sert! On n’a pas accès à la liste des ingrédients. Imagine…

Rassurant… C’est quoi la demande la plus extravagante qu’on t’ait faite?

Une dame m’a demandé s’il y avait une section fumeur dans l’avion. Pas en 1973, l’an passé! Au début, je pensais qu’elle niaisait, mais non : “Mon fils aimerait fumer à bord. Peut-être à l’arrière, dans la section des employés?”

Est-ce qu’on rit de nous, les Québécois, à cause de notre fameuse tendance à applaudir à la fin des vols?

Honnêtement, on se moque oui. Mais ce n’est plus juste une affaire de Québécois. Ça applaudit un peu partout dans le monde. Remarque, c’est peut-être toujours un Québécois qui part l’applaudissement! Reste que c’est un running gag dans l’industrie…

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Le fameux fantasme de faire l’amour dans l’avion, est-ce qu’il devient parfois concret?

Je n’ai jamais vu ça, mais c’est arrivé récemment à un collègue! Il a aperçu un client entrer dans la salle de bain à l’arrière de l’avion. Deux minutes plus tard, sa blonde l’a suivi. Tout l’équipage s’est regardé en se demandant “Ok, on fait quoi? On les laisse faire?”. Mon ami a fini par cogner en disant : “Désolé, on vous a vu. Sortez, svp.” C’est quand même gênant pour le couple.

Et toi, en tant qu’agente de bord, te fais-tu constamment draguer?

Je ne me sens jamais harcelée par des passagers, mais il y en a qui s’essaient. Il y en a qui nous laissent des numéros de téléphone, d’autres qui viennent dans notre section et restent debout durant tout le vol pour jaser avec nous. Mais on le sent, entre collègues, quand un passager dérange. Et on intervient doucement.

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Restons dans les stéréotypes : les pilotes sont-ils des tombeurs?

Les stéréotypes ne sortent pas de nulle part! C’est vrai qu’il y en a. Surtout quand ils sont jeunes. Ils rencontrent des dizaines de femmes différentes par vol, souvent elles sont jolies. L’avion, c’est un environnement spécial. Il n’y a pas de sortie. Tu y es pendant des heures et des heures, on dirait que ça nous monte à la tête. Quand on n’a rien à se dire, on parle de notre vie privée, de sexe. Avec des gens qu’on vient de rencontrer! Je ne veux pas dire que tout le monde est comme ça, ce serait faux. Mais c’est un drôle de milieu…

Un milieu où il fait bon être jeune et célibataire, si tu aimes les nombreuses rencontres?

Je ne peux pas dire que c’est faux…