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Ce qu’on doit considérer en lisant les statistiques sur la COVID-19

Si on est pour consulter les chiffres de façon compulsive, autant comprendre ce qu'on lit.

Par
Pierre-Luc Racine
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Je ne croyais pas faire face à une pandémie de cette ampleur dans ma vie. En fait, les seuls qui s’y attendaient sont les survivalistes qui anticipent l’apocalypse, tels des Gaulois qui craignaient que le ciel ne leur tombe sur la tête.

Alors que nous sommes confinés à la maison, téléphone en main ou laptop sur les cuisses, des panoplies de graphiques et des avalanches de chiffres nous sont proposés comme si nous étions en train de lire le code de La Matrice.

J’en ai parlé à quelques reprises, je suis un ancien actuaire, c’est-à-dire un mathématicien spécialisé dans les probabilités. En général, je m’en sers pour vous dire comment gagner à Qui est-ce, au Monopoly et à Roche-papier-ciseaux, mais aujourd’hui, je vais vous parler des choses à garder en tête lorsqu’on regarde les chiffres sur la COVID-19.

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Toutes les radios sont #1

Avez-vous déjà remarqué que lorsque les sondages sur la fidélité de l’auditoire sont publiés, toutes les radios sont numéro 1! Bonne nouvelle! Tout le monde gagne! Yé!

En fait, c’est que chaque station expose la sous-catégorie du sondage qui fait son affaire. La radio Z est surement numéro 1 pour les hommes de 20 à 35 ans, la radio Y est peut-être la plus écoutée chez les femmes de 50 ans et plus, tandis Radio X pogne avec les fermés d’esprit.

Où je veux en venir, c’est que pour garder la tête froide si le nombre cas de COVID-19 augmente radicalement, il faut aller creuser plus loin et voir les composantes de ce chiffre.

Par exemple, cette semaine le gouvernement du Québec a changé de méthode de calcul en ajoutant les cas probables aux cas confirmés dans le nombre total de personnes infectées. Mettons que ça donne une autre perspective aux chiffres.

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Les données sont incomplètes

Lorsque je travaillais en assurances, un des aspects de ma job était de calculer les IBNR, les incurred but not reported. Ce sont les évènements qui se sont produits, mais dont on ne connaît ni l’existence ni la sévérité.

Par exemple, mettons qu’un tata se promène sans casque à vélo et passe proche de mourir en juin 2018 et qu’en septembre suivant il vit un épisode de trouble de stress post-traumatique, mais qu’il ne va pas consulter pour ça avant octobre 2022. Ça aura pris quatre ans avant qu’il fasse partie des statistiques pour le TSPT parce qu’il n’a jamais été rapporté auparavant.

Les données sont incomplètes. Même au Québec, on a peut-être une personne infectée à St-Robert-Bellarmin qui pense qu’il a juste une grosse grippe et on ne le saura jamais.

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C’est exactement ce qu’on est en train de vivre avec la COVID-19. Certains pays tardent à faire tester leurs potentiels infectés, tandis que d’autres le font comme une caissière d’expérience au supermarché qui scanne tous les objets à la vitesse de l’éclair.

Bref, les données sont incomplètes. Même au Québec, on a peut-être une personne infectée à St-Robert-Bellarmin qui pense qu’il a juste une grosse grippe et on ne le saura jamais.

À moins que vous soyez des mathématiciens aguerris dans les prévisions statistiques, gardez ça en tête.

Le taux de mortalité est imprécis

Calculer le taux de mortalité en se disant « les gens qui en sont morts » divisés par « les infectés au total » n’est pas encore juste. Parce que, comme j’ai expliqué ci-haut, il y a encore beaucoup de cas non rapportés, ce qui diminue le dénominateur. Cela a pour effet de grossir le taux de mortalité total.

Non seulement le chiffre des personnes infectées n’est jamais exact, mais le pourcentage de ceux qu’il entraîne vers une fin abrupte non plus.

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Et même qu’en ce moment, les tests ne sont pas parfaits. Ils ne détectent pas tous les COVID-19, surtout si les patients sont en début de maladie. Alors, non seulement le chiffre des personnes infectées n’est jamais exact, mais le pourcentage de ceux qu’il entraîne vers une fin abrupte non plus.

Le mathématicien et épidémiologiste Adam Kucharski explique que nous ne sommes qu’au début de la crise et que les gens ne meurent pas immédiatement après avoir été touchés par le virus.

Par exemple, si nous avons 100 infectés et qu’une personne meurt, on ne peut pas conclure que le virus tue une personne sur cent. Du moins, pas avant que les 99 autres soient rétablis. Il tue une personne sur cent… à date. On aura le portrait clair (plus alarmant ou le contraire) un peu plus tard.

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Si consulter les chiffres ça vous stresse, vous pouvez prendre une pause

Vous pouvez consulter ces chiffres par curiosité morbide, mais si vous le faites, vérifiez les sources et la date des pages que vous consultez parce que tout change rapidement.

La seule chose à faire en ce moment, c’est de rester calme, de se laver les mains et d’éviter de sortir de la maison. Parce que même si vous estimez n’êtes pas tant à risque que ça, vous pourriez le transmettre à d’autres personnes qui le donneront à d’autres personnes et ça va continuer ainsi. Ce n’est pas un gamble que vous devriez prendre.

Restez chez vous à regarder The Circle. La version brésilienne vient d’être publiée et elle est vraiment le fun aussi!

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