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Les anecdotes de Stefano

Par
Stefano Faita
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Quand j’ai des trucs à écrire, je consulte souvent ma conjointe, Isabelle. Elle est excellente pour m’aider à trouver la bonne approche.

— Il faut que je raconte des anecdotes de restauration, Isa, pour un papier dans Urbania…
— Raconte-leur l’épopée avec les fonctionnaires de la Ville qui t’ont fait niaiser pendant deux mois pour te donner ton permis d’alcool.
— Je suis pas sûr que c’est une bonne idée de parler de la Ville de Montréal… J’ai quand même deux restos.
— Ouin. Pourquoi tu racontes pas comment t’as trouvé ça dur, de faire des recettes pas italiennes dans ton nouveau livre ?

Elle parlait du livre Dans la cuisine avec Stefano Faita, conçu dans le cadre d’une émission quotidienne à la CBC et paru récemment en français. Comme je tenais à présenter au public un ouvrage varié et utile au quotidien, j’ai eu la bonne (mauvaise ?) idée de sortir de ma zone de spécialité italienne en y proposant des recettes inspirées des traditions culinaires asiatique, mexicaine, berbère et ainsi de suite… Laissez-moi vous dire que, même si mon nom de famille sonne comme fajita, je suis beaucoup plus à l’aise avec la pasta qu’avec la tortilla ! Disons que nous avons avancé à coup d’essais et d’erreurs, mais, qu’au final, ça a donné un bon livre.

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— C’est un peu plate, tu trouves pas ? Les anecdotes envoyées par les lecteurs sont plus croustillantes que ça !

— Ben, va voir les cuisiniers de ton resto, alors… À la gang, ils vont sûrement réussir à te sortir des bonnes histoires.

Bonne idée ! Je me suis alors dirigé vers Impasto, le restaurant que j’ai ouvert l’an dernier en compagnie du chef Michele Forgione. Il faisait la mise en place du soir avec quelques cuisiniers de la brigade. Les serveurs préparaient la salle.

— Eille, les gars, prenez une pause, venez prendre un café ! Avez-vous des bonnes histoires de restos à conter ? Des trucs drôles ou olé olé…

— Mets-en ! Moi, un gars avec qui je travaillais venait de brancher un frigo à son poste de travail, mais la mise à la terre fonctionnait pas. Quand il a touché son comptoir en inox en même temps que son frigo, il s’est électrocuté et il a tellement fait le saut qu’il s’est cassé le gros orteil sur son maudit frigo. Haha !

— Moi, je travaillais dans un resto italien un peu boboche et le gros trip du proprio, c’était de se faire donner une petite douceur buccale par la gérante en dessous du comptoir-caisse pendant que les clients payaient ! Il était pas chic. Il était vraiment fier de lui, en plus ! Quand sa femme pis ses enfants débarquaient, on trouvait ça un peu bizarre, mettons…

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— Moi, c’était dans un resto grec qui allait pas trop bien. Le chef devait avoir 102 ans et il voulait tellement couper partout qu’il réutilisait sa vieille huile à frites pour sa vinaigrette maison. Le problème, c’est qu’il buvait son 26 onces de brandy avant le service ! Café Chemineaud, genre. Une fois, une cliente avait demandé son filet mignon saignant et il l’avait servi très bien cuit, par oubli. Quand on a ramené le steak en cuisine, il a pété les plombs. Il est retourné à la table de la dame et lui a hurlé, en lançant l’assiette sur la table : « C’est trop cuit, malaka ? On n’est pas à la maison, ici ! Il est parfait, ton steak. Mange ! » Malaise généralisé dans le restaurant. Il avait bien le droit de boire, par contre, le pauvre vieux. Il faisait un peu pitié. Sa femme, la gérante, était en train de sniffer l’entreprise au complet ! Elle faisait tellement de coke que, des fois, elle saignait du nez devant les clients ! Une belle place.

— Moi, c’était le sommelier où je travaillais qui aimait bien son petit boire. Une fois, il a fini à l’urgence pour des engelures aux pieds parce qu’il avait perdu ses bottes dans une tempête de neige en rentrant chez lui. On n’a jamais compris pourquoi et, lui, il se rappelait plus rien.

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— Bon, ben… Merci, les boys. Je vais voir ce que je peux faire avec ça. On va quand même essayer d’éviter que des affaires de même arrivent dans notre resto !

Je suis retourné chez moi en me disant que la petite anecdote que j’avais en tête au départ était bien pépère comparativement à toutes les jolies histoires que je venais d’entendre !

En effet, j’avais d’abord pensé vous raconter mon anecdote du gâteau quand j’avais 5 ans. À l’époque, j’avais décidé de préparer moi-même un dessert pour l’anniversaire de mon oncle Rudy, en refusant toute aide extérieure. On s’entend que je ne réinventais rien en pâtisserie, mais je savais à peu près où je m’en allais pour assembler un gâteau de base s’apparentant au quatre-quarts. Voyant ma détermination, ma mère avait décidé de me laisser faire. Oh que j’étais fier de mon expertise ! Sans peur du lendemain, je cuisinais mon premier gâteau. Les convives sont arrivés et nous sommes passés à table. Fébrile, je trouvais que le repas était interminable comme la messe de minuit tellement j’avais hâte de savourer mon œuvre. Ma mère a finalement apporté le gâteau en précisant à tous que c’était moi qui l’avais préparé. En distribuant les assiettes, j’étais au sommet du monde. Tout le monde y a goûté. Un ange est passé. Il y avait quelque chose de bizarre. Puis toute la famille s’est mise à rire d’un coup. L’erreur classique : j’avais utilisé du sel au lieu du sucre dans ma préparation. C’était infect. Une excellente leçon pour le cuisinier en herbe que j’étais.

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Je n’ai pas osé raconter cette mignonne petite mésaventure à mes cuisiniers du resto, de peur qu’ils me disent de retourner cuisiner avec ma mère !

C’est comiques et délicats, les cuisiniers, vous savez.

***

Les anecdotes de nos lecteurs:

Il y a quelques années pendant mes études au cégep, je travaillais dans un PFK à la caisse. Une dame est revenue avec l’un de ses morceaux de poulet et celui-ci avait encore une plume! En le voyant encore attaché, tout gluant, sous la couche de panure, je n’ai pu m’empêcher d’éclater de rire! Ce n’était pas l’époque de Facebook et Instagram, mais j’aurais tellement mis ça sur un de ces réseaux sociaux!

***

Je suis serveuse depuis quelques années et j’en ai vu passer de drôles d’affaires en cuisine…

1- La fois où mon cuisinier a mis du ketchup dans le burger de mon client alors qu’il voulait tout sauf ça. Je le retourne en cuisine et au lieu d’en faire un autre, il passe la boulette à l’eau et la refait chauffer sur la plaque…

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2- La fois où la pelure du cantaloup a été laissée dans le mix à salade de fruits !

3- La fois où j’ai moi-même échappé tous mes contenants de ketchup que je venais tout juste de remplir et donc qui n’avaient pas leur bouchon. Imaginez la scène de ketchup PARTOUT dont dans mes yeux et cheveux… une belle journée à sentir le ketchup.

4- La fois où le cuisinier a échappé un pogo par terre et qu’il l’a remis dans la friteuse pour “enlever les saletés”…

***

Voici une histoire qui m’est arrivée quand je travaillais dans un petit resto asiatique:

Ce jour-là, un client non-voyant me demanda de le guider jusqu’aux toilettes. Il me tient le bras, et je le guide en lui décrivant le trajet:

“Alors, à gauche, à droite, attention à la marche, à droite, je vous ouvre la porte, voilààààà, allez-y. C’est bon? Oh, j’ai failli oublier de vous allumer la lumière, c’est vrai que ça sera mieux avec.”

J’allume la lumière en question, je fais entrer le client dans le cabinet, je ferme la porte, puis repars, fier de moi, avant de me rappeler que le client ne voit pas. Malaise…

***

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Au resto où je travaille, les cuisiniers sont des tannants. Dernièrement, ils ont ramassé 3-4 cannes de nourriture pour chats, ils les ont mises en boules, panées, sacré dans la friteuse et servies avec des légumes pis d’la sauce aux serveurs pour leur repas d’employé. On a eu que des bons commentaires et des remerciements. Ce soir-là, j’ai vu des cuisiniers brailler de rire dans le dish pit.

Je travaille dans un théâtre ou l’on sert des banquets. De mon poste au bar, j’ai la chance de voir tout ce qui est imaginable de se faire dans le milieu de la restauration. Par exemple… Ce samedi-là, on recevait des étudiants d’Université. Le cocktail était prévu pour 18h. Réputés pour faire le party, les étudiants nous ont montré de quoi ils étaient capables. Après une heure et demie en salle à manger, on ramassait le premier vomi jusqu’au lavabo de la salle de bain des hommes. On se demandait pourquoi autant de monde était malade. La réponse était pourtant si simple : ils mélangeaient le vin rouge avec le blanc pour faire du rosé vu qu’on en avait pas sur la carte des vins…

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Vous avez d’autres histoires? N’hésitez pas à nous en faire part dans les commentaires!

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