Tout le monde (presque) a une job, et donc, tout le monde (presque) se permet de donner des conseils de carrière. Parmi eux, y en a qu’on entend tellement souvent qu’on finit par penser qu’ils sont béton, jusqu’au jour où on se réveille en panique, un lundi matin, coincé dans une job qu’on déteste, à se demander comment on en est arrivé là.
Ne cherchez pas trop loin, c’est sans doute à cause d’une de ces phrases :
#1. « Travaillez sur vos faiblesses »
Personne ne vous engagera pour vos défauts. Concentrez-vous plutôt sur ce que vous faites naturellement mieux que les autres afin de vous perfectionner.
Personnellement, j’ai passé mes maths du secondaire sur les fesses. Même si j’avais passé les 25 années suivantes à essayer de multiplier des fractions, je ne travaillerais pas dans un domaine où j’aurais à le faire régulièrement.
#2. « Ne remettez jamais l’autorité en question »
Non, les individus en position d’autorité n’ont pas toujours raison. Des fois, ils ont juste plus d’ancienneté que vous. Remettre en question, ça n’est pas nécessairement une marque de manque de respect : c’est refuser d’obéir les yeux fermés.
Entre nous, les meilleures idées apparaissent rarement lors de réunions où tout le monde dit oui en chœur. Poser des questions et challenger ne font pas de vous un rebelle, mais une personne qui réfléchit.
#3. « Votre CV devrait se limiter à une seule page »
Si, à ce jour, vous n’avez eu qu’une job d’été et deux stages, une page c’est amplement suffisant.
Mais, moindrement que vous avez roulé un peu votre bosse, ne coupez surtout pas dans vos accomplissements. Le recruteur n’imprimera pas votre CV sur du papyrus : il va le lire sur son écran en scrollant avec une main pendant qu’il mange son sandwich avec l’autre. À moins que vous ne soyez graphiste, un CV n’est pas un test de minimalisme; c’est une vitrine. Pis des fois, une vitrine, ça comprend plus qu’une étagère.
#4. « Suis ta passion »
Il y a 5 ans, j’ai écrit l’article Ta job, c’est pas obligé d’être ta passion et je suis encore d’accord avec moi-même.
Si vous adorez le basket-ball, mais que vous mesurez 5 pieds et que vous dribblez moins bien que Bugs Bunny dans Space Jam, n’essayez pas d’en faire une job. À la place, devenez assistant.e dentaire : ça vous laissera en masse de temps pour vous inscrire à des ligues amateures et en plus, vous bénéficierez d’un rabais sur le partiel dont vous aurez besoin après vous être pété les palettes en dribblant!
#5. « Fake it ‘til you make it »
Faut prendre des risques pour avancer, c’est vrai. Mais personne n’aime les bullshitteurs professionnels. Y a une différence entre oser et raconter n’importe quoi pour se faire valoir.
Soyez audacieux, mais demeurez authentique. Sinon, vous risquez de vous prendre les pieds dans vos propres mensonges et d’être pourri à votre job.
#6. « Pour vous faire remarquer, dites oui à tout »
Vous vous ferez remarquer, oui. Comme celle qui ne dit jamais non, ramasse les dossiers des autres pis finit sa semaine le samedi à minuit.
C’est bien de se montrer volontaire, mais il ne faut pas non plus devenir la personne qui se ramasse avec toutes les tâches que les autres ne veulent pas faire. Dire oui à tout, c’est pas du leadership, c’est un manque d’estime. Vous avez le droit de dire non, et vous aurez sans doute droit à plus de respect de vos collègues.
#7. « Il faut grimper les échelons un à un »
C’est pas parce qu’il y a une échelle qu’il faut nécessairement grimper dessus.
Être gestionnaire, c’est une job complètement différente. Si tu vous êtes serveuse et que ce que vous préférez, c’est jaser avec les clients, n’acceptez pas le poste de gérante. Vous aurez à gérer les horaires, les inventaires et à écrire des avertissements à Mélodie qui n’arrive pas à compter sa caisse parce qu’elle a pris un verre de trop.
#8. « Il faut un plan de carrière solide »
Une carrière, c’est comme un road trip pré-GPS : vous allez devoir virer de bord, vous allez pogner des détours, et vous risquez de vous apercevoir que les buts que vous vous étiez fixés à 25 ans ne sont plus ceux que vous avez à 35 ans.
Oui, c’est bien d’avoir une direction. Mais il faut se donner la possibilité de changer d’idée en cours de route.
#9. « Il faut postuler au plus d’endroits possibles »
Fermez l’onglet LinkedIn et allez boire de l’eau. Si vous postulez sur toutes les offres comportant un mot vaguement relié à votre domaine, vous vous retrouverez à passer une entrevue pour un poste de représentant en mousse isolante sans savoir comment vous êtes arrivé là.
En plus, si vous appliquez dans la même boîte sur deux ou trois postes plus ou moins reliés, quand le bon poste finira par se libérer, le recruteur risque de se demander quelle est votre spécialité, au juste? Analyste, gestionnaire ou spécialiste en mousse?
#10. « Un réseau, c’est plus important que des compétences »
Il ne faut pas négliger le pouvoir des bonnes connexions, c’est certain.
Mais lorsqu’une personne vous écrit en DM sur Instagram juste pour créer des « liens », ça se sent à des kilomètres. Et la personne qui essaie de créer des liens à tout prix dans les 5 à 7 en disant des trucs du genre : « Hein, toi aussi t’as une grand-mère? On est pareils! », personne veut travailler avec.