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Les 10 événements marquants de la décennie
Félicitations.
Si vous toughez encore une dizaine de jours, vous aurez survécu à une décennie de plus.
10 ans, c’est à la fois court et long. C’est assez court pour que j’aie un souvenir clair de l’époque où j’avais 18 ans et qu’il me restait de l’enthousiasme envers l’avenir, mais c’est assez long pour que j’ai oublié pourquoi.
Question de se remémorer cette décennie faite de memes, de présidents improbables et de petites révolutions très tranquilles, voici donc un survol de la décennie, un évènement marquant par année.
Bon voyage dans le temps!
2010: La commission Bastarache
La décennie est partie sur les chapeaux de roue quand un événement marquant s’est produit: la sortie du film L’Appât avec Guy A Lepage et Rachid Badouri.
On savait drette là que la décennie 2010 serait une grande période pour l’humanité.
Plus sérieusement, en 2010, c’est la corruption du gouvernement Charest qui défraie les manchettes. Le ministre libéral Tony Tomassi doit quitter le PLQ après avoir été pris dans une affaire de favoritisme dans l’attribution des permis de garderie, en plus d’avoir reçu des pots-de-vin de la part d’une compagnie privée.
Pendant l’année 2010, l’opposition péquiste talonne également le gouvernement libéral afin qu’il tienne une commission d’enquête sur la corruption dans le milieu de la construction, ce que Jean Charest refuse de faire.
La décennie est partie sur les chapeaux de roue quand un événement marquant s’est produit: la sortie du film L’Appât avec Guy A Lepage et Rachid Badouri.
Il y aura toutefois la commission Bastarache, qui s’est penchée sur le processus de nomination des juges. Le tout a commencé alors que l’ancien ministre libéral de la justice, Marc Bellemare, a déclaré qu’il aurait subi des pressions pour nommer des proches du parti libéral aux postes de juges.
Une commission d’enquête se tient donc à l’automne 2010. On entend Marc Bellemare et le premier ministre lui-même, Jean Charest. C’est la première fois depuis les années 1800 qu’un premier ministre québécois dont comparaître devant une commission d’enquête.
En janvier 2011, la commission d’enquête remet ses conclusions; Marc Bellemare n’a pas subi des pressions aussi intenses qu’il le dit pour nommer des proches du PLQ, mais il reste que le processus de nomination des juges est susceptible à l’influence du politique.
Ce n’est pas le coup de massue qu’espéraient les opposants du PLQ, mais on voit que ce gouvernement, qui est au pouvoir depuis 2003, commence à montrer des signes d’usure.
La crise viendrait plus tard.
2011: la vague orange
L’année 2011 est l’année de deux événements marquants. Le premier, c’est la création de la commission Charbonneau sur la corruption dans le monde de la construction. Mais on a déjà parlé de corruption au PLQ en 2010, vous comprenez le principe.
2011, c’est aussi l’année du triomphe du NPD de Jack Layton au Québec.
Après plusieurs tentatives, les québécois tombent soudainement en amour avec Jack Layton, et il réussit en mai 2011 à faire élire 59 députés au Québec seulement (à titre de comparaison, le NPD a fait élire 24 députés au Canada au complet cette année).
Mais ce n’est pas seulement le triomphe de Jack Layton. La vague orange, c’est aussi la déconfiture totale du PLC et du Bloc. Le parti libéral ne réussit qu’à faire élire 34 députés, et le Bloc, 4. QUATRE. Même Gilles Duceppe est défait dans sa circonscription.
Malheureusement, Jack Layton meurt à la fin de l’été, terrassé par le cancer.
S’il avait gardé la santé, en serait-il advenu autrement du NPD? Qui sait.
Reste que pour les oranges, il semble que cette vague orange n’aura été que ça; une vague, accompagnée du ressac qui vient avec.
2012: Le printemps érable
Probablement l’année la plus évidente de la décennie quand il est question d’événement marquant.
En 2012, suite à l’annonce par le gouvernement de Jean Charest d’une hausse des frais de scolarité, un mouvement étudiant gigantesque s’organise dans les Cégeps et universités québécoises (même dans les écoles secondaires par moment!)
Pendant des mois, les étudiants vont faire la grève, marcher dans la rue, mais aussi s’organiser politiquement et amener sur la place publique un débat à propos de l’importance de l’éducation dans la société québécoise.
Personne ne gagne ou ne perd vraiment, au final.
Le gouvernement libéral va aussi s’user à tenter de contenir la grogne étudiante, muselant finalement la contestation avec la loi 78 qui interdit aux gens de se rassembler dans des lieux publics, une loi liberticide digne des régimes autoritaires.
Quels seront les résultats de ce mouvement sans précédent?
Le gouvernement libéral est défait à l’été 2012, remplacé par un gouvernement péquiste minoritaire (peut-être bien le dernier gouvernement péquiste de l’histoire). Pauline Marois mettra en place un gel des frais de scolarité, puis une indexation selon l’inflation, ce qui coupe le souffle d’un mouvement étudiant déjà épuisé.
Personne ne gagne ou ne perd vraiment, au final.
Mais il reste qu’une génération s’est formée à la chose politique, et la présence d’un Gabriel Nadeau-Dubois à l’Assemblée nationale aujourd’hui en illustre les effets.
2013: La charte des valeurs
L’année 2013 est marquée par le débat autour de la charte des valeurs du PQ, qui décide d’en faire le legs de son mandat.
En gros, il s’agit d’interdire le port de signes religieux par les employés de l’État, et d’obliger la prestation de services à visage découvert.
Évidemment, le projet de loi déclenche les passions. Un sondage mené en septembre va révéler que 43% des québécois sont pour, et 42% contre. C’est le genre de chiffres qui rappellent le débat sur la souveraineté du Québec, et vous savez comment on est zen avec ça.
Ça va faire ben de la chicane, pour finalement aboutir à pas grand chose.
En 2014, le PQ part en élections sur le sujet de la Charte… et perd lamentablement.
C’est le PLQ qui est élu, et comme ils s’opposent à la Charte, le projet meurt de sa belle mort… jusqu’à temps que la CAQ le ramène en 2019.
2014: Austérité
Je viens d’en parler; en 2014, Pauline Marois déclenche des élections.
Pis elle mange une volée.
En 2014, Pauline Marois déclenche des élections. Pis elle mange une volée.
C’est Philippe Couillard qui est élu, et avec toute la belle empathie de robot qu’on lui connaît, il annonce des compressions dans la majorité des ministères du Québec. Selon le PLQ, paraîtrait que le PQ a VRAIMENT mis les finances du Québec à terre en 18 mois.
On aura droit à de belles décisions humaines comme la coupure des subventions au magazine Les Débrouillards, le retrait de subventions à des organismes de resources pour personnes en situation d’itinérance et en toxicomanie, bref, rien n’est sacré.
Les gens manifestent, mais sans grand succès; le gouvernement libéral garde les cordons de la bourse serrés… jusqu’à temps qu’il y ait de nouvelles élections annoncées et qu’il fasse soudainement pleuvoir les millions.
Classique.
2015: Sunny ways
Vous rappelez-vous des élections de 2015, quand on pensait que le NPD de Thomas Mulcair allait former le gouvernement?
Lol.
Il faut dire que tout le monde était tanné des conservateurs de Stephen Harper, qui étaient au pouvoir depuis 10 ans. Et le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, n’inspirait la confiance de personne. Comme s’il avait des chances de gagner.
Oh boy, on était dans le champ.
Non seulement Justin remporte les élections, mais il déclenche une mini Trudeau-mania. Les médias internationaux se l’arrachent, et nous demandent tous: « Comment vous avez fait pour élire un premier ministre jeune, progressiste et charismatique??? »
Finalement, il allait s’avérer qu’il n’était qu’une seule de ces trois choses.
Mais à l’époque, on était soulagés d’être débarrassés de Stephen Harper, et on voulait croire aux « sunny ways ».
Comme nous étions naïfs…
2016: L’élection de Trump
Bon, on se plaint de l’élection de Justin Trudeau, mais c’est rien comparé à ce qui se passe chez nos voisins du Sud.
Donald Trump, un candidat sans aucune expérience télévisuelle, au parcours éthiquement plus que douteux, lance sa campagne en promettant de construire un mur pour empêcher les mexicains de rentrer aux États-Unis parce qu’il juge qu’ils sont des violeurs. Non seulement il réussit à être désigné comme candidat républicain, mais il réussit à battre Hillary Clinton et à devenir le 45e président des États-Unis.
Le monde est sous le choc.
Est-ce qu’on porterait un fond de racisme? La Russie aurait-elle interféré dans l’élection américaine? MYSTÈRE (mais pas vraiment.)
Comment a-t-il pu être élu? Est-ce parce qu’on glorifie aveuglement l’argent et le succès en affaires depuis des années? Parce que nous sommes obsédés par la célébrité au-delà de la raison? Parce que le cycle médiatique favorise les déclarations incendiaires plutôt que les propos raisonnables? Est-ce qu’on porterait un fond de racisme? La Russie aurait-elle interféré dans l’élection américaine?
MYSTÈRE (mais pas vraiment.)
2017: #Metoo
Je pense que c’est la seule bonne nouvelle de tout ce survol de la décennie.
En 2017, poussées par un large mouvement planétaire, des milliers de femmes prennent d’assaut les médias sociaux et la place publique pour dénoncer les agressions dont elles ont été victimes.
Partout dans le monde, les têtes d’hommes influents roulent. Aux États-Unis, le plus connu est sans doute le producteur hollywoodien Harvey Weinstein, accusé par de nombreuses actrices d’avoir abusé de son influence en exigeant des faveurs sexuelles.
Au Québec, les plus grands noms pointés du doigt sont sans aucun doute Gilbert Rozon et Éric Salvail, tous deux accusés d’agressions sexuelles.
Évidemment, 2017 est loin d’avoir réglé la question des violences sexuelles envers les femmes. D’ailleurs, parmi les hommes mentionnés ci-haut, aucun n’a été accusé formellement au moment où vous lisez ces lignes.
Mais 2017 aura au moins été l’année d’une certaine prise de conscience, et c’est déjà ça.
2018: L’élection de la CAQ
Que vous aimiez la CAQ ou que vous n’habitiez pas en banlieue, force est d’admettre que l’élection de la CAQ en 2018 sera probablement un moment marquant de l’histoire québécoise.
En effet, c’était la première fois depuis l’Union nationale qu’un parti autre que le PQ ou le PLQ réussissait à prendre le pouvoir au Québec.
La plupart de leurs politiques auraient pu être adoptées par le PLQ ou le Parti québécois.
Est-ce que ça veut dire que la CAQ est le parti de la nouveauté? Pas nécessairement. Au final, la plupart de leurs politiques auraient pu être adoptées par le PLQ ou le Parti québécois.
Mais un nouveau parti qui réussit à prendre le pouvoir, ce n’est pas commun.
On n’a pas fini d’entendre parler de François Legault, de Geneviève Guilbault et de Simon Jolin-Barrette dans les prochaines années.
2019: Greta World Tour
Si je retiens UNE chose de l’année qui vient de passer, c’est qu’on commence peut-être ENFIN à prendre conscience de l’ampleur de la menace climatique.
La marche du 27 septembre a réuni environ 500 000 personnes dans les rues de Montréal, une marée humaine absolument gigantesque.
Au niveau international, la jeune Greta Thunberg a également réussi à attirer le regard des médias et des dirigeants sur la gravité de la crise qui se profile à l’horizon.
Depuis, on sent que les politiciens se sentent un peu plus obligés de parler d’environnement.
Est-ce que ce sera trop peu trop tard? Sera-t-il encore possible pour ma génération de mourir de vieillesse?
On verra bien.
Mais espérons que la fin de la décennie 2010 aura au moins semé les graines d’un avenir meilleur.