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L’environnement au dépotoir

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L’environnement est un enjeu politique et économique majeur. Bien qu’il ne soit pas au centre de la campagne électorale actuelle, il demeure une des principales préoccupations de la population et plusieurs citoyens feront leur choix le 2 mai prochain en fonction de cet aspect, accordant leur vote à un parti partageant les mêmes valeurs environnementales qu’eux.

Cependant, se soucier de l’environnement, ce n’est pas uniquement être en faveur d’une bourse du carbone ou contre l’exploitation des sables bitumineux, deux problématiques sur lesquelles nous avons plus ou moins de pouvoir direct ; ce sont également plusieurs petits gestes quotidiens que nous sommes tous en mesure d’accomplir. Le recyclage est une de ces actions fort simples que nous pouvons poser sans trop d’efforts et qui peut avoir des impacts positifs concrets. Malheureusement, la manière dont est gérée cette industrie me laisse perplexe.

Il y a une poignée de cash à faire dans la gestion des déchets et il semble que c’est davantage l’aspect monétaire qui intéresse les gens dans le domaine du recyclage que l’aspect développement durable. Alors que certaines villes comme Kamikatsu, au Japon, se sont fixé comme but d’éliminer complètement les ordures d’ici 2020, à Montréal, notre programme de récupération ne semble pas avoir modifié ses objectifs depuis son implantation officielle en 1990.

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En fait, en 1998, la société d’État Recyc-Québec a demandé à l’ensemble des municipalités du Québec de viser la récupération de 60% des matières recyclables d’ici 2008. Pas 60% des déchets produits par les Québécois (c’est-à-dire plus de 8 millions de tonnes de cochonneries par année), non : 60% des matières recyclables (le plastique, le verre, le métal, les fibres (de papier), les encombrants – encom-quoi? On n’est pas trop sûr de savoir ce que c’est – et les matières putrescibles). S’ajoutaient à cela le « rêve » de récupérer 75% des huiles, des peintures et des pesticides, 50% du textile et 80% des contenants à remplissage unique, soit les fameuses canettes et autres bouteilles de bière, celles-là mêmes que la madame habillée en fluo et portant une casquette des Expos vient ramasser dans notre bac, très tôt le matin, avant que le camion ne passe.

En 2008, on estime que plus du quart des municipalités du grand Montréal avaient atteint ou dépassé l’objectif global de 60%. Dans tous les bilans, on présente ces chiffres de façon très positive, mais on omet complètement de dire ce qui se passe avec les trois autres quarts… Il faudrait qu’ils se grouillent à réagir, car Québec entend entre autres interdire l’enfouissement du papier et du carton d’ici 2013, ce qui ne laisse pas beaucoup de temps pour mettre sur pied un système qui fonctionne. Par ailleurs, on admet timidement que dans la région métropolitaine, le taux de récupération et de mise en valeur des matières putrescibles stagne sous la barre des 10 %, « en l’absence d’installations de traitement adéquates ». Mais qu’est-ce qu’on attend pour les mettre en place, ces installations ? On espère qu’elles se construisent toutes seules ? On prie pour que le Père Noël nous en offre une en cadeau l’année prochaine ? Le résultat, c’est que les matières organiques représentent 60% de ce qui est envoyé au dépotoir annuellement. Bref, on a atteint le chiffre magique, mais pas du bon bord. Et on se demande comment on va arriver à éliminer complètement ces matières des sites d’enfouissement d’ici 2020, ce qui est un autre des objectifs présentés par le gouvernement Charest en 2009.

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Au-delà des statistiques, ce qui me laisse le plus pantoise, c’est l’attitude des collecteurs qui ramassent mon bac vert chaque semaine. Non seulement ils garochent ledit bac n’importe où une fois qu’ils en ont vidé le contenu dans leur gros camion, mais qui plus est, ils ne font souvent pas de distinction entre « bac vert » et « sac noir ». Il faudrait que la Ville s’assure d’engager des mecs qui ne souffrent pas de daltonisme pour faire la collecte, car j’ai effectivement souvent vu ces gentils garçons lancer mon sac de vidange dans le même trou que celui où ils avaient déversé les cannes de thon et les bouteilles de vin vides de mon bac. Je veux bien croire qu’ils font un tri à l’usine, mais ça me surprendrait que les personnes attitrées à cette tâche prennent réellement la peine de séparer mes pots de yogourt savamment nettoyés de mon reste de linguini un peu pourri et de mes vieux Kleenex remplis de rhume printanier.