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L’enseignement, de la métropole au Nord-du-Québec
URBANIA et Prof en liberté – Centre de services scolaire de la Baie-James s’unissent pour vous présenter le beau métier de professeur, de Montréal à Chibougamau!
On se souvient tous d’un enseignant du primaire qui nous a marqués. Qu’il s’agisse d’une « Madame Sophie » ou d’un « Monsieur Luc », ils ont accompagné nos journées et nos réussites et nous ont encouragés à surmonter nos échecs. Être prof, on ne le répétera jamais assez, c’est exercer un métier important, qu’on le fasse à Montréal ou à Chibougamau. Mais comment les enseignant.e.s voient-ils les choses de leur côté? On a voulu connaître leur point de vue, justement dans ces deux villes!
Béatrice Courville enseigne depuis plus de 35 ans à Montréal. L’éducation, elle connaît ça. Elle travaille dans une école alternative privée, où elle voit passer depuis de nombreuses années des élèves de toutes les origines, de toutes les cultures et parlant toutes les langues maternelles possibles. En ce moment, sa classe est composée d’élèves de 4e, 5e et 6e années, et elle est bien placée pour nous expliquer en long et en large ce que c’est que d’être prof.
Josianne Gendron-Dufour enseigne depuis presque huit ans. De ces huit années, elle en a passé sept à Montr éal, passant de l’école traditionnelle à l’école alternative, cherchant l’endroit qui la ferait se sentir à sa place. Saguenéenne d’origine, quelque chose lui manquait dans sa ville d’adoption : l’omniprésence de la nature. Elle est donc partie à l’aventure pour aller enseigner à Chibougamau, dans le Nord-du-Québec, à sept heures de route de la métropole. Oui oui!
Enseigner à l’air frais
Dans le Nord-du-Québec comme dans la métropole, la même passion anime les deux profs. « Je suis allée en enseignement parce que je voulais changer le monde, rien de moins », raconte Josiane en riant. Béatrice hoche la tête avec un sourire : « C’est là où ça commence! »
Pour ces deux femmes, enseigner, c’est transmettre. « Pour moi, c’est un peu comme semer des petites graines qui vont germer à différents moments. Et puis, c’est magique de voir l’émerveillement dans les yeux des enfants quand ils comprennent quelque chose. C’est un beau partage », explique Béatrice.
Et parfois, les conditions d’enseignement font toute la différence pour des gens qui, comme Josianne, ont besoin d’avoir un contact avec la nature. « La façon la plus concrète de changer le monde, selon moi, c’est de commencer dans une classe », dit-elle. Et changer le monde, pour cette amoureuse du grand air, ça passe beaucoup par la conscientisation de l’espace qui nous entoure.
Elle raconte qu’à l’école où elle enseigne à des élèves de 3e et 4e années, profiter de l’extérieur avec eux, c’est tout ce qu’il y a de plus simple : il suffit de franchir la porte pour être dans un espace vert! « Les élèves ont l’habitude d’être beaucoup dehors, alors ils sont plus connectés et souvent plus calmes. Je trouve ça vraiment facile de leur enseigner parce qu’ils sont extrêmement attentifs. » Elle estime avoir la plus belle classe de ses huit années de carrière.
«Les élèves ont l’habitude d’être souvent dehors, alors ils sont plus connectés et souvent plus calmes.»
La nature, jouer dehors : il est peut-être là, le secret… Béatrice a vu plusieurs changements s’opérer chez ses élèves montréalais au cours des 30 dernières années. « Faire un effort, résoudre un problème : les enfants trouvent ça plus laborieux qu’il y a 15 ou 20 ans », explique-t-elle. « Ils jouent beaucoup moins dehors, ils sont constamment devant des écrans. Dès que l’école est finie, c’est Fortnite. »
Selon Béatrice, la stimulation et le sentiment de récompense provoqués par ces jeux sont beaucoup plus rapides que ceux découlant du travail en classe, où la motivation en prend pour son rhume.
Josiane dit pour sa part n’avoir que très peu d’élèves en difficultés d’apprentissage. Est-ce un hasard – ou la démonstration du pouvoir des grands espaces? Béatrice ne peut s’empêcher de commenter en riant : « Tu me donnes envie d’aller enseigner à Chibougamau! »
Une occasion de changer d’air
Au cours des derniers mois, l’enseignement a été sérieusement chamboulé. Entre les allers-retours entre la classe et le salon, les cours parfois sur Zoom, parfois en présentiel, nos deux enseignantes ont dû s’adapter et se réadapter. Et à écouter le ton sur lequel elles en parlent pendant une vingtaine de minutes, on comprend que ça a été marquant!
Que restera-t-il de tout ça? « On a compris qu’il n’y avait pas qu’une seule façon d’enseigner », explique Béatrice. Josiane renchérit : « Ça nous a aussi fait réaliser à quel point l’école, c’est important. Le gouvernement a tout fait pour garder les écoles ouvertes! »
«Si vous avez le goût de lâcher, allez en nature! Changez de milieu, de Centre de services scolaire! Après, vous prendrez votre décision.»
Cela dit, les profs ont dû faire face à des défis supplémentaires, eux qui évoluent déjà dans des conditions difficiles. La COVID a mis tout le réseau à dure épreuve, particulièrement les enseignant.e.s qui songeaient déjà à changer de carrière. Josiane lance un message d’espoir à ces derniers : « Si vous avez le goût de lâcher, allez en nature! Changez de milieu, de Centre de services scolaire! Après, vous prendrez votre décision. »
Une façon, qui sait, de raviver chez eux cette flamme qu’on voit briller chez Béatrice et Josiane : la passion et l’amour de l’enseignement.
* Sur la photo : Madame Josée, de l’école Saint-Dominique-Savio à Chapais.
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