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Yo! C’est quoi ce réflexe d’attaquer les femmes qu’on accuse médiatiquement d’infidélité? C’tu parce qu’on a peur? Ça ébranle nos certitudes d’amour pour toujours? Ça réveille de mauvais souvenirs?
Il y a des émoticônes de serpents partout sous les publications Instagram de Marion Cotillard; des serpents comme dans la Bible? Comme dans la femme-tentatrice qui plonge l’homme dans le péché? C’TU ÇA?
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Voyons donc, St-Ciboire.
Je rappelle le contexte : le site TMZ a annoncé, mardi dernier, l’éminent divorce d’Angelina Joli et Brad Pitt. Une source anonyme a ensuite révélé qu’Angie avait engagé un détective privé pour savoir si son mari la trompait. Résultat de l’enquête peut-être inventée : Brad lui jouait dans le dos avec des prostituées russes et l’actrice Marion Cotillard.
Il n’en fallait pas plus pour que des internautes assaillent les réseaux sociaux de l’actrice française à coups d’insultes aussi épouvantables que misogynes.
Voici des exemples ultra éloquents provenant des comptes Instagram et Facebook de Marion Cotillard…
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Résumons : une source anonyme révèle à un média à potins qu’un détective privé croit qu’un acteur a trompé sa femme avec une autre actrice. Et le monde lynche aussitôt la “maîtresse”. Même si elle dément élégamment les allégations. Si l’infidélité est un acte à ce point répréhensible, et qu’il se fait à deux, en toute cohérence, la joyeuse bande du web devrait aussi intimider le beau Brad. Recherche faite : ouin, pas tant.
Bien sûr, on trouve des commentateurs fâchés, des humains déçus et des fans brisés…
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Mais on est très loin de la violence des propos adressés à Marion Cotillard. Et plus troublant : on trouve aussi des félicitations d’un extrême mauvais goût. Par exemple, ce commentaire de datniccuhjay : “Brad i dont blame u bruh, angelina was lookin old as fuk, time to move on to some younger n fresher pussy”
Bref…
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Surprenante, cette réaction? Bah, je pense qu’on commence à s’y faire. On n’a qu’à repenser au raz-de-marée déclenché par la sortie de l’album Lemonade de Beyonce, œuvre qui porte en partie sur l’infidélité, infidélité qu’on a aussitôt associée à Jay-Z (parce que tsé, si c’est dans une toune, c’est nécessairement vrai). Dans la chanson Sorry, Queen B parle d’une “Becky with the good hair”… En moins de deux, le public jouait les Colombo et attaquait cruellement la styliste Rachel Roy, supposant qu’elle était la maitresse du célèbre rappeur.
Est-ce que Marion Cotillard et Rachel Roy sont davantage attaquées parce qu’elles sont des femmes? Ou est-ce qu’au fond, on est simplement porté à insulter la personne qui brise le ménage? Dur à dire. Chose certaine, et on ne le répètera jamais assez : selon un rapport de l’ONU, “73 % des femmes ont déjà été confrontées, d’une manière ou d’une autre, à des violences en ligne ou en ont été victimes”.
Et nul besoin d’être une vedette pour subir les foudres des internautes.
Pour le simple plaisir de la frustration, penchons-nous sur les statistiques soulevées par ledit rapport :
- Les femmes âgées de 18 à 24 ans sont de loin le plus souvent victimes de harcèlement criminel ou sexuel, qui vient s’ajouter aux menaces physiques.
- Dans les 28 pays membres de l’Union européenne, 9 millions de femmes ont subi une forme de violence sur l’Internet dès l’âge de 15 ans.
- Une internaute femme sur cinq vit dans un pays où le harcèlement et les actes de violence à l’encontre des femmes en ligne sont très rarement passibles de sanctions.
- Dans de nombreux pays, les femmes sont souvent réticentes à signaler les cyberviolences qu’elles subissent, par peur des répercussions sociales.
Sur ce, je n’ai qu’une chose à dire : Leave Marion alone !
Et, tant qu’à y être, laissez-nous donc toutes tranquilles, svp. Merci beaucoup.
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Pour lire un autre texte de Rose-Aimée Automne T. Morin : “5 choses que j’aurais voulu savoir avant d’aller à l’université”