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Le trouble de stress post-traumatique après un accident de vélo

Et un rappel : portez votre casque.

Par
Pierre-Luc Racine
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Je croyais que ça n’arrivait qu’aux soldats qui revenaient de la guerre. C’est que toutes les fois où j’ai été témoin du trouble de stress post-traumatique (TSPT), c’était dans des situations militaires.

Mon premier contact avec le sujet s’est fait à travers le film Il y a-t-il un pilote dans l’avion? où un pilote revit des flashbacks lorsqu’il doit piloter un avion en détresse. Un de mes films préférés. Je l’ai vu et revu.

La dernière fois que je m’y suis frotté, c’était dans Iron Man 3. Après l’invasion extraterrestre de Avengers, Tony Stark remplit tous les critères de TSPT.

Et pour avoir vécu un épisode moi aussi, ces scènes sont étrangement réalistes pour un traumatisme causé par un extraterrestre qui a essayé d’envahir New York.

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La panique traumatisante

Pour être victime du trouble de stress post-traumatique, nul besoin d’aller au front, il faut « simplement » vivre un trauma, quelque chose de traumatisant, ce qui arrive à 90% d’entre nous.

On n’est pas obligé d’être la cible directe de l’événement pour être traumatisé. On peut être témoin de quelque chose de marquant et en être traumatisé.

Pour être victime du trouble de stress post-traumatique, nul besoin d’aller au front, il faut « simplement » vivre un trauma, quelque chose de traumatisant.

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Par exemple, un Québécois peut avoir été traumatisé ben raide par les événements du 11 septembre même si ça ne s’est pas passé de ce côté-ci de la frontière.

En ce qui me concerne, mon traumatisme le plus récent a été mon accident de vélo de l’an dernier. Passer par-dessus un guidon m’aura propulsé tête première sur le trottoir et dans de profondes réflexions : j’aurais pu mourir sur le trottoir, dans l’ambulance ou même plus tard à l’hôpital.

J’en profite pour rappeler à tous nos lecteurs de toujours porter un casque à vélo.

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La panique surprise

Bref, l’accident survient et des semaines plus tard, je croyais en être revenu. Sauf que quelque chose a déclenché de vifs flashbacks chez moi, à ma plus grande surprise.

J’étais confortablement assis au cinéma, mon havre de paix personnel où plus rien d’autre n’existe sauf le film qui joue. Spoiler alert : parler du film sans le divulgâcher serait Mission Impossible.

Le film contient des coups de fusil assourdissants, des scènes d’escalade en hautes falaises et même une stressante poursuite en hélicoptère! C’est vraiment intense et excellent!

Et rien de cela n’a déclenché une crise pour moi. Il m’a fallu quelque chose de plus concret, un déjà-vu.

Dans les dernières minutes du film, un personnage est placé sur une civière, signe que tout est correct et qu’il va survivre. La caméra se met dans les yeux du personnage alors qu’il entre à reculons dans l’ambulance et c’est là que ça m’a frappé : j’ai déjà vécu cette expérience.

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La panique envahissante

Pendant quelques instants, mon conscient est replongé dans tous les évènements de mon accident. De mon réveil sur le trottoir à ma sortie de l’hôpital. Non seulement je revois tout cet après-midi en détail, mais je revis exactement les mêmes émotions. Je me pose des questions auxquelles je connais déjà les réponses :

Est-ce que je vais mourir? Est-ce que je vais pouvoir marcher à nouveau? Est-ce que je vais perdre la mémoire? Cet accident va-t-il me transformer à jamais?

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Le tout passe très vite. Je suis embrouillé parce que je sais que je suis dans une salle de cinéma et que tout ça n’est que du passé, mais je me sens entièrement dans le passé.

Les gens doivent penser que je suis un weirdo pour pleurer autant durant Mission Impossible!

Le film finit, les larmes coulent encore sur mon visage. Les gens doivent penser que je suis un weirdo pour pleurer autant durant Mission Impossible!

Mes émotions sont si puissantes que je me fiche du regard de ces inconnus qui pourraient penser que ce sont les péripéties d’Ethan Hunt qui me mettent dans cet état.

Je sors de la salle pour prendre une bouffée d’air frais. Je texte mon meilleur ami. Voyez comment je tente de camoufler le fait que je badtrippe quand je lui écris:

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J’appelle mon ex en pleurant. Je pleure dans la rue en marchant. Je pleure en attendant l’autobus. Voyons, c’est pas moi ça. Je suis pas émotif de même dans la vie!

La panique qui ne veut pas partir. Mes émotions fortes remontent à la surface avec une espèce de honte de perdre le contrôle, ce qui ne m’arrive jamais. Et c’est rendu ça qui me fait flipper après un moment.

Éventuellement, ça s’est calmé. Après environ une heure, j’étais revenu à la normale. Normal… disons normal-épuisé.

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Éviter la panique

Sur cent personnes traumatisées, 9 développeront un trouble de stress post-traumatique. On connaît trois principaux symptômes:

1- Symptôme de reviviscence : c’est lorsque l’on revit l’évènement à travers des flashbacks, ce qui m’est arrivé.

2- Symptôme d’évitement ou d’engourdissement émotionnel : c’est lorsqu’on chercher à éviter, consciemment ou non, de près ou de loin, tout ce qui pourrait nous rappeler le trauma.

3- Symptôme d’hypervigilance : c’est lorsqu’on est aux aguets malgré l’absence de danger imminent.

Je suis chanceux. Je n’ai eu que cette unique expérience-là. J’ai attendu quelques mois avant d’écrire ce texte pour voir si j’allais revivre d’autres épisodes ou d’autres symptômes. Je pense m’en être sorti.

Pour affronter mon symptôme d’évitement, j’ai essayé de visionner le film une autre fois, pratiquement un an plus tard après ma crise.

Si vous pensez être atteint du trouble du stress post-traumatique, il y a des ressources disponibles.

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