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Le tour d’honneur de « Ted Lasso »

Ne soyons pas tristes parce que ça finit bientôt. Soyons heureux parce que c'est arrivé!

Par
Benoît Lelièvre
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Toute bonne chose a une fin.

Pourquoi donc commencer cette chronique sur une telle platitude? Parce qu’on se plaît constamment à la refuser, mais ça ne la rend pas moins vraie. Il faut savoir s’arrêter pour garder les plaisirs en vie. De la bonne bouffe, c’est agréable. Trop de bonne bouffe, c’est un lendemain difficile avec la toilette et la bouteille de Pepto-Bismol.

Une bonne série, c’est une bonne série jusqu’à ce qu’elle n’ait plus rien à dire.

Vous rappelez-vous des deux dernières saisons de Dexter? De la saison de trop de Lost? De la lente et douloureuse mort de The Blacklist (tragiquement encore en production)? Une bonne série peut devenir mauvaise avec le temps, la fatigue créative et une demande basée sur la nostalgie plutôt que sur la qualité du produit. C’est exactement ce destin que le créateur de la série Ted Lasso, Jason Sudeikis, souhaite s’épargner.

Depuis mercredi, les aventures britanniques de l’entraîneur américain sont de retour sur Apple TV+ pour une troisième saison. Ce sera la dernière et c’est parfait comme ça, car c’est encore drôle et doux. Mieux vaut dire au revoir à des personnages qu’on aime encore que les sacrer à la porte de nos vies comme des invités un peu trop saouls à la fin d’un party.

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Gagner, c’est pas tout… mais tu dois quand même essayer!

Pour la dernière saison de Ted Lasso, AFC Richmond est de retour en Premier League. Il s’agit de la première division au soccer anglais et d’un des championnats les plus compétitifs au monde. La presse sportive condamne unilatéralement l’équipe du sympathique entraîneur au dernier rang, en partie à cause du départ de son adjoint Nate (Nick Mohammed), nommé entraîneur chef de la nouvelle équipe du villain Rupert (Anthony Head), soit l’ex-mari de la propriétaire de Richmond.

Après un seul épisode, il est impossible de savoir si AFC Richmond remportera le championnat d’ici la fin de la saison où s’il se contentera d’y survivre, mais une conversation FaceTime entre Ted et son fils Henry autour d’un ensemble de bloc LEGO à l’effigie du club jette les bases thématiques de cette ultime saison.

– Tu sais, gagner c’est pas tout dans la vie.
– Je sais papa, mais tu dois quand même essayer.
– Oui, t’as raison mon fils. C’est important.

La compétition a mauvaise presse dans le discours populaire depuis plusieurs années. L’idée même est largement perçue comme étant toxique et nocive pour la santé mentale de toutes les personnes impliquées. Dans ce nouvel épisode de la série sportive la plus sereine de tous les temps, on explore l’envers de cette condamnation.

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L’autre visage de la compétition

Parce que oui, c’est possible d’aborder l’idée de la compétition de manière saine. En se fixant des objectifs personnels et en définissant des marqueurs de réussites internes sur lesquels on peut avoir le contrôle.

Une victoire pour AFC Richmond n’implique pas nécessairement de se retrouver au sommet de la Premier League, mais peut-être de se tailler une place en première moitié du classement des vingt équipes. C’est ce que Ted lui-même essaie d’établir pendant ce premier épisode alors que sa patronne Rebecca le traîne dans l’affrontement contre son ex-mari.

Si Ted Lasso était à la base une série de soccer dans le moule de Lance & Compte, elle aurait eu du matériel pour durer 20 saisons.

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Le concept de compétition posée est aussi brillamment reflété dans la séquence où Ted et Nate font respectivement leurs entrevues de début de saison. Alors que Nate le qualifie ouvertement de « coach merdique », Ted n’essaie pas de convaincre la presse du contraire. Il affirme plutôt être déçu du manque de créativité des insultes de Nate avant de se lancer dans une série de blagues autodérisoires.

En acceptant l’insulte de Nate, Ted transforme le discours entourant les deux hommes. Le débat autour de leurs capacités tactiques perd immédiatement toute sa pertinence. Une victoire, ça peut ressembler à n’importe quoi. On peut compétitinoner en étant ouvert et vulnérable, si le but visé est de devenir une meilleure version de soi-même et pas nécessairement de supplanter un ennemi.

La meilleure version de Ted Lasso

Si Ted Lasso était à la base une série de soccer dans le moule de Lance & Compte, elle aurait eu du matériel pour durer 20 saisons. Il y a énormément d’angles à explorer juste à partir de la Premier League. Une équipe doit d’abord apprendre à y survivre. Elle peut ensuite se qualifier pour du soccer européen si elle termine dans les sept premiers échelons. Il y aurait encore l’angle de la ligue des champions pour les quatre premiers, le mondial des clubs, la Coupe du monde, etc.

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Ted Lasso n’est cependant pas une série de soccer. On y explore une foule de questions qui vont de la nature du leadership à l’anxiété en passant par l’importance d’établir des valeurs claires et productives pour soi-même.

Il est fort probable que Ted Lasso et ses ouailles soulèvent le trophée à la fin de la saison. Après tout, c’est une série américaine et une équipe en position similaire à celle d’AFC Richmond a déjà remporté le championnat dans des circonstances similaires en 2016. Je le vois venir gros comme le bras.

Mais si ce premier épisode nous a démontré une chose, c’est que ce n’est pas ça l’important et que la victoire est une bibitte à multiples visages. Ça commence et ça finit avec l’idée de devenir la meilleure version de soi-même.

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