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Le top 10 des textes de Luc Plamondon qui ont le moins bien vieilli

Il est bon, Luc... mais pas tous ses textes sont des trésors!

Par
Benoît Lelièvre
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Ce classement n’est en aucun cas motivé par le désir de chier sur la carrière de Luc Plamondon. Le célèbre parolier aux allures de Karl Lagerfeld de L’Ancienne-Lorette a signé sa juste part de textes iconiques au fil des années : J’t’aime comme un fou de Robert Charlebois, Coeur de rocker de Julien Clerc, Le blues du businessman de Claude Dubois, Oxygène de Diane Dufresne, Dans ma Camaro, Le Monde est stone et j’en passe.

Le gars a une plume d’exception.

Sauf que même les meilleurs trébuchent, parfois, et ça peut arriver qu’un créateur devienne tellement populaire et influent que son entourage arrête de lui dire « non ». Notre boy Luc n’a pas dérogé à la règle au cours de son illustre carrière, laissant comme héritage une série de bulles de cerveau immortelles… et malaisantes.

Certains de ces textes ont mal vieilli. D’autres n’ont jamais eu de bon sens. Sans plus tarder, voici les dix pépites les moins glorieuses de la carrière de Luc Plamondon. J’vais peut-être un peu lui chier dessus, finalement.

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10) Ginette Reno – L’hymne à l’amour de l’an 2000

Extrait choisi:

Notre chanson

C’est le testament

Qu’il nous fallait écrire

Comme un bilan

De deux mille ans d’amour

Dans le rayon des chansons pas inspirées, celle-ci est difficile à battre. Ginette Reno pourrait rendre un derrière de boîte de céréales passionnant avec son talent d’interprète, mais L’hymne à l’amour de l’an 2000 part avec deux prises : elle emprunte la crédibilité d’une chanson qui existe déjà et devient automatiquement caduque le 12 janvier 2000, environ. En passant, ça fait pas juste 2000 ans qu’on s’aime, Luc. Ça fait une couple de millions d’années.

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9) Pauline Julien – Le voyage à Miami

Extrait choisi:

Au lieu de contourner New York

Par l’autoroute du New Jersey

On s’est r’trouvés en plein New York

Avec not’ roulotte de quarante pieds

Au milieu d’la 5e Avenue

On s’entend que pour un parolier d’exception, faire rimer « New York » avec « New York », c’pas super. Le voyage à Miami démontre aussi la fâcheuse tendance de Luc Plamondon à s’appuyer sur des références populaires paresseuses au lieu d’écrire de vraies belles paroles. Des douaniers américains au Lac des Castors en passant par les films de Burt Lancaster, cette chanson est ridicule pour quiconque n’était pas un snowbird entre 1975 et 1985.

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8) Diane Dufresne – Rock pour un gars d’bicycle

Extrait choisi:

Je me couche devant lui au milieu de la place

Pour faire une belle mort, une mort érotique

Je veux qui me passe su le corps avec son bicycle

Oh oh oh oh

Na na ni na ni na, ni na ni na ni na

Imaginez-vous une chanson rock écrite par le dude le moins rock n’ roll de la Terre. Le symbolisme de la moto ici n’est pas subtil pour deux sous et est surtout extrêmement cliché. Diane n’a pas vraiment l’air de tripper sur le gars en question, mais sur son engin, si vous voyez ce que je veux dire. Oui, c’était une époque de libération sexuelle, mais on s’entend ici qu’il n’y a rien d’empowering à mourir écrasée sous un bicycle à gaz.

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7) Garou – Le blues dans le sang

Extrait choisi:

Toute la nuit on s’faisait des jams

C’étaient nos soirées sans femmes

On n’avait pas trop d’argent

Mais le blues dans le sang, dans le sang

Ça ne doit pas être facile d’écrire pour Garou. C’est comme écrire pour ton cousin qui a une super belle voix, mais vraiment rien d’autre qui joue en sa faveur. Malheureusement, on a encore droit ici à une série de clichés aussi plates qu’insipides énumérés par quelqu’un qui ne connaît pas vraiment le blues. Si tu nommes Ray Charles, Otis Redding et BB King dans ta toune sur le blues, c’est parce que t’en as juste écouté accidentellement pendant le Festival de Jazz de Montréal.

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6) Céline Dion – Je danse dans ma tête

Extrait choisi:

Dehors les néons s’allument

All right!

J’préfère regarder la lune

All night

Étendue nue sur mon lit

Dans la chaleur de la nuit

QUOI? Un classique de Céline parmi les pires textes de Luc Plamondon? Oh oui et ce n’est pas la seule sélection. Elle est tellement bonne interprète, la Céline, qu’elle pourrait faire passer n’importe quoi pour du Rimbaud. Ça reste que Je danse dans ma tête est un texte pseudo-érotique à propos d’une fille qui pratique la danse cérébrale afin de calmer ses anxiétés technophobes. Original? Oui! Niaiseux? Totalement.

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5) Diane Dufresne – J’ai besoin d’un chum

Extrait choisi:

J’ai pas besoin d’un diable ni d’un dieu

J’ai besoin d’un chum

Comme j’ai besoin d’eau, d’air et de feu

J’ai besoin d’un chum

Je pensais pouvoir me passer des hommes

Mais quand j’en ai un dans la peau

C’est toujours tout nouveau tout beau

Voyons Luc, veux-tu bien laisser Diane tranquille? C’est quoi cette obsession à faire paraître Diane pour une dépendante affective disjonctée? Le féminisme rédigé par un homme ne trompe personne, vieux snoro. J’avoue que le refrain est un tantinet contagieux, mais les arrangements musicaux et la performance vocale de Diane Dufresne sont cruciaux au succès de la chanson. Ça aurait très bien pu servir d’annonce de shampoing.

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4) Steve Fiset – Dans ma ville y’a deux villes

Extrait choisi:

I wish I could go back to school

To prove myself I′m not a fool

Chu ben tanné d’pas m′trouver d’job

J′aimerais ça pouvoir faire mon snob

Dans ma ville, y’a deux villes Les Anglais d′louest, i’ont tout c’qu′ya de best

Pis, nous autres dans l’est – faut s′contenter des restes

Classique Luc, ici. L’idée d’une chanson bilingue sur les deux solitudes est géniale et visionnaire (ça date des années 1970), mais l’exécution laisse à désirer, ici. Fait que si t’es pas allé à l’école pis que t’as une job de marde, c’est la faute des Anglais? En plus, le narrateur avoue à la fin de la chanson qu’il a même pas voté pour le PQ. C’mon! Ça me donne mal à mon Québec rien que d’y penser.

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3) Céline Dion – Des mots qui sonnent

Extrait choisi:

Donne-moi juste un heure

De ton inspiration, oh-oh

Pense à tes droits d’auteur, oh-oh

Faut que j’monte au moins jusqu’au Top Ten

Y’faut qu’tu penses AM-FM!

De loin ma chanson préférée de Luc Plamondon. Prenez le temps d’y penser un peu : le gars a écrit une chanson où son interprète le supplie d’écrire une chanson. C’est à la fois méta et narcissique. Céline (pourtant hyper inspirée) passe de « svp écris-moi une chanson » à « j’en ai besoin pour demain, big » à « donne-moi juste une heure » à « donne-moi juste le refrain, j’vas m’arranger avec le reste » en quatre minutes. Faire passer ses interprètes pour des timbrés, c’est la passion de Luc.

Aussi, Des mots qui sonnent est une reprise de la chanson de 1987 Nothing Can Stop My Love d’Angela Clemmons. Aldo Nova a juste dépoussiéré une vieille chanson pour en faire une version française. À quel point pouvez-vous être low effort, les gars?

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2) Johnny Hallyday – Pirate de l’air

Extrait choisi:

Tu seras ma prisonnière

Je serai ton pirate de l’air

Tu n’pourras plus m’échapper

Tu n’pourras plus jamais t’en aller

Plus jamais, plus jamais, plus jamais

Dans ton pays, tu finiras ta vie dans un harem

Princesse des mille et une nuits

Sais-tu au moins c’que ça veut dire d’être la femme que j’aime ?

Quoi de plus romantique qu’un enlèvement avec séquestration? Un enlèvement avec séquestration sur un fond de racisme qui fait malencontreusement écho à une tragédie mondiale qui se déroulera 13 ans plus tard, bien sûr. Cette chanson était terrible à l’époque, mais elle a vieilli comme un pot de yogourt oublié sur le comptoir au mois d’août. On est très loin d’Allumer le feu, ici. Sérieux Luc, wtf?

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1) Garou – Criminel

Extrait choisi:

On dirait qu’elle sort des jupes de sa maman

On croirait qu’elle n’a jamais eu d’amant

Mais méfiez-vous de la femme-enfant

Méfiez-vous de ses quatorze ans

Encore une fois, la référence est extrêmement peu subtile, ici. J’ai une petite nouvelle pour toi, par exemple, mon Luc. Lolita, c’est pas supposé être un roman sexy. C’est à propos d’un pédophile qui essaie de se convaincre qu’il n’en est pas un. C’est même pas le meilleur roman de Nabokov. Essaie de lire Feu pâle, Luc, c’est pas mal meilleur. Et arrête d’écrire des chansons qui normalisent les crimes sexuels, s’il te plaît. C’est pas cool.

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