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Le top 10 des pires reprises musicales

L’interprétation, ça change tout.

Par
Benoît Lelièvre
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Une étude parue en 2018 affirmait que les chansons avec lesquelles vous êtes tombés en amour à l’âge de 14 ans sont celles les plus susceptibles de vous suivre toute votre vie. Au-delà de la nostalgie, c’est pas mal l’âge où l’on vit nos premières fois. Les sentiments sont à vif et plus grands que nature. C’est raisonnable de croire que la musique de notre adolescence nous accompagnera pour toujours.

Les reprises musicales existent pour faire vivre nos chansons préférées à travers les époques et les faire découvrir à de nouvelles générations de mélomanes. On n’a qu’à penser à Hurt de Nine Inch Nails devenue véritable pont idéologique entre la génération X et les millénnariaux à travers la reprise de Johnny Cash, un gars qui était assez vieux pour avoir enfanté des baby boomers. La magie de la musique, mesdames et messieurs.

L’alchimie des reprises ne fonctionne cependant pas toujours et quand ça dérape, c’est pas beau tout de suite, un peu comme écouter la bande sonore d’un lendemain de veille pendant trois minutes et demie. Bien qu’on en connaisse tous quelques unes, le propre d’une mauvaise reprise, c’est que tout le monde essaie de l’oublier le plus vite possible. Fin documentariste culturel que je suis, j’ai visité les archives des plus grands désastres audio afin d’en recenser les plus douloureux.

Voici les critères sur lesquels je me suis basé :

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1) Pas de fuckaillage en spectacle : C’est trop facile. Lorsqu’un artiste prend une décision spontanée (ou presque) et rate complètement une chanson, c’est des choses qui arrivent et il ne faut pas leur en tenir rigueur. Donc pas de Aerials de Machine Gun Kelly, pas de Chop Suey de Avril Lavigne et même pas de About a Girl de Puddle of Mudd. Cette dernière se serait qualifiée sinon, mais elle n’existerait pas dans un monde idéal.

2) Pas de « comment ont-ils osé » : Ça va peut être en faire chier quelques uns, mais la reprise de Bohemian Rhapsody de Panic! At the Disco, elle est correcte. Brendon Urie n’est pas Freddie Mercury (personne ne l’est), mais son hommage est respectueux. Même chose pour Three Little Birds de Maroon 5. Le groupe est poche, mais l’initiative est néanmoins adéquate.

3) La reprise doit dénaturer le ton ou le message de la version originale.

4) Points bonus s’il s’agit d’une idée corporative de mauvais goût servant à faire une piastre rapide ou d’un caprice de superstar.

Sans plus tarder :

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10) Hilary Duff – My Generation

À une époque lointaine où Miley Cyrus s’appelait encore Hannah Montana, elle avait une rivale nommée Hilary Duff. Mais comme cette rivale était un peu moins originale et charismatique, elle pédalait toujours un peu plus fort pour se démarquer. C’est comme ça qu’elle en est venue à enregistrer ce cauchemar pop ultra-léché qui se veut une reprise du classique de The Who, mais complètement dénué du (très important) contexte social qui l’entoure.

On n’avait pas besoin d’Hilary Duff pour s’affirmer comme génération, en 2004, surtout pas dans le cadre d’une chanson proprette, endossée par Disney et qui ne bousculait aucune idée établie. Elle aurait mieux fait de reprendre My Generation de Limp Bizkit à la place.

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9) The Cure – Purple Haze

Le groupe de Robert Smith me laisse plutôt indifférent en temps normal, mais pasJimi Hendrix, soit le grand-père de la grosse guitare fuzzy sale. DE LA GUIT’, ROB. Y’A PAS DE GUIT’ DANS TA CHANSON (du moins, presque pas). Le cœur et l’âme de Purple Haze, c’est la tonalité de guitare abrasive et l’interprétation psychosexuelle du bon Jimi… et on ne retrouve rien de tout cela ici. Ça ne sonne même pas comme un toune de The Cure.

De toutes les reprises sur cette liste, c’est peut-être la moins inspirée. On dirait une séance de gossage studio en état d’ébriété avancé.

8) Five Finger Death Punch – Gone Away

C’est en quelque sorte un exploit d’enregistrer une reprise de la toune la plus emo et mélodramatique de son époque (le pré-emo de la fin des années 90) et d’en faire une chanson moins emo et mélodramatique. Surtout de la part de Five Fingers Death Punch, un groupe qui mise sur sa « masculinité percutante » pour vendre des albums. Il n’y a aucune raison d’écouter cette reprise à la place de l’originale.Oui, ça se voulait être une sorte d’hommage aux militaires tombés au combat (FFDP a beaucoup d’admirateurs au sein des forces armées), mais on s’entend que même dans le rayon des hommages aux troupes, on peut faire beaucoup mieux.

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7) Fall Out Boy – Love Will Tear Us Apart

C’est de bon goût de détester Fall Out Boy – le groupe de Pete Wentz a longtemps fait les magazines à potins, leurs albums sont de plus en plus pop, etc – même si, à mon humble avis, beaucoup de leurs critiques sont simplement jaloux de leur succès. Mais cette reprise hypercafféinée (et semi-acoustique!?) du classique de Joy Division est une bonne raison d’encourager cette médisance.

Pete Wentz traite l’apathie et la tristesse de Ian Curtis avec la même atonalité émotive qu’un moniteur de camp de jour autour d’un feu. J’ai mal à mon Manchester.

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6) U2 – Fortunate Son

J’adore cette chanson. Je suis un énorme fan de Creedance Clearwater Revival et, à mon avis, leurs chansons sont parmis les plus faciles à reprendre… mais Bono n’a simplement pas la voix pour la rendre. L’énergie et la colère qui font de Fortunate Son une chanson si spéciale sont complètement absentes de cette version. En fait, il n’a tellement pas la voix de l’emploi qu’il se fait aider par des choristes pendant le refrain.

Si vous voulez entendre une bonne reprise de Fortunate Son, je vous conseille fortement celle du groupe américain Clutch enregistrée au début de la pandémie. Ça prend du feu dans les cordes vocales pour chanter cette chanson. Celles de Bono sont plus comme de l’eau Dasani.

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5) Three Days Grace – Somebody That I Used To Know

J’ai découvert cette reprise en faisant de la recherche pour cet article et, franchement, j’aurais aimé demeurer dans l’ignorance. La surinterprétation dans les couplets, le refrain avec la grosse guitare dramatique, le contraste avec les harmonies vocales pourtant bien paisibles… rien ne fonctionne, ici. On dirait une chanson qui passe à CHOM pendant que je fais un accident de voiture à l’intérieur de mes pires cauchemars.

Déjà que le groupe Three Days Grace n’est pas hyper mémorable, il aurait peut-être dû se garder une petite gêne.

4) Attack Attack! – I Kissed A Girl

Les compilations Punk Goes Pop nous ont donné notre lot de reprises mémorables… mais QUESSÉ ÇA? À quel point ça peut être difficile de faire une reprise de la chanson la plus accrocheuse au monde (après « Moi j’connais une chanson pour écoeurer le mondeeu… ») et la surcharger de guitare, d’effets studio et de toutes sortes de cochonneries qui la rendent méconnaissable, mais aussi inaudible?

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Cette reprise est la preuve que c’est pas parce qu’on ajoute de la guitare et de la distorsion à une pièce de musique qu’elle devient automatiquement meilleure.

3) The Script – Lose Yourself

Ouf! Un autre groupe que je ne connaissais pas avant de démarcher cet article. On s’entend que Lose Yourself, ce n’est pas fait pour être chanté? L’harmonie vocale enlève toute la tension et l’anxiété dans l’interprétation. Lose Yourself fonctionne parce qu’elle est interprétée du point de vue de quelqu’un qui a le trac et qui s’apprête à faire quelque chose de très difficile et vulnérable. Si on a l’air de s’amuser, ça ne fonctionne pas.

À partir de maintenant, je serai très heureux de ne plus rien apprendre à propos de The Script.

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2) Dope – F*ck Tha Police

Allô l’appropriation culturelle? Déjà, faire une reprise du succès ultra-controversé de N.W.A était à la base une idée de marde. C’était impossible à recontextualiser comme il faut ou même à incarner. On s’entend que la toune est aussi juste mauvaise? Simpliste, monocorde, on passe quatre minutes à attendre que ça lève. Enregistrée en 2005, elle est pour toujours témoin de la mort lente et douloureuse de l’époque nü metal.

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1) Céline Dion & Anastacia – You Shook Me All Night Long

À tout seigneur, tout honneur! Cette reprise ne pouvait que se retrouver au numéro un. J’adore Céline autant que n’importe quel Québécois, mais qu’est-ce que c’est que cette reprise complètement drainée de toute l’électricité et l’énergie sexuelle qui rend l’originale si intoxicante? En plus, c’est interprété en duo avec une one hit wonder du début des années 2000 que tout le monde a oublié depuis.

Cette interprétation est digne de jouer dans des buffets de Club Med.