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Le «steaking»

Par
André Péloquin
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Hey! Fais-tu du «steaking»? “Like”-tu le “steaking”? J’espère que tu fais du «steaking». Tu sais pas c’est quoi le «steaking»? J’vais t’introduire au «steaking»…

Bref, aussi invraisemblable que celui puisse paraitre, lorsqu’on repensera à l’année 2011 dans quelques années, on pensera autant à la cagnotte remportée par Arcade Fire lors de la plus récente édition du prix Polaris qu’à l’adoption de la fameuse loi 204.

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Mieux encore, on pensera aussi au «planking» comme on revient sur le cas de MC Hammer à la fin d’une soirée trop arrosée: comme quelque chose de gênant à retenir d’une décennie, mais qui aura captivé l’imaginaire populaire pendant quelques nanosecondes. Mais avant de poursuivre… «Stop! Hammer time!»

Marotte qui consiste à s’étendre sur le ventre, raide comme une planche, sur une surface quelconque, le «planking» est une activité aussi populaire (le joueur de basket Dwight Howard, par exemple, a réuni une centaine d’admirateurs en Chine pour s’adonner à une séance de «planking») que «dangereuse» (un tata s’est tué en «plankant» du balcon du septième étage d’un immeuble).

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Comme si ce n’était pas assez, plusieurs personnes ont tenté de lancer des «mouvements de masse» semblables liés à de nouvelles positions inconfortables comme le Batmanning (un hommage à vous-savez-qui) et le SPVMing (un clin d’oeil à ça).

Pourquoi? Plusieurs médias internationaux se sont penchés sur la question. Un article du Washington Post cerne plusieurs raisons: pour l’adrénaline (l’excitation de poser dans un lieu public), l’égo et bien sûr, pour rigoler.

Si seulement cet engouement pouvait se transmettre aussi facilement aux masses…

On «like», on «retweet», on se dit «outré», mais l’est-on vraiment? Les ponts croulent, on s’apprête à ramoner nos ressources naturelles à la Rocco Siffredi et le Canadien vient de perdre un second match, mais les rues demeurent quand même calmes.

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Sauf quelques crissements de pneus, les grondements de moteurs et les «Pars pas, j’t’aime crisse!» des amoureux aigris titubant hors de la Boîte à Marius à 3 h du matin, le boulevard Rosemont demeure d’un calme plat… pire encore, d’un calme «plate». On préfère s’indigner au clavier, bien assis sur not’ steak. On fait du “steaking”, quoi.

Bien que, parfois, un homme peut faire «toute la job». Les manifestations qui ont du poids sont généralement celles qui comptent plusieurs participants (parlez-en à la Nordique Nation).

Ces jours-ci, le collectif derrière «Occupy Wall Street» multiplie les moyens pour rejoindre les gens, mais aussi pour se faire entendre: clavardage, diffusion de vidéos (parfois même en direct) et galeries de photos (dont plusieurs sont retouchées… parce que rien ne crie plus «rébellion» qu’un filtre instagram!) sont bien en évidences sur leur site… et ça marche!

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Inspiré par les récents mouvements de foules en Égypte et en Grèce, le collectif – qui veut occuper la place pendant des mois – soulève les passions et stimule l’imaginaire. La manifestation dure depuis des jours et ne semble pas toujours pas s’essouffler. Le cri d’alarme, lancé et nourri par le Web, se fait toujours entendre.

Pendant ce temps, chez nous, le Mouvement du 24 septembre organise une manifestation qui se tiendra ce week-end à Montréal.

Abasourdis par le rapport Duscheneau, des citoyens se sont retrouvés sur les médias sociaux pour échafauder cette démarche. Au moment de rédiger ces lignes, plus de 1000 personnes sur Facebook prévoyaient y participer. La page de l’événement est animée de plusieurs échanges (le compte Twitter qui y est rattaché toutefois ne compte toujours qu’un «tweet»).

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Est-ce que ces 1000 personnes y seront? Je l’espère. Est-ce qu’ils seront accompagnés d’autres citoyens numériques se disant écoeurés de la situation? Croisons les doigts. En attendant, lâchons le «steaking»…

On apprenait hier la fin de R.E.M., groupe phare de la musique alternative et un de mes premiers béguins musical. Quelques heures plus tard, l’ex-rédac’ en chef d’Urbania Steve Proulx rendait une ultime chronique au Voir après avoir écouté une chanson «eighties» douteuse en boucle. Puis, on annonçait qu’il n’y aurait pas de “fin à la Disney” pour Troy Davis. Un mercredi de merde, en effet…

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À l’image de Proulx, j’ai tenté, moi aussi, d’écrire ce billet de blogue en écoutant une pièce avec le piton «repeat» bien enfoncé. La voici…

Bien malgré elle, cette vieille relique de R.E.M. est quand même d’actualité ces jours-ci alors qu’on souligne le 20e anniversaire du cultissime Nevermind de Nirvana. La chanson se voulant une lettre d’adieu à Kurt Cobain, un ami proche de Michael Stipe.