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Les humoristes au Québec se retrouvent souvent au beau milieu de faux débats qui ne font qu’éclipser des enjeux plus importants de notre merveilleux milieu artistique et ternir la beauté du métier. J’en suis un peu tanné. Réflexion sur le métier et sa splendeur.
Y’a eu toute une histoire avec les jeunes femmes qui demandaient à ce que la CLASSE réfléchisse au fait de recevoir de l’argent amassé lors d’un spectacle d’humour, pour venir en aide financièrement à l’organisme Juripop qui s’oppose à la loi 78. Lesdites membres de la CLASSE affirmaient que les sous avaient été amassés par des gens faisant du machisme, du sexisme et de l’homophobie leur métier et qu’il ne fallait pas l’encourager. Moi j’étais un peu choqué.
Je me suis demandé comment les membres d’une organisation qui nous rappelle à outrance qu’il ne faut pas généraliser avec les carrés rouges, en sont venus à pointer du doigt l’ensemble des gens qui pratiquent le métier d’humoriste, sans nuance aucune.
Je me demande aussi pourquoi ils n’ont pas démoli l’oeuvre entière de Monsieur Yvon Deschamps qui, en 1970, se faisait lui aussi dire qu’il était sexiste et macho. Aujourd’hui, quand il se pointe sur une scène, les gens se lèvent au début, applaudissent à tout rompre, écoutent attentivement chacun de ses mots et se relèvent à la fin, pour applaudir encore. Je ne veux pas dire que la totalité des humoristes sont des Yvon Deschamps ou possèdent son esprit, sa profondeur et son talent. Certains sont talentueux, d’autres sont exécrables et font honte au métier.
Heureusement, au Québec, on a le choix. Certains aiment Mario Jean, d’autres préfèrent les Denis Drolet. L’humour est subjectif. Aimer ou ne pas aimer est une question de préférence, j’espère que j’apprends pas ça à personne. Comme disait Louis-José Houde, «Un humoriste c’est comme d’la crème glacée; si t’aimes aux pacanes, ben prends aux pacanes pis calice-nous patience» Comme dirait une jeune fille de 14 ans sur un statut Facebook émotif : So true.
Ce que je trouve aussi dommage et que j’ai vu souvent sur les médias sociaux, ce sont les gens qui osent lancer un débat sur les humoristes en ayant seulement comme référence Peter Macleod ou Jean-Michel Anctil. Ou encore en se basant sur un humoriste qu’ils ont vu une fois dans une soirée bénéfice, qu’ils n’ont pas aimé et qui se plaisent ensuite à dire que la relève est mauvaise.
Ceux aussi qui accusent tous les finissants de l’École Nationale de l’humour d’être des clones. Je regrette les copains mais j’ai moi-même été diplômé de l’École Nationale en 2007 et je ne crois pas être le clone de François Massicotte. Je ne crois pas non plus être une exception, y’a un tas de gars et de filles qui sont sortis de l’École et qui sont foutuement bons et très différents. Y’en a même qui ont jamais fait l’École et qui sont aussi très drôles (Jonathan Roberge, Martin Petit, Garou)
T’as l’droit de pas tripper sur le fait que Rachid Badouri imite Michael Jackson, d’être écoeuré du personnage de Rateau de Jean-Michel Anctil, de ne pas être capable de supporter la phrase “Moé ma blonde” ou “Avez-vous remarqué” mais de grâce, cesse de faire porter le blâme aux humoristes et à la jolie relève qui s’en vient. Sors un peu en ville pour voir les shows, passe au Zoofest cet été. Y’a pas seulement Canal D et les Gags Juste Pour Rire, pour vrai.
On a besoin d’humour, on a besoin de rire et on a surtout besoin, au Québec, d’encourager la relève artistique à se dépasser. On a aussi une responsabilité en tant que public, on doit parler de ce qu’on aime et le propager encore plus fort qu’une MTS en région (ceci est une blague).
En attendant, veuillez prendre connaissance des noms suivants :
Adib Alkhalidey, Guillaume Wagner, Kim Lizotte, Korine Côté, François Bellefeuille, Sèxe Illégal, Jonathan Roberge, Phil Roy, Mélanie Couture, Simon Leblanc, Gabe Masson, Dave Gaudet, Martin Perizzolo, Benoît Lefebvre, Louis T., Les nanas coustiques, Franco Dragonne (lol), Olivier Martineau, Patrice Beauchesne, Louis Courchesne, Frédéric Dubé, Pierre-Bruno Rivard, Silvi Tourigny, Yannick De Martino, et tout ceux que j’oublie qui vont me téléphoner dans la journée pour me dire «Eille, merci de m’avoir oublié»??
Je souhaite longue vie à l’humour au Québec. C’est une de nos forces et la génération qui s’en vient en est une de qualité. On se souhaite un gros merde.