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Sortez paillettes, nœuds papillon et sourire Crest, c’est aujourd’hui que ça se passe! Je quitte temporairement le créneau sexo-sociaux-relationnel témoignant hebdomadairement de ma part de DEEP pour vous exposer au grand jour ma part de DELICIOUS.
Fidèles lecteurs, je vous l’avoue : tel Richard Séguin, je possède une DOUBLE VIE.
En plus de donner dans la sexologie, j’œuvre depuis quelques années à la coordination d’un secteur méconnu des galas et j’ai nommé LE SEAT FILLING.
Seat pour siège.
Filling pour remplir.
Remplir des sièges. Aussi simple que ça.
Si l’anglicisme te fait hérisser l’poil de bras, sache qu’on appelle aussi les seat fillers des “figurants” ou des “crabes” ou encore des “bouche-trous glamour”, mais ça, ça découle d’une fantaisie personnelle.
T’es encore au mot “crabe” et tu te demandes quel rapport y a-t-il avec l’être à pinces?
Imagine ce crustacé avec une swell mise en plis et dis-toi que c’est approximativement ce dont a l’air un seat filler quand il se déplace dans les rangées à longueur de soirée :
https://www.youtube.com/watch?v=FGvHECBj42I
Alors voilà, levons le voile sur la pratique : pendant les pauses publicitaires, ma collègue et moi disposons de 2-3 minutes pour arpenter la salle en évaluant qui est là, qui n’est pas là et en gesticulant des indications à nos deux équipages overdressed sagement en attente sur les côtés de la salle. On court un peu pour répartir la poblaciòn au parterre, et ce, sans foncer violemment dans un caméraman et sans s’enfarger dans un fil.
Sachez que c’est UN ART VÉRITABLE.
Pourquoi ne pas laisser des sièges vides? Premièrement, une salle pleine de trous, ce n’est pas très gagnant télévisuellement parlant. Deuxièmement, ne pas bénéficier de la présence de ces ninjas du glam refroidirait l’ambiance sur un moyen temps puisque oui, voici venu le temps où vous apprendrez avec surprise qu’un gala d’envergure peut nécessiter à lui seul la présence d’une CENTAINE de figurants.
Je suis bel et bien en train de vous annoncer que par exemple, au parterre des Gémeaux se trouvent approximativement 100 quidams habillés chics qui ont l’air de faire partie de la gang tout en n’ayant possiblement jamais mis les pieds sur un plateau de tournage. C’est qu’exception faite du gala des Olivier qui recrute strictement des diplômés ou étudiants de l’École nationale de l’humour, tu n’as habituellement pas à faire partie de l’industrie pour joindre l’équipe (quoiqu’on fait appel à plusieurs étudiants en communication).
Se déplacer vite comme l’éclair, s’habiller swell, être sympathique et ne pas hyperventiler en se trouvant devant Macha Grenon sont les caractéristiques recherchées chez tout seat filler. T’as le droit de couiner discrètement à la vue de Sélina de Ramdam, mais tu dois à TOUT PRIX canaliser ton envie d’aller licher la joue de Claude Bégin.
C’est impératif.
Sache que tu finiras aussi par être tout le monde et personne à la fois, selon le scénario qui s’offrira à toi :
Tu remplaces quelqu’un qui est en salle de presse ou qui interviendra en ondes : Les sœurs Boulay ont gagné un prix et sont parties en salle de presse pour les 15 prochaines minutes? Pendant ce temps-là, le ptit v’lours rouge de leur siège se refroidit. Il faut intervenir et VITE!
Tu remplaces quelqu’un de temporairement absent : Guylaine Tremblay est allée faire pepi pendant la pause, mais n’est pas revenue à temps pour le retour en ondes? G doit alors rester sur le côté de la salle et allez hop, figurant! Va faire comme si tu avais owné ce siège toute ta vie!
Tu remplaces quelqu’un qui ne sera jamais là : Ah tiens, finalement, Mike Ward et Guy Nantel n’assisteront pas au gala… Voilà une autre raison d’envoyer le chic suppléant. Notons ici que les absents, c’est un peu le jackpot des seat fillers. Ils s’assoiront là et y passeront la soirée, savourant le show comme s’il n’y avait pas de lendemain. Merci, bonsoir!
Tu ne sais jamais ce qui se passera durant ta soirée et qui sait, tu finiras peut-être par vivre de grands moments de grâce.
Personnellement, j’ai déjà seat fillé Justin Trudeau et vous comprendrez que c’est possiblement mon plus grand accomplissement À VIE.
Même si dans le classement hiérarchique de la veuuudette on doit se rapprocher du “W”, c’est toujours le fun d’agrémenter un peu sa vie avec un p’tit saupoudrage de sucre en poudre. Ça permet de passer un damné beau dimanche soir entre l’ombre et la lumière au sein d’une équipe constituée de gens géniaux qui ne se prennent pas au sérieux et qui se fréquentent strictement par soirs de haute salubrité.
Résultat? Jamais on ne s’est vus habillés comme la chienne à Jacques et jamais on ne s’est côtoyé avec le port du cheveu gras.
JAMAIS.
Qu’on se le dise : rarement le Québec aura connu une forme de bénévolat aussi swell!
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Pour lire un autre texte de Julie Lemay : “10 sages paroles de 10 experts en sexo”