.jpg)
Le road trip de toutes les confessions
URBANIA et Communauto s’unissent pour vous expliquer pourquoi les trajets en auto sont moteurs de confessions.
« On a eu certaines des conversations les plus importantes et fondatrices de notre couple en auto », me confie Mathilde.
« On dirait que le fait qu’on soit dans un espace fermé, juste nous deux, pendant une longue période, nous aide à parler de sujets profonds ou même plus délicats », me confie également Samuel, le chum de Mathilde.
Hit the road
Imaginez un instant que vous êtes dans une voiture. Le paysage se déploie sous vos yeux, au fil des kilomètres parcourus. Vous, une personne sur le siège adjacent, votre playlist de road trip préférée, un petit sapin sent-bon sur le rétroviseur : la journée vous appartient.
Vous êtes roi.reine de la route, et l’habitacle est votre royaume.
Ce scénario, somme toute classique, a pour certains une importance pas mal plus grande et fondamentale qu’on pourrait le penser.
Mathilde et Samuel, âgés respectivement de 31 et de 34 ans, sont en couple depuis huit ans. Tous les deux originaires de Mont-Laurier, ils habitent maintenant à Montréal. Puisque leurs familles vivent encore dans les Laurentides, ils ont l’habitude de faire de la route pour aller leur rendre visite. Quand il n’y a pas de pandémie, mettons.
Life is a highway
« Comme nos parents et nos familles habitent à trois heures de Montréal, et que c’est important pour nous de les voir régulièrement, c’est vraiment fréquent qu’on fasse de la route ensemble, commence par me dire Mathilde. Samuel et moi, on a des vies occupées, on travaille beaucoup, et je me rends compte que nos trajets en voiture sont des moments privilégiés, pendant lesquels on prend le temps de se parler de choses importantes pour nous, en profondeur. Ça arrive même qu’on planifie de quoi on va parler sur la route! »
Samuel, qu’on a rencontré séparément, est d’accord avec sa blonde. « Quand on est à la maison et qu’il y a des choses dont on veut discuter, c’est facile d’avoir des distractions : la vaisselle à faire, un appel ou un texto qui entre, une série à regarder, l’heure d’aller se coucher parce qu’on travaille tôt le lendemain, etc. Alors que dans l’auto, on est comme confinés ensemble pendant une période donnée, il n’y a personne qui nous écoute, et on a le temps de se parler pour de vrai. En fait, il y a certains sujets qu’on aborde juste quand on fait de la route », résume-t-il.
Les témoignages de Samuel et de Mathilde nous font réfléchir : est-ce qu’un trajet en voiture est l’ultime occasion de jaser d’affaires deep et importantes? Et si oui, comment ça?
«Alors que dans l’auto, on est comme confinés ensemble pendant une période donnée, il n’y a personne qui nous écoute, et on a le temps de se parler pour de vrai.»
On a interrogé Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue et professeure associée à l’Université du Québec à Montréal, pour comprendre cette tendance. « Plusieurs choses expliquent qu’un couple qui se retrouve seul en voiture pendant plusieurs heures ait tendance à avoir des conversations importantes, affirme la spécialiste. Premièrement, le fait que le trajet soit un moment prolongé, sans distraction, joue vraiment sur la création d’un bel espace de discussion. Quand on est à la maison, dans le quotidien, c’est facile d’être distrait par les activités, le mouvement, les responsabilités, le stress lié au travail, etc. Donc on n’est pas toujours disposé à discuter réellement avec sa blonde ou son chum. En voiture, c’est différent. Il n’y a pas de rappel de la réalité ni du quotidien, comme une pile de linge à plier ou de la vaisselle qui traîne sur le comptoir », explique la Dre Beaulieu-Pelletier.
« Enweille, embarque ma belle, je t’emmène faire un tour »
La fin de semaine dernière, on a proposé à Mathilde et à Samuel de partir en voiture et d’aller se promener pendant une heure, pour tester une théorie : un trajet d’auto stimule-t-il leur envie de jaser de choses importantes?
« Au début, je ne pensais pas que ça allait marcher, m’avoue Mathilde, en toute transparence. Je pensais que le fait qu’on provoque le moment “discussion en auto” allait tuer la spontanéité. Mais c’est fou, parce qu’au bout d’une dizaine de minutes, après avoir fait le tour de quelques sujets plus anecdotiques, on s’est instinctivement mis à parler d’un des derniers sujets dont on avait parlé la dernière fois qu’on est allés à Mont-Laurier, dans la famille de Sam. »
«Je me rends compte qu’on aborde souvent le même type de sujets quand on fait de la route. On parle presque toujours de sujets délicats en lien avec nos familles.»
Même son de cloche du côté de Samuel : « Je me rends compte qu’on aborde souvent le même type de sujets quand on fait de la route. On parle presque toujours de sujets délicats en lien avec nos familles. Mathilde et moi, on vient de milieux familiaux assez différents et parfois, ça crée des clash. Donc quand on se rend à Mont-Laurier ou qu’on en revient, on parle souvent des situations familiales qui pourraient survenir ou de ce qui s’est passé avec nos parents. »
La Dre Geneviève Beaulieu-Pelletier confirme : « C’est vrai que la voiture, surtout quand on y passe une période prolongée, ça crée une bulle. Il y a des gens – des couples, par exemple – qui peuvent avoir tendance à réserver certaines conversations ou certains sujets pour les trajets en auto. C’est comme s’ils avaient une conversation fragmentée, en continu. »
Les propos de la psychologue résonnent parfaitement avec l’expérience de Mathilde et de Samuel. Tous les deux nous ont confié avoir deux ou trois conversations en suspens, qu’ils poursuivent de ride d’auto en ride d’auto. « Toutes les discussions qu’on a eues sur nos projets d’avoir des enfants, on les a eues entre Montréal et Mont-Laurier », me confie Mathilde.
Discussion sur l’oreiller
En plus de la bulle dans l’espace et dans le temps, la Dre Geneviève Beaulieu-Pelletier voit un autre élément qui contribue à l’approfondissement des sujets lorsqu’on fait sur la route : « Quand on est dans une voiture, on n’est pas face à face, mais plutôt côte à côte. Quand on est assis l’un.e à côté de l’autre, on sent moins le regard de son interlocuteur.trice. Ça peut aider à vivre ses émotions de ne pas être regardé, et de ne pas regarder l’autre. Aussi, ça aide certaines personnes à être moins sur la défensive, plus réceptives. »
«La posture non frontale peut aider à se livrer. Certains psychologues utilisent parfois cette approche avec leurs patient.e.s.»
L’explication de la psychologue rappelle le concept de la fameuse « discussion sur l’oreiller », cette tendance qu’ont de nombreux couples à avoir des conversations profondes lorsqu’ils sont couchés dans leur lit, côte à côte, sans se regarder. « Oui, effectivement, confirme Beaulieu-Pelletier. La posture non frontale peut aider à se livrer. Certains psychologues utilisent parfois cette approche avec leurs patient.e.s, en leur proposant de se coucher sur un divan, plutôt que de s’asseoir dans un fauteuil face au thérapeute. »
« Je suis un peu comme Al Capone »
Samuel nous parle également d’un autre facteur qui, selon lui, crée une bulle de discussion avec Mathilde. « Récemment, j’ai regardé un film sur Al Capone, et j’ai remarqué qu’il a plein de discussions très privées et full importantes quand il est dans son auto. Sa voiture, c’est quasiment son bureau. Dans mon cas, quand on fait de la route, j’aime l’idée que personne ne peut nous entendre, d’être vraiment seuls. C’est comme si ça me sécurisait. Dans le fond, je suis un peu comme Al Capone! »
Maintenant, il ne reste plus qu’à attendre la fin des zones rouges to hit the road!
***
Vous avez un sujet délicat à aborder avec votre douce moitié? Ça tombe bien, Communauto vous offre 40 $ de rabais pour toute nouvelle inscription aux forfaits Économique et Liberté Plus ou 20 $ de crédit d’utilisation pour le forfait Liberté sans abonnement. Cliquez ici pour en savoir davantage.