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Le Registre, c’est la version web des top-10 qu’on trouve depuis 2003 dans les pages de la fin du magazine. Récemment, Le Moes est déménagé dans un appart tout seul, et il a découvert que ça a du bon et… du moins bon.
Vivre seul est une expérience. Que ce soit suite à une rupture, une mauvaise expérience de colocation ou simplement par choix, partager ton quotidien avec ton toi-même est spécial. Personnellement, depuis que j’ai quitté le nid familial il y a maintenant plus de 6-7 ans, j’ai vécu tout ce qui se peut: avec une copine, avec un coloc et maintenant seul (tu peux lire mon roman-savon entre les lignes).
Dépendamment de ta personnalité et ton chemin de vie, ton rapport avec la solitude est différent. T’es peut-être le dude incapable de passer une soirée sans aller prendre ton bain de foule et fumer des clopes avec tes semblables sur une terrasse. T’es peut-être la fille qui prend grand plaisir à passer la semaine dans ses trucs sans voir personne. T’es peut-être un mélange des deux. Bin pas d’être hermaphrodite là, mais j’veux dire, dans ton degré d’aisance avec la solitude. Parce que vivre seul, après un bout, ça devient un couteau à double tranchant : y’a des plaisirs et y’a des platitudes. Même, souvent reliés entre eux.
Checkons.
LES PLAISIRS
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Le nudisme
Le bonheur de se promener dans son plus simple appareil dans le confort de son chez-soi. Si t’es quelqu’un de prude et tu te prives de ça, tu manques le bateau, l’ami. Se lever au petit matin, se rendre à la salle de bain, s’exécuter sans filtre, longer le corridor en sentant la brise siffler sur ton monsieur/ta madame et te préparer tes toasts pis ton café dans la plus grande indifférence pour la pudeur? Divin. Se promener nu, c’est un luxe qui t’es offert dans de trop rares occasions dans la vie. C’est pourquoi c’est fantastique d’avoir une fringale nocturne et ne pas te bâdrer de te draper d’un morceau de tissu pour aller jusqu’au frigo par peur de croiser un coloc ou ses amis. Évidemment, à moins que tu sois le type de coloc qui se calisse bin de se promener le Vin Diesel à l’air. Ouais, j’trouve que sa tête ressemble à un gland. Juge-moi au pire.
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Le contrôle sur ton milieu naturel
J’te connais pas. Sauf que tu dois entrer dans l’une des deux boîtes suivantes : t’es un propre ou t’es un pas propre. Soit que tu ramasses toute ou soit que tu ramasses rien. La personne qui ramasse toute, fustige contre ceux qui ramassent rien. La personne qui ramasse rien ça… en fait, ça s’en crisse bin que tu ramasses ou pas. Toujours est-il que, quand tu vis tout seul, bin c’est juste toi qui décide de quoi la place va avoir l’air. Tu veux un taudis où poussent les bouteilles vides et les seringues souillées? No problem. Au contraire tu veux une belle place où tu fais un highfive à M. Net comme dans les annonces? You’re the boss.
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L’absence de jugement d’autrui
On a tous des recoins sombres au fond de notre âme. Des habitudes étranges, des comportements louches et/ou des standards de one night parfois trop ordinaires. Quand tu partages une crèche avec quelqu’un, tu dois partager votre espace de vie dans l’harmonie. Ce qui fait que consciemment ou non, tu restes une personne « moindrement » respectable aux yeux de tes colocataires. Blonde ou colocs, tu te rends compte de tout ce que tu te retenais de faire quand tu deviens l’unique témoin de tes habitudes de vie. Tes expériences gastronomiques pas legit, tes fuckfriends décevant(e)s, ta musique quétaine quand tu fais le ménage ou le fait que tu coupes tes ongles d’orteils dégueulasses dans la cuisine, tes pieds sales sur le comptoir. Sérieux.
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La crisse de paix pour les moments coquins
Tu dors dans ton lit. T’entends la porte d’entrée ouvrir. T’entends deux voix qui sont un peu pactées et qui pratique le on-va-chuchoter-pour-pas-réveiller-le-coloc-mais-on-rit-pis-on-accroche-toute-dans-place. Là, la porte de chambre avoisinante ouvre. Se referme. Moment silencieux. Soudainement, la redoutée musique de background part. Une trame sonore dont tu n’entends que les basses fréquences mais qui est juste pas assez forte pour couvrir les ébats de deux personnes qui fourrent. Joie.
Moi quand j’suis déménagé dans le condo d’un de mes chums, il m’a expliqué la seule règle : “Pas le droit de fourrer dans les pièces communes”. J’suis locataire, j’ai respecté ça. Normal que le gars veut juste pouvoir s’asseoir sur son nouveau sofa de cuir propre et non pas souillé de ma sueur de raie ou du liquide douteux d’une surprenante femme fontaine.
Aujourd’hui, vivre seul c’est de pas te soucier de qui et de quand tu ramènes ton repas pour emporter. Tu redécouvres également le fun de performer ailleurs que dans ta chambre. Un appartement, c’est pas mal plus grand soudainement. Même quand c’est pas un duo mais que tu te gâtes d’un solo, c’est plaisant d’écouter des courts-métrages égrillards le son dans l’tapis.
LES PLATITUDES
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La paresse
À t’occuper de toi-même, tu développes un manque de motivation qui se transforme en paresse. Comme lorsque l’ami avec qui tu t’es inscrit au gym décide de lâcher et tu te retrouves tout seul. C’est possible qu’à la longue, tu deviennes moins sérieux. Tu cherches moins loin pour prendre des raccourcis. Par exemple, t’étais habitué avec ta blonde de faire de la bonne bouffe ensemble. Le fait de préparer le repas pour deux personnes vaut le cassage de bécyk. Là, unique habitant, c’est souvent ce qui est le moins de trouble et le plus rapide. Hot Dogs, KD, grilled cheese et autres décevants repas qui ne méritent pas le cliché filtré sur Instagram.
Que dire du ménage? Hey, combien de temps que tu niaises avant de laver ton bain? Surtout nous, les gars, qui prennent jamais de bain mais juste des douches. La vaisselle? L’aspirateur? Ce n’est pas unique à vivre seul. Sauf que parfois, y’a un de tes colocs qui s’écœurait et qui le faisait. Là, y’a juste toi.
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Le manque de contact humain matinal
Tu t’en rends pas compte lorsque tu partages le quotidien avec du monde. Le simple « hey » ou « salut » d’une voix rauque et encore somnolente d’un colocataire est un premier contact humain dans ta journée. Même la conversation approximative avec l’autre occupant que tu fais en te grattant ta barbe d’une main et le scrotum de l’autre, est un échange en soi. Tu parcours les nouvelles matinales sur ta tablette et tu peux chialer à quelqu’un. Parce que chialer c’est comme se raser soigneusement les parties intimes : tu peux le faire pour toi, mais c’est bin plus le fun quand quelqu’un d’autre en profite.
Tandis que lorsque tu habites seul, tu peux très bien passer une journée complète sans avoir à t’exprimer ou croiser un autre homo sapiens. T’as beau ne pas être quelqu’un de très matinal un « yo, bin dormi? », c’est toujours le bienvenu.
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Le coût de la vie
Simple mathématique : tu divises les factures et les dépenses avec le nombre de personnes dans cabane. Plus t’es nombreux, moins ta part est grande. Que ce soit avec ta blonde, ton chum ou, encore une fois, tes colocataires, le partage du fardeau fiscal est allégé. T’en viens à presqu’oublier le fait que la vie est chère et que l’argent ne pousse crissement pas dans les arbres. Ok tu l’oublies pas, mais tu vis mieux avec. Au pire, t’es 2-3 à chialer quand tu reçois le bill. Maintenant, pack tes affaires, ton kid si t’en as un, couvre tes meubles IKEA et lance-toi allègrement dans l’habitation solo. Consulter ton état de compte en ligne devient encore plus une activité des plus déprimantes. C’est une autre chose que t’oublies quand tu vis avec ton chum/blonde, la « joie » de splitter les différents coûts de la vie.
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L’absence de surprise
C’est, je crois, la chose la plus plate de vivre seul. Y’a juste jamais de surprise ou de moment spontané. T’es le seul occupant donc tout ce qui se passe est directement dépendant de toi. Jamais que tu vas rentrer après la job un jeudi et qu’il y aura 2-3 charmantes amies de ta coloc à la table qui se font un vino-fromages. Bonsoir mesdames. Jamais que tu ouvres la porte du frigo et que t’aperçois full bières dans le tiroir à légumes, gracieuseté d’un généreux coloc. Jamais que tu rentreras à la maison et que tu te pèteras un fou rire de 10 minutes en raison que la place est tout emboucanée parce que ce même dude a essayé de faire cuire des biscuits mais qu’il les a oublié 25 minutes de trop dans le four. Jamais que tu te lèves dans la nuit pour pisser et que tu dois réveiller ce même coloc (c’tait un gars fantastique) parce qu’il s’est endormi, pacté raide, sur la bolle en chiant.
Et jamais que t’as eu une journée de cul au bureau, que t’entres à la maison pour constater que ta blonde t’as préparé un souper de roi et qu’elle te regarde, l’œil scintillant, l’air de dire « On bouffe pis après tu mets ton Willy Wonka dans ma fabrique de chocolat ». Non, jamais.
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Toi? Tu vis seul, à deux-trois-quatre ? Ton rapport à la solitude est comment?
Portez-vous bien, jeune gens.