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Le Rapport de police

Par
Éric Samson
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Le gouvernement avait 45 jours pour rendre le rapport Ménard public. Il a attendu au 44e. Au moment où tout le Québec aurait les yeux ailleurs.

C’était évident dès les premières infos que personne au pouvoir n’allait prendre ce rapport-là au sérieux. Parce que Ménard dénonce le gouvernement libéral et que, même si Jean Charest n’est plus dans le décor, la famille reste la famille. Mais surtout parce que la police, particulièrement le SPVM, s’y trouve sévèrement blâmée. Parce que la police fait le travail que les politiciens lui demandent de faire, et qu’il est donc apparemment impossible pour un politicien de critiquer les actions des policiers. On se rappellera d’ailleurs que le même Serge Ménard, alors ministre de la Sécurité Publique, avait applaudi le travail « remarquable » des policiers lors du Sommet des Amériques à Québec en 2001, alors que les lacrymos et les fumigènes tombaient comme de la neige en janvier.

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ever
Que ça prenne six ou sept heures et que les gens soient détenus dans un autobus sans installations sanitaires ni accès à de l’eau potable, ce n’est évidemment pas normal, mais avant de tenter de trouver une manière pour que les 400 personnes qu’on souhaite arrêter puissent être « traitées » dans un délai raisonnable, il faudrait se demander s’il est sensé d’arrêter un demi millier de personnes d’un coup.
Ces arrestations massives sont pourtant une conséquence directe de l’application de la loi 78 et du règlement municipal P-6, qui est en soi un véritable affront au droit de manifester. En ce sens, tout s’imbrique: une loi et un règlement municipal créent une situation où les policiers obtiennent un pouvoir démesuré sur la population et érodent les droits de tous pour ne pas troubler la tranquilité de certains. Nous en avons d’ailleurs bien vu l’arbitraire, le soir même de la sortie du Rapport, alors que les fans de Canadien ont pris la rue sans donner d’itinéraire et que les policiers ont préféré se faire prendre en photo avec les jolies fans de sport plutôt que sortir la cavalerie et les flashbangs.
prévenir la violence
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shoot to kill
Parce que le policier ne voit jamais une manifestation pacifique. Il ne voit même pas une manifestation pacifique où quelques personnes décident de casser des vitres. Il voit toujours une émeute potentielle. C’est dans sa nature, dans son entraînement. Donc, quand il voit quelques centaines de gens marcher à contre-sens sur St-Denis en criant des slogans, soit il sort le cayenne, les balles de caoutchouc et les grenades assourdissantes pour disperser la foule coûte que coûte, ou il ferme la rue et embarque tout ce beau monde-là pour une petite balade en autobus jusqu’à l’endroit où les chanceux vont recevoir leur contravention de 637$. Qu’il y ait concrètement risque d’émeute ou pas.
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Alors… Protéger et servir… qui?
[Ce billet n’aurait pas été possible sans les contributions de Mathieu Charlebois, blogueur à L’actualité, que je remercie chaleureusement.]
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