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Le « Projet Ambition Québec », c’est quoi ça?

On a soumis cinq mots à la députée Catherine Fournier pour qu'elle nous explique.

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Le 19 novembre dernier, la députée indépendante Catherine Fournier (que vous pouvez lire de temps en temps dans nos pages) lançait officiellement le Projet Ambition Québec, un mouvement souverainiste non partisan. Ce n’est pas exactement comme si la souveraineté était sur toutes les lèvres en ce moment, alors on était un peu intrigués par tout ça. On lui a donc demandé de nous décrire sa vision des choses en cinq mots.

Oui, on a vraiment essayé de faire un acrostiche. Non, on y est pas arrivé.

Ambition

C’est le mot au centre du PAQ et au centre de la démarche, mais qu’est-ce que ça signifie pour toi l’ambition? Être ambitieuse (surtout pour les femmes) ç’a parfois une connotation négative dans notre société, mais ça ne semble pas t’effrayer.

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Bien au contraire! C’est cette ambition qui a incité les femmes à foncer pour faire tomber les plafonds de verre et ainsi prendre la place qui leur revient dans la société. J’aimerais nous voir collectivement faire de même. L’époque des Québécoises et des Québécois « nés pour un petit pain » est révolue. Il faut voir l’ambition comme quelque chose de sain, car c’est un sentiment qui nous pousse à vouloir nous dépasser, à offrir le meilleur de nous-mêmes, au bénéfice de l’ensemble. Cela vaut autant pour les individus que pour les nations. Le dictionnaire Larousse définit d’ailleurs l’ambition comme étant le « désir ardent de parvenir à quelque chose ». Autrement dit, il s’agit d’un puissant carburant vers un but que l’on se fixe. Les questions que nous posons avec le PAQ sont donc les suivantes : quel pourrait être ce but, dans le cas du Québec? Quels seraient les objectifs à atteindre pour nous rapprocher de nos plus grands rêves en tant que nation? Et si le Québec devenait l’une de ces grandes références mondiales pour relever les défis de notre époque? C’est cette ambition que nous cherchons à stimuler avec notre projet, parce que nous avons confiance en nous et en ce que nous avons à offrir au monde.

Inclusion

Dirais-tu que jusqu’ici le mouvement souverainiste a négligé cet aspect dans son désir de faire du Québec un pays? A-t-on trop longtemps mis de côté les Québécois.e.s issus de l’immigration, les autochtones, etc. dans la discussion? Shophika [une des membres du PAQ] l’évoquait dans une de ses interventions de manière plus large lors du lancement.

L’inclusion est effectivement une valeur au cœur du projet Ambition Québec. Nous sommes convaincus que le pays à bâtir est une occasion formidable de nous rassembler, en permettant aux Québécoises et aux Québécois de toutes les origines et de toutes les générations de se réunir autour d’un projet commun, au sein duquel tout le monde a sa place, parce que l’ensemble de ces expériences auront été prises en compte dans une démarche de co-construction. Cela vaut également pour les Premiers Peuples avec qui nous partageons le territoire. Nous avons la possibilité d’imaginer de nouvelles institutions politiques, d’instaurer un modèle de gouvernance innovant qui reconnaîtra l’ensemble de nos droits à l’autodétermination, ce qui poserait les jalons d’une réelle réconciliation, en plus d’être pratiquement une première à l’échelle internationale! Il faut saisir cette chance!

Nous sommes convaincus que le pays à bâtir est une occasion formidable de nous rassembler […] Cela vaut également pour les Premiers Peuples avec qui nous partageons le territoire.

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Autrement, je ne crois pas qu’il y ait eu une « exclusion » volontaire des personnes issues de l’immigration ou autochtones au sein du mouvement souverainiste par le passé, mais il est vrai que quelques maladresses et certaines erreurs plus prononcées en ont sévèrement écorché la perception, d’un point de vue externe. Je crois en fait que les efforts pour connecter le projet de pays avec ces personnes n’ont pas été assez soutenus. Il faut chercher à créer des ponts, même si c’est difficile et que l’attitude peut être réfractaire. Avec le projet Ambition Québec, nous croyons que l’empathie peut faire toute la différence pour mettre la table à un réel dialogue. Surtout, il faut reconnaître que cela peut prendre du temps, mais l’investissement en vaut la chandelle, comme il est essentiel à sa réussite.

Terrain

Au terme du lancement, les gens étaient invités à poser leurs questions sur le projet via IG, une autre façon d’aller sur le « terrain » en temps de pandémie. Votre mouvement insiste aussi beaucoup sur le rôle du « local », des municipalités, des communautés. Mais justement, comment rejoindre tout ce beau monde en pleine pandémie de COVID? N’est-ce pas un drôle de moment pour lancer le PAQ? Pourquoi maintenant et comment, dans le contexte, espérez-vous rejoindre les gens?

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Cela pose certainement son lot de défis! Encore une fois cependant, nous préférons l’envisager de manière positive, c’est-à-dire que le contexte particulier que nous impose la COVID-19 nous permet de développer des moyens innovants pour rejoindre les gens, notamment en trouvant de nouvelles manières d’utiliser les réseaux sociaux et les autres plateformes virtuelles à des fins de mobilisation sociale. Rien ne remplacera jamais le contact en personne, mais améliorer notre efficacité sur le Web constituera sans aucun doute une corde de plus à notre arc. Notre équipe maîtrise les technologies et nous comptons bien utiliser cette force à notre avantage.

Au-delà des moyens que nous déploierons pour connecter avec la population, nous sommes d’avis que le sentiment d’impuissance que nous avons pu légitimement ressentir depuis le début de la pandémie peut être transformé en quelque chose de constructif et de résolument optimiste. Comme nous cherchons justement à proposer un projet positif et rassembleur pour le Québec, nous croyons en fait que notre lancement a le potentiel d’être tombé à point nommé.

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Questions

Justement, parlant de questions, quelles sont celles qui reviennent le plus souvent dans les échanges que vous avez avec les Québécois.e.s à propos du PAQ? Quels sont les aspects qui intriguent le plus vos interlocuteur.trice.s?! Leurs inquiétudes? Et vous leur répondez quoi?

La question qui revient le plus souvent après la fameuse « allez-vous devenir un parti politique » (et à laquelle la réponse est non – ni maintenant, ni jamais) est celle de la distinction avec les autres organisations souverainistes de la société civile. La démarche du PAQ est complémentaire à celles de ces dernières et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, elle vise un terrain politique présentement inoccupé par le mouvement : celui du palier municipal. De plus, notre action est orientée de sorte à additionner en générant de l’adhésion à l’extérieur des cercles souverainistes (et en particulier les nouvelles générations qui n’ont jamais eu l’occasion de se prononcer sur le projet de pays), dans le but de créer un dynamisme qui permettra d’avoir un effet multiplicateur au bénéfice de l’ensemble du mouvement.

Notre but n’est surtout pas de dire que NOUS rassemblons plus que telle organisation ou que tel parti. Le rassemblement, c’est d’accepter de combiner les approches.

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Plus fondamentalement, dans les prochaines années, nous visons à créer un engouement autour du projet de pays pour favoriser l’émergence d’un momentum favorisant le rassemblement politique des souverainistes. Nous sommes d’avis que cet engouement sera encore plus grand si plusieurs initiatives d’organisations différentes s’additionnent et fonctionnent. Notre but n’est surtout pas de dire que NOUS rassemblons plus que telle organisation ou que tel parti. Le rassemblement, c’est d’accepter de combiner les approches, de faire partie d’une équation plus large que son parti ou que son organisation, pour arriver à la réalisation du projet collectif que nous avons en commun.

Futur

Tu l’as répété dans les médias, l’indépendance et la démarche du PAQ, c’est du long terme. Dans ton monde idéal, le Québec ressemble à quoi dans 5 ans? Dans 25 ans?

En effet. Nous sommes pragmatiques et réalistes. Nous savons que le mouvement souverainiste traverse une période difficile, mais nous envisageons aussi cette période comme une occasion de construire de nouvelles bases pour le projet, à partir de ses fondations les plus solides héritées des générations précédentes. Nous savons ce dans quoi nous nous embarquons et sommes prêts à nous engager sur plusieurs années.

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Pour ma part, dans 5 ans, j’espère que le Québec se sera rapproché de cet idéal de société que nous cherchons à promouvoir et dans 25 ans, j’ose croire que nous soufflerons déjà les quelques bougies de sa réalisation.

Je vois un Québec fort et uni, fier, assumé (et assuré) dans son identité culturelle et linguistique, ce qui nous aura collectivement permis d’établir des relations plus harmonieuses avec la communauté anglophone et d’entretenir un rapport différent, plus confiant à l’égard de l’immigration. Je vois un Québec à l’avant-garde sur le plan démocratique, doté d’institutions politiques de proximité, décentralisées sur le territoire, qui maximisent la participation citoyenne et contribuent à vitaliser nos régions. Je vois un Québec plurinational, où cohabitent harmonieusement les peuples québécois et autochtones, dans le respect de l’autodétermination de chacun. Je vois un Québec bienveillant à l’égard des générations futures en leur garantissant un environnement sain grâce à une gestion responsable de nos ressources naturelles. Je vois un Québec qui met tout en œuvre pour permettre aux individus de se réaliser à leur plein potentiel. Je vois le Québec reconnu pour son action en matière d’équité des chances sur la scène internationale, de même que pour son leadership en matière de lutte aux changements climatiques et pour le maintien de la paix. Je vois les résultats d’un Québec ambitieux.

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