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Le problème du marché Jean-Talon

Par
Michael Robichaud
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Chaque fois que je vais au marché Jean-Talon, j’en ressors avec une certaine déception.

Cette déception, c’est celle de savoir qu’il n’y a pas de marché de ce calibre près de chez moi. Une fois de retour dans mon 4 et demi dans Centre-Sud, il n’y a qu’une gigantesque épicerie Métro offrant trop de fruits et légumes importés des États-Unis et d’ailleurs à proximité de mon appartement.

J’exagère certes: deux petites fruiteries se cachent dans le quartier, avec quelques boulangeries et autres boutiques alimentaires spécialisées. Mais quand on est le moindrement pressé, ou paresseux, il est rare que l’on fasse ces quelques détours pour encourager les petits marchands.

Je suis le résultat de mon époque, cette ère de consommation simple et rapide chez Wal-Mart. Si acheter des produits de meilleure qualité me demande quelques minutes de déplacement supplémentaires, je vais me résigner à acheter des pêches de la Californie chez Métro au lieu d’un panier de fruits cueillis à quelques kilomètres de la ville où j’habite.

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Nous sommes probablement nombreux à être trop blasés pour faire l’effort d’encourager un petit commerce pour acheter des concombres du Québec. Ça fait le plaisir des des titans de l’alimentation que sont Métro, Loblaws et compagnie, qui continuent de garder le contrôle sur l’offre d’aliments dans ses épiceries et, par conséquent, dans notre assiette.

C’est malheureux. Mais, d’un autre côté, ce n’est pas comme s’il y avait abondance de producteurs locaux et indépendants partout dans Montréal. Au contraire. Ceux-ci sont généralement bien cachés, survivant dans l’ombre des oligopoles de la bouffe, qui ont aussi le contrôle d’une grande partie de la distribution alimentaire de la province.

En tant que Montréalais, arpenter les allées de producteurs de fruits et légumes québécois en salivant trop fort me reconnecte quelque peu avec le fait que la bouffe, ça n’apparaît pas dans notre assiette par magie. Importer des framboises de la Californie demande des centaines, voire des milliers de kilomètres de carburant, à un coût écologique et économique majeur, alors que celles produites au Québec ne requièrent qu’une petite fraction de ce coût, en plus d’encourager de bons payeurs de taxes québécois. C’est un win-win pour tout le monde.

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Mais voilà, la logique voulant qu’il devrait être plus simple, accessible et cheap de consommer de la bouffe produite à côté de chez toi est renversée par ce système complexe économico-globalisateur-capitaliste-whatever qui favorise les tomates américaines pleines d’OGM, aux dépens des tomates québécoises naturelles. Et nous, consommateurs, on hausse les épaules en se disant « kessé que je peux changer anyway », alors que nous pourrions encourager les sympathiques petits producteurs locaux du marché Jean-Talon, malgré les petits détours nécessaires.

Image : Wikipédia