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Le printemps, de façon décousue et émotive

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On était une gang, l’autre fois, sur Berri. Genre plus que 35. J’dis sur Berri mais ça débordait. Il aura fallu un hélicoptère perché à plus de 700 pieds dans les airs pour nous prendre en photo, toute la gang. On était vraiment plus que 35, finalement.

C’était rouge de gens. Des gens venus se rassembler pour essayer d’écrire en lettres timides un bout de notre histoire québécoise. Des petits, des grands, des discrets, des bruyants. C’était beau à voir. Mon coeur battait aussi fort que dans les meilleurs moments du film “Coeur Circuit”. C’est pas rien ça.

J’avais des frissons. J’étais heureux de savoir qu’il était encore possible de se lever, au Québec, pour manifester son mécontentement et pour demander à nos dirigeants d’entamer le dialogue avec nous.

Mais malgré la vague déferlente d’esprits inspirés et de fiers adultes de demain, nos dirigeants ont maintenu leur position. Contrairement au mois de mars qui lui nous taquine le moral avec ses allures d’été, ils sont restés froids.

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Mais quel service après-vente de marde. On a voté pour ça, nous (Mais pas moi)? Ce que l’on me démontre maintenant, c’est qu’une fois que t’as voté, tu dois tout gober ce qu’on te donne et qu’il n’y a aucune garantie de satisfaction, quoiqu’il arrive. On décide parce que c’est comme ça et c’est tout. La démocratie a mal, c’est sûr. T’sais, chez Costco, tu peux ramener un micro-ondes scié en deux après huit mois d’utilisation en disant “Je l’ai scié moi-même, pour le fun” et ils ne posent même pas de questions. Ils le reprennent et te remboursent. Ici, on se met à coups de 100 000 pour demander de discuter et la seule réponse qu’on a, c’est un non. J’pensais jamais dire ça dans ma vie, mais si j’avais pu, j’aurais voté pour le Costco.

C’est triste et plus ça continue, plus on tombe dans le cynisme, particulièrement dans les médias. Étonnamment, ceux qui ont le plus grand rayonnement sont ceux qui ont le moins de sens dans leur approche journalistique. On a devant nous une bande de jeunes étudiants articulés, instruits et motivés et on leur tappe dessus à grand coups de Richard Martineau et de Stéphane Gendron.

On les invite à des émissions et on les introduit poliment, en les remerciant de s’être prêtés à l’entrevue. Ensuite, c’est l’humiliation. On pose une question et on se fout de la réponse. On se moque de chaque mot prononcé comme si on écoutait un enfant balbutier. On trouve ça cute et on rit, entre animateurs. On fait de grands gestes clownesques dans une aisance inexistante pour ridiculiser l’invité.

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On s’adonne à des spectacles du plus bas niveau, simplement pour remplir un 5 minutes de contenu. On finit par un merci hypocrite, un levé de yeux au ciel et un soupir de baby-boomer désabusé. De la belle télé. Du beau raccourci intellectuel pré-mâché, livré pour ceux qui ne perdent pas de temps à réfléchir. Faut croire que ça vend.

Mais vous, messieurs les érudits, tenanciers de la justice et détenteurs du savoir, êtes bien au-dessus de tout ça, confortablement assis au creux de votre expérience de vie et riche de vos heures de travail acharné, ayant forgé votre caractère et votre confiance en vous. Vous êtes maintenant parfaits, au sommet de votre potentiel. Félicitations. Vous me dégoûtez.

On fait quoi quand on est témoin de tout ça ? Comment fait-on pour éviter le cynisme en tant que jeune quand, dans notre pays, on entend plus souvent parler des artistes voleurs et des étudiants profiteurs que des gouvernements corrompus? On se base sur quoi pour se dire “Tout ira bien” quand les dirigeants, d’une main, nous caressent la joue simplement pour mieux nous voler de l’autre?

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On se protège comment quand les gens tirent partout, même sur les cibles les plus faibles, seulement pour étancher la soif que l’indignation a déclenchée en eux, à force de traîtrises et de mensonges ???Je suis fondamentalement optimiste et je vais persister. C’est une obsession chez moi de vouloir la paix, le bonheur et l’équité. Ça me nuit, des fois, tellement j’ai écouté de films de Walt Disney.

Alors je promets de faire tout ce qui est en mon pouvoir, en 2012, pour que l’on arrive à s’entendre et à se respecter c’est-à-dire, le souhaiter chaque fois que mon iPhone affichera 11:11.

Attention, je n’hésiterai pas à mettre une alarme s’il le faut. T’sais, quand t’es surpuissant.