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On parle beaucoup de diversité corporelle dans les médias et sur les médias sociaux et, à ceci, je dis chapeau.
C’est important d’encourager les gens à ne pas tomber dans le cercle vicieux de perpétuellement se comparer physiquement à des images idéalisées du corps et de ce qu’il projette.
Embrasser la différence, tout comme l’acceptation, c’est essentiel.
Ceci dit, ça serait naïf de croire que du jour au lendemain les tracas causés par nos corps s’estompent parce qu’une revue à potins montre un bourrelet sur sa page couverture.
Je ne dirais quand même pas non à un petit vingt livres de moins autour de la ceinture.
Tout ça, c’est un combat avec soi-même qui est, à mon avis, sain dans une certaine mesure. Prendre conscience de son corps vient forcément avec une comparaison qui elle peut provoquer des malaises.
Si c’est vrai pour notre façon d’être, nos emplois et nos habitudes de vie, c’est aussi vrai pour notre rapport à notre corps.
Moi le premier, j’ai beau me réjouir de voir le «dad body» prendre des airs de noblesses sur les médias sociaux, je ne dirais pas non à un petit vingt livres de moins autour de la ceinture.
Autant pour l’esthétisme que pour ma santé et ma capacité inexistante de toucher mes orteils.
Le petit ventre #DadBod n’est que l’amplification d’une certaine paresse que j’entretiens au fil des ans.
Je me réjouis de la diversification des corps sur la place publique, mais en même temps, je peux difficilement ignorer la petite voix en moi qui me traite de «gros lâche» le matin quand je croise un miroir.
C’est du cas par cas et une réalité bien personnelle, mais pour moi, le petit ventre #DadBod n’est que l’amplification d’une certaine paresse que j’entretiens au fil des ans. Une paresse doublée d’une propension à la facilité qui se matérialise dans mes choix de vie.
Ceci dit, où est la ligne entre l’envie de se trouver plus beau nu et se rendre malade à se comparer à des gens plus en forme?
Comme il n’y a pas d’absolu pour évaluer le tout, le jugement personnel reste une prison de verre difficile à contourner et, croyez-moi, on est toujours notre pire critique… en plus de prêter aux autres des intentions démesurément négatives de notre personne.
Le mélange de sueur et de coupe non avantageuse des vêtements offre une vision assez effrayante d’une journée d’été au soleil.
J’ai cette réflexion avec le printemps qui revient, tout doucement, et l’obligation de se dévêtir pour être confortable dehors.
Ce n’est rien d’alarmant, mais je ne suis certainement pas le seul propriétaire d’un «dad body» qui se sent moins à l’aise en t-shirt quand la température grimpe. Le mélange de sueur et de coupe non avantageuse des vêtements offre une vision assez effrayante d’une journée d’été au soleil.
C’est d’ailleurs un réel problème, même si l’enjeu du magasinage est trop souvent réservé aux femmes. Trouver des vêtements à la bonne taille quand le ventre affiche un peu trop de volonté, ce n’est pas une tâche amusante. Un brin trop gros pour du large et clairement trop petit pour de l’extra large. Reste la zone grise entre les deux avec les chandails qui remontent ou les épaules qui se perdent dans l’abondance de tissu.
Rien pour offrir un baume à l’estime.
Je suis le produit de ma propre négligence.
Ceci dit, je fais quand même partie des privilégiés qui ne tombent pas dans les problèmes excessifs, maladifs ou médicaux. C’est pourquoi je n’ose pas trop me plaindre de mon sort, sinon que pour souligner que ma propre paresse me fâche et afflige mon quotidien.
Ce n’est ni la société, les médias ou les gens – tout ça part de moi qui n’a pas cette petite voix motivante au fond de la caboche qui s’abreuverait à même les résultats positifs d’une remise en forme.
Je suis le produit de ma propre négligence, le poids de ma paresse, le reflet de mon relâchement.
La diversité corporelle, pour moi, c’est ce que ça éveille. J’ai peut-être un heureux problème, me direz-vous, car la honte et l’intimidation ne s’invitent pas dans mes angoisses, mais je me permets le partage pour que les gens qui se sentent comme moi, un peu entre deux chaises, ne minimisent pas leurs préoccupations.
On peut se sentir comme de la marde même si on cadre dans la norme.
Reste maintenant à laisser miroiter l’idée de me remettre en forme pour la nouvelle saison chaude… oubedon m’acheter quelques pots de Ben & Jerry’s à la pâte à biscuits.
Pour lire un autre texte de Stéphane Morneau: «Peut-on encore apprécier la nudité dans un monde qui l’exploite?».