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Le plus grand troll des conservateurs revient en politique

Rencontre avec l'artiste Chris Lloyd

Par
Joelle Bond
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Avez-vous vu les nouvelles pancartes électorales qui ornent les poteaux de la circonscription de Papineau? Elles soulignent le retour en politique de Chris Lloyd, un artiste qui écrit une lettre par jour depuis 15 ans à un célèbre correspondant: le Premier ministre du Canada! Démasqué alors qu’il tentait de se faire élire sous la bannière conservatrice, Lloyd revient maintenant à la charge en tant que candidat indépendant.

Joëlle Bond a rencontré le très charismatique personnage pour notre spécial Canada.
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Retour vers le futur
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Je rejoins Chris Lloyd, un grand fouette de garçon, dans Papineau, une circonscription montréalaise qu’il affectionne particulièrement (et où, accessoirement, on mange très bien indien). Si elle lui est chère, c’est qu’il y a été, pendant quelques mois en 2015, candidat fédéral pour le Parti conservateur. Une façon comme une autre de se rapprocher du chef du parti, Stephen Harper, son correspondant chouchou de la dernière décennie. Une façon aussi, et surtout, de donner une autre dimension à Dear PM, son vaste projet artistique.

Dans le café où il m’a donné rendez-vous, le candidat-écrivain démasqué me raconte son aventure, avec un accent anglophone qui ferait fondre les jeunes filles du Nunavut…

Chris, tu écris une lettre par jour au premier ministre depuis quinze ans, donc depuis que tu as 24 ans. (Pardon, je sais qu’on révèle ton âge aux lecteurs, mais juste à ceux qui savent faire des additions. De toute façon, t’as l’air plus jeune).

À l’époque, je travaillais dans une buanderie. Pas besoin de te dire que du temps libre, j’en avais en masse ! En tant qu’artiste, je réfléchissais beaucoup au système politique dans lequel nous, les Canadiens, sommes tous embarqués. Je me suis dit que j’avais une voix à travers ça. J’ai pris mon crayon et j’ai écrit une première lettre, à la main, adressée à la personne qui a le plus de pouvoir au Canada. Ça ne s’est jamais arrêté!

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Ça doit en passer du crayon à mine, et on parle de pas loin de 130$ de timbres par année. Ça fait pas un peu cher pour un gars qui te répond pas?

Poster une lettre au Parlement c’est gratuit! Et j’ai reçu environ une quinzaine de réponses au fil des ans.

“Cher Chris, merci pour ta lettre, comment va ta blonde “, genre?

Pas du tout, c’était toujours des lettres toutes faites. De toute façon, ce projet, c’est un peu comme écrire à Dieu, au père Noël, ou dans mon journal intime. C’est la démarche qui est importante pour moi: écrire tous les jours c’est, au-delà du contenu, un genre d’exploit. En 2001 je me suis mis au courriel, comme le reste de la planète! Ça me permettait de tenir les curateurs des expositions où Dear PM était exposé au courant de l’évolution du projet en temps réel, parce que je les mettais en copie dans mon envoi quotidien.

Dear PM a été exposé?

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Oui, je suis même allé à Val-d’Or! J’ai exposé les lettres, les livres, et divers objets qui font partie de ma réflexion sur l’identité canadienne. Parfois, les lettres de Dear PM côtoient des peintures hyperréalistes, des vidéos, des photos et des installations qui peuvent ressembler à un genre de cabinet de curiosités… typiquement canadiennes!

Dear PM a pris un nouveau tournant quand tu t’es lancé en politique: qu’est-ce qui pousse un artiste accompli à sauter dans la gueule du loup?

C’était le meilleur moyen de joindre le geste à la parole et je voulais voir comment ça marchait de l’intérieur. En 2011, j’ai commencé à assister à des rencontres, j’ai décidé de m’impliquer dans l’Association du Parti conservateur de ma circonscription et j’en suis devenu président l’année suivante! D’ailleurs, c’est encore moi qui suis signataire des chèques pour le compte de l’Association…

Comment vivais-tu la dualité Bruce Wayne/Batman ?

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C’était gérable, même si certains de mes amis artistes ne comprenaient pas ma démarche. Pour eux, c’était comme si je frayais avec l’ennemi, surtout quand j’ai décidé de me présenter comme candidat en 2015. Je devais ramasser vingt-cinq signatures de membres pour pouvoir déposer ma candidature. Or, il n’y avait que vingt-cinq membres du parti dans Papineau. Comme certains d’entre eux m’ont dit non, plus par paresse qu’autre chose, j’ai demandé à quelques amis de devenir membre! Et comme les conservateurs n’ont jamais réussi à élire de député dans Papineau, j’étais moins sous le feu des projecteurs que, disons, le candidat de Mont-Royal.

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Procurez-vous en une copie pour lire l’article intégral dans notre magazine Spécial Canada.
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