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BrunoB est l’acteur porno québécois le plus connu. Il a construit sa réputation dans l’industrie XXX en se filmant en train de baiser des chicks qu’il avait rencontrées dans les bars. Rencontre avec le king du cumshot.

Lundi, 13H, quartier Rosemont. Mes talons martèlent le plancher en bois du corridor qui mène au studio de BrunoB. Sur le chemin, je croise le voisin de palier de la célèbre pornstar. Il ralentit, puis me jette un regard amusé.

Calvaire.
Je le savais.
Je n’aurais jamais dû mettre un trench coat avec des bottes à talons.
J’ai l’air d’une actrice porno.
Quelques secondes plus tard, j’arrive devant le studio de BrunoB. La porte est déjà grande ouverte. J’entre sur la pointe des pieds. Un lit couvert d’une couette moutarde et orange brûlé, des divans dépareillés et un bureau en mélamine noire meublent le loft. Des affiches de Dali, de Bob Marley et de Mona Lisa aux seins nus tapissent les murs vert lime de l’appartement. L’endroit n’a rien à voir avec les locaux de «big producers». On se croirait plutôt dans une chambre d’ados.
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Au loin, j’aperçois mon interviewé, confortablement assis sur un sofa en cuir, les bras tendus comme Jésus sur sa croix. Il porte une paire de jeans, une casquette noire et un hoody blanc. Je traverse la pièce enfumée pour aller le rejoindre sur le canapé. Il me sourit et tend la main. J’ai déjà l’impression de le connaître.
BrunoB a beau être l’acteur porno le plus célèbre du Québec et avoir baisé les plus jolies femmes de la province, il dégage encore le charisme et l’attitude du guy next door : celui avec qui on veut regarder un match de hockey, jouer une partie de PlayStation ou aller clubber le vendredi soir sur Saint-Laurent pour avoir du gros fun noir. Mais comment un gars comme lui a-t-il pu réussir à devenir le Ron Jeremy du Québec? Je sors ma petite enregistreuse. Je la dépose sur la table, à côté du cendrier.
La naissance du roi
Avec détachement, BrunoB me raconte qu’il a grandi dans la Collectivité Nouvelle à Longueuil, le même quartier que moi, et a étudié à l’école secondaire Jacques-Rousseau. Il n’a pas besoin d’en dire plus pour que je devine qu’il était le genre d’adolescent qui conduisait une Civic, qui sortait au Fuzzy de Brossard et qui allait raver au Red Light de Laval, comme à peu près tous les petits gars de la Rive-Sud. Ce qu’il me confirme. Ça s’entend dans sa voix éraillée, ça se voit dans ses choix vestimentaires qu’il est un gars de club. «Ouais, mais j’ai changé. Ça, c’était mon mode de vie avant, me dit-il. Je me suis calmé depuis que j’ai eu une petite fille.» BrunoB est père? Oui, oui. Et il une blonde qu’il aime d’amour pis toute.
Il poursuit.
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Après avoir complété son secondaire, il a fièrement décroché un diplôme en kinésithérapie et son père lui a même acheté sa propre clinique à Saint-Jean-sur-Richelieu. «J’ai pas aimé ça, dit-il. Le monde était trop peace et moi, j’étais pas assez granola. Pis, quand les clients me parlaient de leurs problèmes, ça me touchait trop. Je suis le genre de personne qui écoute beaucoup quand quelqu’un me raconte ses histoires, t’sais.» Trop sensible pour la ligue, BrunoB a quitté l’univers de la kinésio pour devenir conducteur de lift chez Rona, puis chauffeur pour un ami qui produisait des films pornos.
C’est là, à 25 ans, qu’il a fait ses premières armes dans l’industrie XXX. «Sur les plateaux, il y avait tout le temps des acteurs qui avaient de la misère à bander, explique-t-il en s’allumant une cigarette. Moi, je les regardais et ça me tentait d’y aller à leur place. Je le savais que j’étais capable de la faire lever, parce que j’n’avais jamais eu de problèmes avec ça. Comme de fait, ç’a marché.»
Le sacre
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À ses débuts, le jeune homme — aujourd’hui âgé de 31 ans — recevait uniquement des pipes et refusait de filmer des scènes complètes, parce que les producteurs lui interdisaient le port du condom. C’est lorsqu’ils ont viré leur capote de bord qu’il a accepté d’aller plus loin et qu’il a développé son fameux personnage de BrunoB : l’average guy qui couche avec des supra-chicks. «Quand j’ai commencé, je voulais m’appeler Jack Ass, mais y’ont sorti l’émission télé qui portait le même nom, dit-il. Ça fait que j’ai choisi BrunoB. Ça se prononce BrunoBe, comme dans wannabe. Dans le temps, je disais tout le temps “Check le wannabe!” C’est comme ça que j’ai eu l’idée.»
Depuis la création de son alter ego, BrunoB comme dans wannabe a tourné des dizaines de films et créé son propre site web, inspiré par le passage de Karl Bernard, le propriétaire de Gamma Entertainment (un important producteur de sites pornos au Québec), à l’émission de Claire Lamarche. «Le gars avait 17 ans, se rappelle Bruno. Il parlait de ses 20 000 membres qui payaient 29 $ chacun pour consulter ses sites. Je me suis dit qu’il fallait que j’aie une carrière sur Internet.»
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J’ai eu beau insister, BrunoB a refusé de me dire combien son site web lui rapportait mensuellement. «Tout ce que je peux dire, c’est que je suis loin d’être millionnaire», affirme-t-il. Une chose est certaine, cependant, c’est qu’il est un homme d’affaires très rusé, qui ne se laisse pas marcher sur les couilles. Un wize kid. «Ça me dérange pas de passer pour un ti-coune, parce qu’en bout de la ligne, les gens qui me parlent le voient bien que je ne suis pas cave», dit celui qui a appris l’informatique et le montage vidéo tout seul, comme un grand.
Les règles de l’art
Alors qu’au début de l’entrevue il était aussi fermé qu’une moule, BrunoB commence tranquillement à se dégeler. Je reconnais enfin le bon Jack, ultra attachant que j’ai découvert (en cachette, la nuit, cachée sous une table) dans ses vidéos. J’ai une folle envie de lui donner des bines tellement je le trouve sympathique. Mais, je me retiens.
En allumant une autre cigarette, le Longueuillois m’explique qu’il tourne aujourd’hui deux scènes par mois. Pas plus. Je lui ai demandé plusieurs fois d’assister à ses «fameux» tournages, mais il a toujours refusé. Bien qu’il détienne six années d’expérience derrière le pantalon, il est encore «intimidé » lorsqu’il y a des «gens pas rapport » qui se trouvent sur le plateau.
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Avant de filmer une scène, BrunoB vérifie d’abord les cartes d’identité des filles et procède à une enquêt pour s’assurer qu’elles n’ont pas moins de 18 ans. «C’est le protocole que je respecte depuis le début. Moi, j’ai pas le goût de me ramasser à J.E. pis que ma grand-mère me voit à la télé!» Une fois que tout est en règle, il invite la fille dans ses studios (qui ont l’air d’une chambre d’ados).
Le jour du tournage, BrunoB se filme pendant quelques minutes en train de parler devant le miroir : il explique comment il a rencontré l’actrice et livre ses états d’âme aux auditeurs. Un peu comme Passe-Partout à la fin de son émission. «Des fois, j’oublie le nom de la fille, me dit-il. Mais, c’est pas grave. Le monde aime ça. J’ai l’air plus player.»
Quelques heures plus tard, la fille débarque dans ses studios. Sans perdre de temps, BrunoB lui fait ses suggestions de positions. «T’sais, moi, je ne force pas quelqu’un à faire quelque chose qui lui fait mal, assure celui qui dit respecter les femmes. Après, je la tripote un peu, mais c’est rare qu’elle soit là : “Wouhou, let’s go!”. On vient de se rencontrer y’a cinq minutes. Des fois, ça prend du glisse-doux.» Du glisse-doux? «Du KY.» Et des fois, il doit la chasser chez elle parce qu’elle est menstruée ou parce qu’elle souffre d’une vaginite.
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Une fois les préliminaires complétés, le tournage dure généralement 15 à 20 minutes. «Je suis pas capable de bander plus longtemps, reconnaît-il humblement. C’est pour ça que je peux pas aller faire carrière à L.A. Je suis pas assez membrer et je ne peux pas tenir pendant 45 minutes. Pas comme Peter North.
BrunoB parle de sa procédure comme un astronaute de la NASA qui explique la marche à suivre pour aller dans l’espace. Préliminaires, pénétration, puis puissant cumshot (sa spécialité) Tout est tellement mécanique, tellement officiel. Après six ans passés à répéter la même formule, on se demande comment le Longueuillois fait pour éprouver encore du fun à l’ouvrage. «T’sais, je suis un gars quand même. Les filles sont belles… me dit-il. C’est moi le boss, donc je m’arrange pour en trouver à mon goût.» Quel genre? «J’aime les filles plus petites que moi, mais j’aime aussi les plus grandes. Dans le fond, j’aime les femmes tout court. Pis avec du maquillage, tout le monde peut être beau!»
Si je comprends bien, j’ai des chances, c’est ça?
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Même s’il ne le laisse pas transparaître à l’écran, BrunoBavoue qu’il en a un peu marre de tourner des scènes de fesses. À l’heure actuelle, il rêve de passer de l’autre côté de la caméra et de devenir producteur. Un peu comme Karine Vanasse avant Polytechnique. «Et si ça ne marche pas, je vais retourner travailler en construction», me dit-il.
En attendant la fin de son règne, BrunoB mène une existence paisible dans le triplex de ses parents à Longueuil. Il se réveille en écoutant Salut Bonjour! et, le soir, il regarde des films d’action qu’il a loués au club vidéo, en mangeant des sacs de Gummy Bears. Puis, le week-end, il s’amuse avec son pocket bike et sort au Radio Lounge avec ses chums. Comme dirait Jon Lajoie : «He’s just a regular every day normal guy.»