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Le monde selon J : Fêter son 32e au chalet

Par
Jordan Dupuis
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J’ai eu 32 ans vendredi. Je suis officiellement vieux. 32 ans c’est comme un nombre insignifiant car tes amis se sont donnés comme Céline su’les Plaines pour ton 30e, alors 32, c’est comme le rejet des dates de fête, l’équivalent du gars dans ton album de finissant du secondaire que tu regardes et que tu te dis : “Ah ouin, y’était dans mon année lui ?!”

C’est vrai mon Jord , t’es un gars de bois dans le fond.
Tout débute avec le transport de Montréal à Magog. Je n’ai pas de char, problème numéro un. Ayant invité une amie à venir, je décide d’aller la rejoindre au métro Jolicoeur car on est plus près du pont Champlain on va donc éviter l’embouteillage de l’heure de pointe. Je me plante donc au coin de l’arrêt de bus 55 qui me rendra au métro Place-des-arts afin de faire la ligne verte vers l’ouest. 5…10 puis 15 minutes de retard que l’autobus cumule avant de finalement pouvoir embarquer dedans et se ramasser pognés en tapon durant 30 minutes dans le trafic sur Saint-Urbain à cause des es*i* de Francofolies. Tout ça pour une marche qui aurait pris 15 minutes, mais trop lâche avec mon sac de voyage bin bourré sur l’épaule, je feelais pour prendre le bus. On a ce que l’on mérite, me direz-vous.
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Mon but premier en allant au chalet est assurément de relaxer de façon zen et organique. Évidemment, tout le contraire se produit, immobiles sur la 10 à 16h, cul à cul jusqu’à Chambly. Squeezés entre un 18 roues et une Civic argent qui pense que plus son beat est fort plus le char avancera, j’essaie de prendre mon gaz égal et de me dire que plus je me fais chier, plus ça veut dire que le week-end sera merveilleux. Deux heures et demi plus tard, incluant un arrêt au Mcdo pour une liqueur douce à 1 piasse, car je suis complètement addict à ce spécial « leurre » où on te fait accroire qu’on te rafraîchit pour 1 dollar mais dans le fond on souhaite que tu te bourres dans la friture rendu au comptoir, on arrive à Magog (prononcé Mééégog selon les locaux). Honnêtement, j’aurais besoin d’un rehab de Coke Diète à 1$ tant j’y vais pendant l’été. Une chance que le spécial se termine en septembre, car je vous jure que si l’aspartame donne le cancer, je passe l’automne en chimio.
Évidemment, pendant tout ce temps, il pleut 32 cordes par minute. Pour une fois que je décide de booker quelque chose en dehors du 514, faut que Dame Nature me fasse un pet sauce dans le nez et décide de brailler des hectolitres de pluie pour être sur que le terrain du chalet soit en bouette, que le chien crotte la place au maximum, que l’eau de la plage soit à 45 et que l’on puisse pas dormir les fenêtres ouvertes, nous condamnant donc à dormir dans une humidité digne d’un sauna vapeur du village en plein gay pride.
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Arrivé au chalet, je me couche assez tôt et croise les doigts pour que demain soit un jour de résurrection et que la chance soit de mon bord. Mes prières semblent avoir porté fruits car en me levant, la température semble être à la hausse et le soleil décide de se pointer le bout du nez. Je décide donc avec ma chum de me faire une tasse de café et de savourer cela sur la terrasse. C’est en tétant mon café que je réalise que je bois dans les tasses que l’on avait à la maison toute ma jeunesse, ces mêmes tasses que l’on était pu capables de voir et que ma mère s’en allait sacrer aux vidanges mais que mon père, en argumentant, a réussi à convaincre de les garder, au cas où qu’il disait. Ne trouvez-vous pas cela ironique que l’on se tape deux heures de route à se la cuire en char pour finir à manger dans de la vaisselle que l’on était à boute de voir durant 15 ans, à se laver avec les serviettes usées qu’on croyait bonnes pour la scrap, à chiller dans un divan que même les punaises veulent pas, à se laver avec de l’eau qui sent le pet et à troquer sa couette en plumes pour une douillette en synthétique achetée au Wal-Mart.
Bref: quitter le confort de son appart, celui qu’on se tue à vouloir se payer à longueur d’année pour le fuir le week-end venu et aller faire son pauvre en région sous prétexte qu’on veut profiter de la nature.
Je le répète: la nature c’est vraiment overraté.
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Donc je suis toujours bien au moment où j’écris ces mots, assis dans la cuisinette du chalet à regarder la pluie tomber en buvant un café instantané tout en me râpant les lèvres sur la vieille tasse chippée turquoise du trousseau de ma mère, habillé en mou et ratant un party de tapettes au Belmont ce soir car je suis pogné à Méégog sur le lac. Avoir 32 ans, groupe, c’est vraiment pas la grosse affaire finalement.
J.