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Le meilleur film d’horreur que vous n’avez (probablement) pas vu

Ode à «Session 9». Le film qui m'a gardé debout pendant plusieurs nuits.

Par
Benoît Lelièvre
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* ce texte contient de légers divulgâcheurs… mais rien qui ne vous empêchera de ressentir toute la terreur que provoque ce film. *

Il existe deux genres de films d’horreurs: ceux où on voit les monstres et ceux où on ne les voit pas.

Personnellement, j’ai beaucoup de difficulté à m’attacher aux personnages d’un film de vampires. Quand tu rentres dans un manoir louche à la recherche d’une créature démoniaque légendaire, y’a plus de chances que j’te crie: «AMÈNE-TOÉ DES PIEUX, ESTIIIIEE. PASSE CHEZ RÉNO-DÉPÔT AVAAANT» que j’empathise avec ta mort annoncée.

Même chose pour le film de tueurs en série: «VA PAS EN HAUT. MAUDITE CONNE, VA PAS EN HAUT SI T’AS ENTENDU DU BRUIT EN HAUT.»

Ça vous fait pas ça, vous?

Quand tu rentres dans un manoir louche à la recherche d’une créature démoniaque légendaire, y’a plus de chances que j’te crie: «AMÈNE-TOÉ DES PIEUX, ESTIIIIEE. PASSE CHEZ RÉNO-DÉPÔT AVAAANT».

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Anyway, c’est pour ça que j’aime les films d’horreurs où y’arrive des trucs inexpliqués. Où la relation de cause à effet est la plus mince possible. Parce que si un film ne fournit pas de cause à ton cerveau, il va en chercher une tout seul et c’est cette incertitude-là qui est réellement épeurante.

Si tu le sais pas qu’un fantôme est en train de dégommer une bande de moniteurs de camp de vacances libidineux, ça peut être n’importe quoi: un démon, un extra-terrestre… ou juste un tueur en série. Être dans l’incertitude à savoir si un truc terrifiant qui se passe dans un film peut t’arriver à toi ou non, c’est ça le vrai sentiment d’horreur.

En gros, il faut que le film ait des règles mais qu’on les découvre en même temps que les personnages du film. Comme dans le classique de Paul W.S Anderson Event Horizon ou, plus récemment, l’excellent It Follows.

Mais le meilleur film d’horreur est une petite production américaine largement oubliée aujourd’hui, qui s’appelle Session 9.

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Ce qui s’passe dans le film

Je vous explique. Cinq gars sont engagés pour enlever l’amiante dans les murs d’un hôpital psychiatrique abandonné. C’est une tabarouette de grosse job. Les gars vont en avoir pour un bon deux semaines à travailler fort, mais… le patron Gordon (Peter Mullan) a promis que ça allait être fini en une semaine afin de gagner la soumission.

Ça veut dire: beaucoup d’heures supplémentaires et du travail la nuit, dans l’endroit le plus creepy au monde. Endroit qui existe pour de vrai, d’ailleurs. Certaines des atrocités racontés par les personnages y ont vraiment eu lieu.

Bien vite le projet se met à virer en marde pour les gars et l’hôpital se met à interagir avec chacun d’eux de manière différente. Pas un ancien patient caché. Pas un monstre surnaturel. Nenon, la FUCKING PLACE commence à influencer le comportement des travailleurs. Le gambler irresponsable Hank (Josh Lucas) se met à capoter sur des histoires d’argent caché dans les murs par des patients, le gars qui a peur du noir Jeff (Brendan Sexton III) commence à se retrouver seul dans des endroits sombres, l’associé Phil (je vous laisse la surprise de cliquer pour savoir qui le joue) commence à jouer dans le dos de Gordon (or so it seems!) et l’intello Mike (Stephen Gevedon) trouve une série d’enregistrements de sessions de thérapies qui pourrait éventuellement expliquer ce qui s’passe.

J’vous le dit tout de suite: ça finit horriblement mal.

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Pourquoi c’est si épeurant

Parce que lorsque le film finit, votre explication à savoir ce qui s’est passé est aussi bonne que la mienne.

Ça s’peut que ce soit une histoire de fantômes, mais ça s’peut que ce le soit pas du tout non plus.

Je vous explique.

L’hôpital interagit avec tous les membres de l’équipe de rénovations, mais elle ne parle qu’à l’un d’entre eux. Parce qu’elle le connaît.

Pourquoi est-ce qu’on hôpital abandonné connaîtrait quelqu’un par son p’tit nom? Le film laisse une trâlée d’indices tous plus subtils les uns que les autres. Je l’ai regardé seize fois et à chaque fois j’ai trouvé des indices qui pointaient dans les deux directions. Le film se conclut sans donner l’histoire complète.

L’hôpital interagit avec tous les membres de l’équipe de rénovations, mais elle ne parle qu’à l’un d’entre eux. Parce qu’elle le connaît.

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On voit ce qui est arrivé, mais on reste dans le noir à savoir pourquoi c’est arrivé et ça.. ça là…l’échec du rationnel, c’est fucking terrifiant. Est-ce qu’on est dans le domaine du symbolique? Du surnaturel? Est-ce juste une tragédie à propos d’une homme avec de graves problèmes mentaux? Ce sera votre problème de trouver la réponse aux petites heures du matin, parce que vous êtes trop terrifiés pour dormir.