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Mes hommages.
En ce 2017 qui se montre le galbe, permettez-moi, d’abord, de vous souhaiter une fantastique année. Une pas pire épopée, comme le fredonnerait Boucher. Du petit sel aux herbes sur vos concombres. Des double-dips sans jugement. Des frisettes. Des risettes. De l’air. De la paix. De l’air.
Beaucoup d’air.
Jamais je n’ai souhaité tant d’air. Le vent ultime. Vous savez, cet état qu’on ne goûte qu’en bobettes, dans l’intimité de sa garçonnière jonchée de plats de take-out vides, avant le blues des grands constats? Vous savez. La tabarli de paix. Les baskets libérées d’autrui. De ces petites mains pleines de confiture qui s’accrochent à tes pattes pour te demander des affaires. Ton temps. Ton like. Tes idées. Ton empathie. Ton rein. Ton enthousiasme déjanté à leur égard.
CES GENS QUI DEMANDENT SANS CESSE DES AFFAIRES.
Et les meilleures, hein. Après tout, c’est le minimum rationnel à demander quand tu t’aimes un tant soit peu le cuir. Si t’es pour manger un sandwich aux tomates, autant exiger planter tes palettes dans les meilleurs caps (j’attrape toujours les caps).
Vous les connaissez. Ces gens toujours en quête de la meilleure affaire une coche au-dessus de toi.
Jusqu’ici, c’est très bien. Demande. Un fou d’une poche.
Jusqu’à ce que tu insistes pour le meilleur du meilleur.
Les demandeux de meilleur.
Vous les connaissez. Ces gens toujours en quête de la meilleure affaire une coche au-dessus de la meilleure affaire que toi, tu ne vivras jamais.
Sous le couvert du «mayday Facebook», ils pointent le pied, candides, le petit œil plissé-aveuglé par la lumière du bon peuple avec qui ils frayent si peu, puis demandent le meilleur de ton meilleur avec cette belle autorité qu’on reconnaît dans la bienveillance du regard des tsars:
«Facebook. Je cherche des passementeries. Un béret. Une place pour acheter des pinottes au safran. Le meilleur foodtruck sur la Côte amalfitaine. Un tireur de joints bon marché, mais professionnel, dans les Cantons-de-l’Est. Des idées gratisses pour ma prochaine chronique. La définition du mot groseille. Une laveuse d’occasion, donnée, mais prestigieuse (ps: si tu livres, installes et pars ma prochaine brassée, c’est encore mieux) #frontalefriande».
Plus la demande est spécifique et frivole, plus le demandeux est désagréable. Injonctif. Pingre. Et pas reconnaissant pour deux roupies.
«Facebook. Le meilleur petit bistro pour vivre un happening gourmand à Cincinnati avec la plus belle des femmes (la mienne) et Almodovar, happening au cours duquel je pondrai avec nonchalance un article pour lequel, by the way, je prendrais tes tuyaux, tes sources et tes clés de char? Resto pas cher, cachère, tout de suite et si bleu pâle, ma distante reconnaissance éternelle et mon désintérêt complet dans quatre minutes. À go? GO!! #jaimelesarancinis».
Alors là. LÀ. Quand tu m’appelles «Facebook».
Je lâche toute.
Demandeur chic et désagréable, tu m’emballes.
Ma salade. Mon bronze. Le p’tit que j’avais dans les bras. Ta soudaine familiarité et ta chaleur désarmante d’authenticité me feraient soulever mer, monde et cheval d’arçon, même si la petite Comaneci s’y trouvait encore. Et là, je ne te parle pas de ton petit «go».
Go? GO!!!! Je cours où, calvénusse? VITE. Il y a urgence. Et JE NE VEUX PAS TE DÉCEVOIR. J’aime ça, quand tu me donnes des petites balises. Des petits coups de gun qui m’indiquent quand est-ce que c’est que je dois me swinger du tremplin pour gagner ta petite course. Ton respect. Le conditionnel de ton amour.
Demandeur chic et désagréable, tu m’emballes.
À toi, je ne souhaite que le meilleur et le clé en main. Je retourne à l’instant lécher la poussière de mes plinthes en attendant le printemps (et ta prochaine demande).
La bise.
Pour lire un autre texte de Catherine Ethier : « Ce billet qui est loin d’être «taste» »
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