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Le match Tinder

Par
Gwenaëlle Scorta
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Dans le coin gauche: Tinder. Dans le coin droit: Gwenaëlle. Allais-je gagner ou perdre ce combat? Partout où j’allais, je n’entendais que la foule crier: Tinder, Tinder, Tinder! Exactement lorsque j’étais en 6e année et que le mot “gwine” a fait son apparition dans le vocabulaire des jeunes rebelles. J’ai su illico que les bums du secondaire n’allaient pas m’épargner. Bref.

Je n’ai jamais été une fervente adepte des sites de rencontre: ma dernière expérience de flirtage en ligne remontait à Doyoulookgood en 2008. Même si mes amies me vantaient les bienfaits du Tinderworld, j’ignorais l’appel. Jusqu’au jour où j’ai remarqué ces gens.

Ces gens dans le métro, dans la rue ou dans un café, partout, qui swipaient subtilement, tantôt à gauche, tantôt à droite. Une vraie épidémie.

Que je le veuille ou non, Tinder me pourchassait. J’ai alors créé mon profil en me convaincant par ces arguments: je ne sors pas beaucoup dans les bars, donc ça ampute excessivement les chances de rencontrer un prince. Je ne risque pas non plus de tomber sur le père de mes enfants à mes cours de pilates ou quand je sors mes vidanges le lundi soir. Grossomodo, la seule possibilité que mon cœur chavire pour un barbu-drôle-brillant est quand je magasine mes cannes de thon au IGA. Charmant.

À mon grand bonheur, l’annonce IT’S A MATCH a flashé plusieurs fois.

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Attention, car l’excitation suivant cette annonce ne dure souvent pas très longtemps. Soit aucune conversation ne démarre. Soit tu regardes de nouveau les photos du sexe opposé et tu clames: Fuck, pourquoi j’ai liké ce dude? Soit tu likes sans faire exprès un dude qui t’as également liké pis il t’harcèles jusqu’à temps que tu découvres l’option: supprimer l’affinité. Soit un début de conversation intéressante naît puis un des deux arrête subitement de parler. Et 1 fois sur 10000, un gars entame la discussion par autre chose que: « SALUT SA VA… » et on se dit que tout n’est pas perdu.

C’est ainsi que mon été fut agrémenté de “swipage” all day everyday: au déjeuner (5-6 coups en buvant ton café), au dîner (entre 2 bouchées de sandwich au jambon,) su’a bol (tellement longtemps que j’en avais les pieds engourdis), dans le lit (jusqu’à temps que le choix de profils soit épuisé). Quand même, je ne cacherai pas que ce Caramail 4.0 n’était finalement pas si terrible. Je me confesse: j’ai eu 3 dates et toutes étaient absolument charmantes. Je m’arrêterai là.

Après un été, je n’en pouvais plus de survoler des profils à la recherche d’un je-ne-sais-quoi éphémère. K.O, lassée et surtout mal au pouce. Suite à cette expérience de « J’ai rien à faire, m’a aller swiper », j’ai été dans l’obligation de rédiger Le petit guide des DON’TS et DO’S de Tinder pour la gent masculine.

DON’TS

-Photo de famille

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Surtout pas avec ta cousine ou un bébé*. Soit on pense que t’es en concubinage (je déteste ce mot autant que d’écailler des pistaches mais ça passe toujours bien dans une conversation…tout comme l’élégante préposition « nonobstant ») ou bien que t’es un père de famille.

*Les enfants ne sont pas les bienvenus sur Tinder.

-Une pose de groupie avec une vedette

Si tu es laid, tu ne seras pas moins laid en compagnie de Georges St-Pierre.

-Selfie de miroir

Ça, c’est un NON en majuscule gras. Laissez-les pour nous autres. On connaît nos angles un peu mieux que vous. Sans offense les boys.

-Une description qui ne contient soit que la taille de ta carcasse, un mot vedge, ton compte Instagram ou juste rien pentoute.

Merci d’être si épuré, mais on repassera.

-Photo avec un gun

Je veux ben croire qu’on est à la chasse sur Tinder, mais gardons cela au sens figuré.

-Un fuck you ou un chest apparent sur la totalité des photos

Tu ne mérites qu’une seule chose: un swipe à gauche.

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-Quand il est impossible de t’identifier parce que tu es constamment entouré de tes 84 bros.

Si tu tiens à l’effet de groupe, encercle ta face sur chacune des images à l’aide du partner Paint.

DO’S

-Une photo avec un animal

Préférablement dans la famille des félins ou des canins. À noter que toi sur le bord de la beach avec un serpent de 8 mètres de long sur tes épaules et un petit singe exotique qui danse la macarena en background, c’est non.

-Une petite description funné

Le classique «I’m not gonna tell your mom we met on Tinder.» mérite d’être revisité. Soyez créatifs, messieurs.

-Une photo où on peut te voir en action dans quelque chose que t’aimes faire

En train de manger de la poutine, d’escalader une montagne, de prendre des photos, de jouer de la guit’, de tricoter, de sniffer un verre de vin. Tout cela est acceptable et fortement suggéré.

-Une photo où on voit tes dents

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Il ne faut jamais faire confiance à un profil où le dude ne montre pas ses dents. Ça ne peut qu’amener de mauvaises nouvelles: un dentier, des dents jaunes ou une palette manquante.

Ceci conclut pas mal Le petit guide des DON’TS et DO’S de Tinder pour la gent masculine.

P.S. J’ai supprimé Tinder pendant quelque temps.

Puis je l’ai re-téléchargé.

Et re-supprimé.

Et re-re-téléchargé.

Et re-re-supprimé.

On verra pour la suite, mais j’avoue que ce cancer virtuel aura eu raison de moi.

Tinder: 1

Gwenaëlle: 0