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Le marketing des régimes: une industrie qui vous déteste?
C’est inévitable : avec le début de l’année arrivent les résolutions de se mettre au régime. Après quelques semaines à se bourrer joyeusement la face en famille, on se sent investi de la même mission, année après année, celle de perdre du poids. C’est la saison du « New year, New me », boosté aux publicités sur Facebook, dans le métro et dans les vitrines des gyms.
Pendant qu’on se casse le cul à peser dix livres de moins (puis quinze de plus, puis huit de moins, pis douze de plus…) en se haïssant jour après jour, en obsédant sur le contenu de nos assiettes et en carburant à la culpabilité, l’industrie du régime, elle, engraisse chaque année en se nourrissant de nos insécurités. On ne va pas se le cacher : c’est super déprimant.
Heureusement, dire fuck you à tout ça est encore une option. Je vous propose donc, aujourd’hui, quelques pistes de réflexion sur le sujet. Ensuite, vous ferez ben ce que vous voulez avec ça. Vos fesses, votre décision!
Premièrement, avant de lui lancer tout notre argent, il serait pertinent de réfléchir un peu à l’industrie de la perte de poids et des régimes (à noter que même si ça s’appelle un lifestyle, un cleanse, une detox ou du clean eating, ça reste un régime). Si c’est basé sur la restriction alimentaire et le contrôle volontaire du poids corporel, c’est un régime.
Vous ne serez pas surpris d’apprendre que c’est une industrie très, très lucrative dont la valeur se chiffre dans les dizaines (voire les centaines) de milliards de dollars et dont les profits ne cessent d’augmenter. Et cette belle grosse machine, elle carbure à quoi? Vous l’aurez deviné : à nos complexes, qu’elle travaille d’ailleurs très fort à entretenir. Peu importe de quoi t’as l’air, qui tu es ou ce que tu fais, elle va faire en sorte de te convaincre que c’est pas assez. Que cette année, tu dois faire mieux.
Mais « mieux », en fait, c’est quoi?
Si vous me répondiez que c’était plus heureux, plus généreux, plus authentique, ce serait merveilleux. Nouvel An ou pas, on devrait toujours tenter de devenir une meilleure personne pour soi-même et les autres. Là où ça chie, c’est quand des décennies de grossophobie et de culpabilité catho résiduelle nous ont convaincu que « mieux », ça passe forcément par la punition, la restriction et l’autoflagellation.
La santé, pourtant, c’est pas simplement être plus mince ou plus ferme. C’est bouger pour le plaisir, savoir se reposer, manger des choses qu’on aime.
À force de pourrir notre rapport à notre corps, de nous convaincre qu’on ne sait pas faire les bons choix pour nous-mêmes et que tout ce qui nous apporte du plaisir est une mauvaise chose dont il faut se repentir, on réussit à nous vendre l’illusion que la santé et le bonheur passent par le comptage d’amandes et les workout douloureux en compagnie d’un sosie de Dan Bilzerian qui nous hurle qu’on est un gros tas de marde en nous faisant charrier des roues de tracteur à -40.
La santé, pourtant, c’est pas simplement être plus mince ou plus ferme. C’est bouger pour le plaisir, savoir se reposer, manger des choses qu’on aime. C’est respecter et chérir son corps, pas le forcer à se conformer aux standards du moment ou de se sentir forever coupable d’avoir repris du spag le week-end passé. « Mieux », ça devrait vouloir dire plus heureux. Plus libre. Mais ça serait beaucoup moins lucratif.
Si davantage de gens rejetaient l’idéal esthétique usiné que l’industrie des régimes leur enfonce dans la gorge – avec une bonne gorgée de shake à la spiruline de synthèse qui te fait chier bizarre en promettant de nettoyer tes entrailles – elle ne ferait pas long feu. Mais actuellement, elle se porte très bien.
Il faut admettre que d’un point de vue capitaliste, vendre un idéal impossible à atteindre par l’entremise d’un produit qui échoue 95 % du temps, pour ensuite blâmer le consommateur quand il n’obtient pas les résultats escomptés et le convaincre d’acheter encore plus, c’est vraiment ingénieux.
Et evil.
Parce qu’au-delà du fait que vous êtes jamais correct et que tout ce qui vous rend heureux doit être perçu comme l’ennemi, ben les régimes, ça fonctionne pas. Selon de nombreuses études, sur 5 ans, environ 95 % des gens qui ont perdu du poids suite à un régime vont le reprendre — bien souvent avec quelques kilos en bonus. Plutôt angoissant quand on sait que jouer au yo-yo avec son poids fait des ravages sur le corps, nous rendant plus à risque de développer plusieurs conditions dont la peur nous a probablement poussés à entamer un régime au départ.
Vouloir être plus en santé est une quête louable, évidemment. Moi non plus, je veux pas mourir dans d’atroces souffrances. Mais croire que la santé se mesure par un chiffre sur la balance, c’est une erreur dangereuse. La santé, le bonheur et la beauté, les vrais, ne sont ni quantifiables, ni universels, ni attachés au poids. Fondamentalement, je crois qu’on le sait tous. Mais on a été tellement conditionnés qu’on l’oublie souvent.
Heureusement, on peut aussi choisir (même si c’est pas toujours facile) d’élever fièrement deux fuck you vers le ciel. Sur ce, je vous souhaite une excellente année 2018. Puisse-elle être celle où vous remettrez tout en question et arracherez votre corps des griffes d’une industrie qui vous déteste.
Cheers!
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