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J’ai enfilé une cravate samedi avant de me rendre à Occupy Toronto. Une cravate brune avec de petits pois blancs. Inconsciemment par défi et avec une pointe d’individualisme mal placée. Réflexe d’enfant du milieu. Refus de s’associer malgré les valeurs communes (je ne connais d’ailleurs aucun hipster qui assume pleinement sa condition).
À Occupy Toronto, les hommes d’affaires de Bay Street ont fait gaffe de laisser la leur à la maison et brillaient évidemment par leur absence. Les seuls qui représentaient le corporatisme étaient des reporters de chaînes généralistes anglophones, dont un en particulier, tout en fond de teint, assis en indien dans une tente du parc assiégé, devisant avec une jeune femme de hippie vêtue. Grossière image.
Des images fortes, il y en a eu d’autres, bien sûr, comme cette loque à la tunique de chanvre souillée, qui se roulait un joint d’une main, prenait une gorgée de Starbucks de l’autre et textait sa littérature avec son pénis sur son iphone (bon, bon). Mais en général, rien qui ne déborde de la masse solidaire, uniforme et pacifique. Des indignés sans cocarde, sans petit carré rouge, vêtus simplement du linge de leur caste.
Pas de mascotte (enfin). Peu de déguisements et de visages masqués, typiques d’autres manifestations. Que des quidams assumés qui me font croire que le mouvement est là pour rester. Dans une ville comme Toronto à l’identité floue, refroidie par la brutalité des forces policières déployées lors du G20 l’année dernière, cette force tranquille rassembleuse était d’autant plus surprenante. Le respect démontré par la majorité envers l’individu a abreuvé les racines du mouvement déjà bien irriguées et je suis retournée à la maison le cœur plein d’espoir.
Certains doutent de la durabilité d’un tel mouvement au Québec et espèrent que ça ne tombera pas entre deux chaises. C’est que la province est dans le jus et que tant qu’à occuper le Square, il faudrait aussi songer à envoyer une vigie dans le Nord. Que finalement, pour manifester en silence et sans bruit il faut d’abord savoir qui nous sommes. À commencer par cesser, pour l’amour, de demander conseil à Airoldi pour nos tenues de sortie.
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