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Lundi
Ce matin, je suis allée reconduire Julien à l’aéroport. Il veut que je garde sa voiture afin que je l’amène au garage pour faire enlever les pneus d’hiver avant son retour vendredi. Il m’a embrassée sur la bouche et il m’a promis qu’il m’appellerait une fois qu’il aurait atterri à Londres. Et s’il fallait qu’il soit tué dans un attentat terroriste? En le voyant se fondre dans la foule, j’ai eu l’impression que ma vie serait un trou noir sans lui. J’avais envie de crier : «Reviens, Juju! Me laisse pas! Je passerai pas toute seule à travers la semaine!» J’avais une grosse boule au ventre. Peut-être que je suis dépendante affective. Ou trop angoissée. Ou c’est le foie gras d’hier soir? C’était une sacrée grosse boule.
Mardi
Mercredi
J’ai tellement mal dormi que ce matin, j’ai appelé la chef du service des ressources humaines du Musée des beaux-arts. «Caroline Ménard?» Elle ne me replaçait pas. J’ai dit : «Souvenez-vous, je vous ai donné ma recette d’osso bucco lors du dernier gala de la fondation de l’hôpital général.» Silence radio. «Vous portiez la même robe BCBG que moi», ai-je ajouté. (Peut-être que j’aurais dû dire que c’était MOI qui portait la même robe qu’ELLE, mais sur le coup, ça ne m’a pas traversé l’esprit.) Elle a fini par émerger du coma : «Ah oui, vous êtes la conjointe du fils de monsieur Louis Tardif, n’est-ce pas?» Je suis allée droit au but et je lui ai annoncé que je me cherchais un emploi. Elle a voulu savoir quel genre de parcours professionnel j’avais et je lui ai dit : un bac en histoire de l’art et deux ans comme assistante à la galerie Noire de la rue Saint-Paul. (OK, j’ai travaillé là seulement huit mois, mais si elle avait vu le patron à qui j’avais affaire, c’est vrai que ça compte pour le double.) En tout cas, elle m’a dit qu’il n’y avait pas d’ouverture au Musée pour le moment, mais que si j’acceptais d’aller passer un test de culture générale, je pourrais peut-être être admise dans l’équipe de bénévoles. Elle n’a rien compris! Ou c’est à cause de la robe? J’ai dit que j’allais y penser.
Plus tard
Jeudi
Vendredi
Je sors du bain ; Julien, lui, est encore dedans. Merveilleuses retrouvailles. Comme il a signé un contrat important à Londres, il est de bonne humeur et il n’a pas trop râlé quand il a vu les quatre contraventions sur le comptoir de la cuisine. Cependant, le décalage horaire lui fait perdre la mémoire, parce que quand je lui ai demandé ce qu’il préférait manger demain soir, de l’agneau ou des homards, il ne se souvenait même plus qu’on recevait ses parents! Et moi qui en fais tout un cas. Peu importe, on s’est entendus pour des cailles au porto vu que sa mère adore ça. Il m’a rapporté un coffret de thés anglais. Je préfère le café, mais je le sortirai quand on a de la visite. Ou je pourrais le donner à Fatima pour la consoler de la maladie de sa sœur. Ou à Véro, s’il y en a aux queues de cerises.