Le guide du parfait employeur cool

URBANIA et PME MTL s’unissent pour repenser l’entrepreneuriat de demain.

Pendant la période qu’on vient de traverser, on s’est tous beaucoup remis en question quant à notre avenir. Une chose est certaine : travailler pour un patron qui ne nous comprend pas, c’est terminé!

La relation employé-employeur a évolué, mais certains patrons ne sont pas au courant. Ils règnent au sommet d’une pyramide imaginaire formée de leurs employés, tous en dessous d’eux, sauf que cette façon de voir les choses fait fuir ces derniers, surtout sur le marché actuel.

Pour m’informer sur cet enjeu, j’ai posé des questions à Patrick Deraspe-Dion, qui s’occupe notamment du service de la mise en relation entre employeurs et chercheurs d’emploi offert par PME MTL, le réseau de soutien aux entreprises de la Ville de Montréal. Au quotidien, il accompagne les entreprises dans la gestion de leurs enjeux RH, qui vont du recrutement de personnel aux stratégies de rétention en passant par les différents problèmes que les gestionnaires doivent régler.

Selon Patrick Deraspe-Dion, les entreprises tentent actuellement de trouver des solutions pour pallier le manque criant de main-d’œuvre. Si la tendance se maintient, ce manque devrait empirer. Il est donc primordial pour les employeurs de trouver des moyens de se démarquer afin de conserver leurs employés.

De nos jours, les candidats recherchent plus qu’un travail. Ils recherchent des employeurs cool. Patrick m’a appris l’adage : « Prends soin de tes employés et tes employés prendront soin de ton entreprise. »

Il m’a aussi enseigné qu’un employeur cool comprend que l’être humain est la ressource la plus importante pour fonctionner en 2021. L’époque où on payait une personne uniquement en échange d’un rendement est révolue.

On a tous vu des photos de bureaux hip et tendance qui proposaient une tonne de nouveautés à leurs employés. Elles affichaient généralement un petit pug et une table de ping-pong ou de billard.

Ces extra se sont avérés être de fausses bonnes idées. De nombreux employés ont eu l’impression que ces cadeaux qu’on leur offrait étaient une façon de les distraire des réels enjeux liés au travail. La table de ping-pong semble superficielle dans un milieu où les employés se plaignent de difficultés d’accès à de meilleures conditions.

De plus, le charme de la nouveauté disparaît assez vite. Après quelques semaines à remplir leurs stories Instagram avec des photos du petit pitou de la boîte, les employés doivent ensuite s’en occuper et supporter ses caprices, comme celui de se mettre à japper en pleine réunion téléphonique.

Non seulement ces « bonus » ne comblent donc aucun besoin, ils donnent à certains l’impression d’être les victimes d’une tactique de la direction visant à les inciter à rester plus longtemps au bureau, ce qui entraîne une diminution de leur qualité de vie.

Alors, qu’est-ce qu’on peut faire? Pour trouver de bonnes solutions, il faut connaître les besoins actuels des travailleurs. Il y a une époque où les employés ne cherchaient qu’un bon salaire. Aujourd’hui, leurs demandes ont évolué… même si un bon salaire, c’est toujours le fun!

Les gens ne vont plus travailler seulement pour un salaire ou la réputation d’une entreprise, ils y vont aussi pour s’améliorer personnellement. Ils veulent acquérir de nouvelles connaissances et habiletés. Pour satisfaire ce besoin, il faut investir dans la personne pour qu’elle se développe.

On parle ici de formations pertinentes (et non de celles où on se demande pourquoi on était là…), d’entraînements ou de possibilités d’avancement. Oui, c’est vrai qu’il faudra recruter de nouveaux talents si des employés gravissent les échelons, mais au moins, ces derniers resteront au sein de l’entreprise!

Les valeurs d’entreprise sont un autre gros sujet dans le monde des RH ces temps-ci. Pourquoi une entreprise existe-t-elle? Comment veut-elle réaliser ses projets?

Une fois qu’un employeur a étalé ses valeurs d’entreprise, il se doit de les respecter. Sur papier, tout est facile à dire – c’est quand des dilemmes se présentent que ça compte.

Autrement dit, on peut faire de fausses promesses à l’embauche, mais si on ne respecte pas ses engagements, l’employé se sentira trahi, et avec raison!

Patrick Deraspe-Dion m’explique aussi que les employés d’aujourd’hui ne veulent pas travailler pour travailler : ils veulent sentir qu’ils ont un impact positif concret sur la société.

C’est pour cette raison que de nombreuses entreprises instaurent des chartes de développement durable. D’autres optent plutôt pour un impact communautaire.

Le lien n’est pas toujours clair pour les employeurs. Ils doivent se poser des questions du genre « Comment est-ce que mon entreprise de chaussures peut travailler avec un organisme communautaire local? », mais leurs actions à ce chapitre ont une incidence importante sur la rétention des employés après l’embauche.

La flexibilité est un autre critère qui gagne en importance. Avant, les gens déménageaient pour se rapprocher du travail, maintenant, c’est le travail qui doit venir à eux.

La flexibilité concerne non seulement les lieux, mais aussi les heures de travail. Après avoir bénéficié du télétravail, bon nombre d’employés ne veulent plus perdre du temps en déplacement.

Pour Audrey Bernard, fondatrice de Stimulation Déjà Vu, il est contre-productif de forcer ses employés à respecter un horaire précis. Elle fonctionne plutôt par mandats : « Le but, c’est que le travail se fasse. Si t’as un trip créatif à 11 heures du soir et qu’à cause de ça tu rentres à midi le lendemain, fais-le! »

Certains entrepreneurs avant-gardistes ont déjà résolument choisi cette voie. Ils offrent une combinaison d’heures au bureau et de télétravail qui convient mieux aux employés.

Patrick Deraspe-Dion me rappelle toutefois que l’ambiance de travail demeure capitale. « C’est important d’organiser des événements pour rencontrer les personnes derrière les courriels qu’on voit passer. Les réunions en visioconférence sont pratiques, mais nous font perdre différents avantages de l’interaction physique réelle, comme ces rires entre deux phrases qui détendent l’atmosphère ou les fameuses pauses café, qui nous font déconnecter un moment et améliorent l’ambiance de façon naturelle. »

En tant qu’êtres humains, nous avons bien plus besoin de reconnaissance que d’une table de billard.

Certains employeurs croient que démontrer de la reconnaissance passe par l’octroi de bonis faramineux, mais il est possible de le faire gratuitement, en communiquant régulièrement avec le personnel. Les employeurs les plus cool prennent des nouvelles de leurs employés et leur font part des bons coups de l’équipe sur une base régulière. Rien n’interdit d’ailleurs de profiter de ces rencontres pour rapporter quelques petits pépins à corriger au lieu d’attendre la prochaine réunion trimestrielle pour en parler. On ne laisse pas les employés dans le néant!

Certains employeurs accordent une demi-journée de congé si les résultats visés sont atteints ou après la réalisation d’un gros projet. C’est une excellente façon de faire sentir aux employés qu’ils sont appréciés.

Le plus important pour Audrey, c’est son équipe. Elle en prend soin, pour éviter de voir ses membres partir pour d’autres navires. Par exemple, quand la pandémie a frappé, elle a déclaré : « Pas de PCU pour personne! » À la place, elle est allée chercher un prêt : « Je veux vous garder! Trouvons des idées afin de travailler tous ensemble malgré la situation! » Parlez-moi d’une façon de démontrer à ses employés qu’ils sont importants pour elle!

« En gros, l’employeur cool d’aujourd’hui a une vision humaine de la vie, donc du travail, oui, mais du reste autour aussi », conclut Patrick Deraspe-Dion.

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Le monde a changé, et l’entrepreneuriat aussi. Consultez le site web de PME MTL pour découvrir des façons de vous adapter aux nouvelles réalités.

PME MTL est le réseau de soutien aux entreprises de la Ville de Montréal.