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Le grand classement des chansons des Colocs (de la pire à la meilleure)
La culture québécoise n’aura jamais réellement remplacé Dédé Fortin.
À la fois fantaisiste et militant, festif et tragique, accrocheur et sophistiqué, le cœur et l’âme des Colocs aura laissé derrière lui un héritage musical composé d’à peine une quarantaine de chansons, dont peut-être la moitié est considérée comme assez classique pour jouer pendant n’importe quel party de la Saint-Jean-Baptiste. Dédé Fortin avait saisi l’essence québécoise comme pas un avant lui et personne depuis.
Quoi? Les Colocs ont quarante-deux chansons? Êtes-vous capables de me les nommer? En l’honneur du 25e anniversaire de l’immense Dehors Novembre dans quelques semaines, j’ai pris sur moi de classer les chansons des Colocs de la pire à la meilleure afin de célébrer l’héritage de mon chanteur québécois préféré, garder son souvenir vivant et peut-être partir quelques chicanes de famille.
Je me suis basé sur quatre critères pour établir ce classement :
L’identité sonore : Est-ce qu’on reconnaît rapidement la chanson comme faisant partie du répertoire des Colocs? Est-ce qu’un autre groupe aurait pu l’écrire?
La profondeur des textes : Est-ce que c’est beau? Est-ce que la tension créative si unique à la plume de Dédé Fortin y est présente? Si oui, à quel niveau?
L’immortalité : Est-ce que la chanson a bien vieilli? Est-ce qu’elle s’est améliorée en vieillissant? Est-ce que la raison pour laquelle on aimait cette chanson est moins claire aujourd’hui qu’à l’époque?
Le « catchiness » : Est-ce un ver d’oreille ou une composition plus contemplative et difficile? Dédé Fortin était capable des deux, mais il était aussi capable de faire les deux à la fois.
Sans plus tarder, voici le grand classement des chansons des Colocs (de la pire à la meilleure) :
42. Rythmes Siko, Suite 2116
Soyons honnêtes, là. Si je vous avais fait écouter cette chanson sans rien dire, vous n’auriez jamais su qu’il s’agissait d’un morceau des Colocs. C’est juste un très long jam de percussions qui doit prendre tout son sens en spectacle avec des danseurs et danseuses, mais qui tombe à plat sans contexte. Surtout que ça dure pendant sept interminables minutes. Il fallait probablement être là pour comprendre.
41. Bossa, Suite 2116
On est dans le même registre que celui de Rythmes Siko, à la différence près que cette bossa nova un peu monocorde et sans soutien visuel ne dure que 2 minutes 40. Je ne doute pas que les intentions derrière Suite 2116 étaient bonnes, mais Dédé est très peu présent sur l’album. Encore une fois, je crois qu’il fallait être là pour comprendre. C’est un thème qui reviendra beaucoup dans cette liste.
40. Wéétoo, Suite 2116
Une autre chanson sans Dédé. C’était important pour lui que les membres des Colocs aient chacun leur moment, en spectacle ou sur les albums, mais ça dénature souvent le produit. Interprétée par les frères Diouf, Wéétoo est une chanson respectable. C’est juste pas une chanson des Colocs. Sans vouloir manquer de respect aux stars de Tassez-vous de d’là, je skip Wéétoo immanquablement sur un CD.
39. Le parti Robin des Bois, Suite 2116
C’est comme… pas vraiment une chanson? Le parti Robin des Bois est une sorte de jam improvisé sans vraiment de structure où Dédé invite les gens à joindre son parti politique. Ce n’est ni drôle ni profond. À la fin, Dédé clame haut et fort : « Moi aussi je m’en crisse, mais il faut bien que je dise quelque chose entre mes tounes une fois de temps en temps ». Suite 2116 est un album live… il fallait probablement être là. C’est juste un drôle de choix d’avoir inclus la chanson sur une parution officielle.
38. Luvla Girl, Atrocetomique
Mes hommages à Mike Sawatzky. C’est un guitariste talentueux et le deuxième membre le plus important des Colocs. C’est aussi correct de ne pas être un parolier extraordinaire. Les arrangements musicaux communiquent beaucoup mieux l’esprit de la chanson que les paroles. Luvla Girl n’est malheureusement pas une bonne chanson. C’est long et répétitif. Saviez-vous même qu’il s’agissait d’une chanson des Colocs avant de consulter cette liste?
37. U-Turn, Dehors Novembre
Sérieux, je m’excuse, Mike. Si je voulais une toune de Brad Paisley où il parle de son pickup, j’écouterais probablement Brad Paisley. J’ai classé U-Turn devant Luvla Girl pour la profondeur de ses paroles, même si elle est interminable (six minutes!), mais calvaire. Coincée entre les immenses Tout seul et Tellement longtemps, U-Turn fait pitié sur Dehors Novembre. Je suis certain qu’elle plaît à plein de fans de country.
36. Naala yééssi, Suite 2116
Dédé est à peine présent. Du moins, je crois que c’est lui qui marmonne la mélodie comme un gars dans sa douche au début. L’instrumental est pas mal du tout. Une petite guitare funk. Des mélodies d’harmonica inspirées. Encore une fois… c’est à peine une chanson. On dirait une sorte d’intro pour leur spectacle. Je suis sûr que Naala yééssi fait plus de sens en contexte, mais drôle de choix de l’avoir mise sur l’album.
35. Du temps pour essayer, Suite 2116
Bon. Je me sens un peu mal de classer un hommage à Dédé aussi bas. Du moins, j’ai l’impression qu’il s’agit d’un hommage à Dédé. Je ne comprendrais pas pourquoi cette chanson existe, sinon. Placée à la toute fin de Suite 2116 et interprétée par Mike Sawatzky (pauvre Mike), Du temps pour essayer ne fait que souligner l’absence de la plume et de l’énergie de Dédé. Ça devait être rough parfois, exister en périphérie d’un talent si énorme.
34. Hého, Atrocetomique
Premier choix controversé? C’est vraiment la seule chanson composée et interprétée par Dédé Fortin que je déteste. Arrangement musicaux oubliables, paroles simplistes, tout ce que Hého a pour elle c’est un refrain qui sonne comme s’il avait pu être écrit par Yelo Molo. Ça m’a pris tellement de temps avant de comprendre que le nom du personnage était « Hého ». Je ne comprenais pas pourquoi la deuxième phrase du refrain était incomplète.
33. Ain’t giving up, Atrocetomique
Après celle-là j’te lâche, Mike. De 33 à 18, on est dans un registre de chansons des Colocs allant d’écoutables à très bonnes. Ain’t Giving Up n’est pas une mauvaise chanson du tout. Elle n’est pas mémorable non plus, mais n’importe qui dans le mood pour écouter du blues un peu rétro y trouve son compte. Ça manque peut-être un peu de mordant et les cuivres sont de trop, mais la voix de Mike Sawatzky et le ton joyeux s’y prêtent parfaitement.
32. Je chante comme une casserole, Les Colocs
Mononc’ Serge est une légende de la chanson québécoise. Un brin plus grivois dans son approche, on l’aime pour des classiques comme Saskatchewan, Ogunquit et l’immortelle Les Patates. Je chante comme une casserole, c’était un coup de pratique. Plus télégraphiée et inoffensive que la suite de son répertoire, elle fait quand même sourire, mais elle ne passe pas le test des écoutes multiples. Du moins, pas une à la suite de l’autre.
31. Le roi d’angleterre, Atrocetomique
Première reprise dans la liste. Dédé avait interprété ce classique de Nino Ferrer au Spectrum lors de l’enregistrement d’Atrocetomique, le soir du référendum de 1995. Agrémentée de cuivres et de beaucoup d’attitude, elle n’est pas mal du tout. C’est un peu difficile d’apprécier la beauté des textes de Ferrer sur un rythme endiablé, mais jouez ça n’importe où et c’est sûr que le party pogne.
30. J’ai pas compris, Atrocetomique
La moins bonne des bonnes chansons des Colocs? Dédé y raconte une crise de panique avec sa verve ratoureuse qu’on aimait tant sur un riff de guitare endiablé et (à ma grande surprise) juste assez de trompettes pour que ce soit le fun. Il y a beaucoup trop de cuivres sur Atrocetomique, sérieux. Ça saoule. J’ai pas compris trouve un bel équilibre, mais elle aurait pu être encore meilleure. On dirait une version démo d’une excellente toune pas finie.
29. La maladresse, Dehors Novembre
Sacrilège! Comment donc une deuxième toune de l’immense Dehors Novembre peut se retrouver en dessous du top 20? C’est simple, il s’agit d’une autre chanson composée et interprétée sans Dédé Fortin. C’est la création du deuxième bassiste du groupe, André Vanderbiest. Le « facteur Colocs » est à peu près nul (surtout sur un album aussi fort), mais c’est une bonne (et surtout très simple) chanson sur les insécurités au masculin.
28. J’suis snob, Atrocetomique
Deuxième reprise! Dédé Fortin a tout le registre et le charisme nécessaire pour faire honneur à ce classique de Boris Vian et il s’en sort pas mal du tout. Elle manque peut-être un peu de vigueur pour se démarquer. Les Colocs ont interprété vingt-cinq chansons pendant l’enregistrement d’Atrocetomique et Dédé semblait un poil fatigué pour incarner toute la coquinerie française dans son ampleur.
27. Tout l’monde, Atrocetomique
Une deuxième toune de Mononc’ Serge. Plus mémorable et surtout, plus proche du genre de chansons qui ont fait sa renommée. Il y a peut-être quelques représentations culturelles d’époque, comme le dit si bien Radio-Canada, mais c’est quand même un morceau drôle et fantaisiste qu’on peut (à peu de choses près) chanter en famille. Si tu lis ça Mononc’, je t’aime! Prends pas ça personnel. Ton stock à toi est meilleur que ton stock avec Les Colocs.
26. Prends tes bagages, Atrocetomique
Racontée du point de vue d’une femme qui sacre son fuckboy de chum à la porte, Prends tes bagages maquille la culpabilité et la contrition racontée dans ses paroles avec un riff de guitare endiablé et l’un des instrumentaux les plus équilibrés sur Atrocetomique. Tout un exploit pour un album rempli d’excès et de jams impromptus. De loin l’une des chansons les mieux composées sur un album plein d’idées inabouties.
25. Le pouding à l’arsenic, Atrocetomique
Troisième et avant-dernière reprise sur Atrocetomique, elle grouille de dynamisme et de plaisir. Le pouding à l’arsenic des Colocs ne s’aventure pas très loin de l’original, mais son univers est on ne peut plus compatible avec celui de Dédé Fortin. Il s’agit aussi d’une des rares chansons des Colocs interprétées à plusieurs voix. Peut-être pas une immortelle, mais elle n’est jamais plate à écouter.
24. La p’tite bebitte, Atrocetomique
On commence à creuser dans les petits bijoux cachés d’Atrocetomique, un album qui n’en compte pas tant que ça. La p’tite bebitte est une chanson militante racontée du point de vue d’un insecte qui décide de tourner le dos à la société. Les arrangements musicaux sont très moyens, mais le groupe a décidé quelques années plus tard de remplacer l’avalanche de trompettes par du piccolo, ce qui leur donne franchement vie!
23. Atrocetomique, Atrocetomique
Cette chanson occupe une drôle de place dans l’histoire des Colocs. J’ai l’impression que le groupe s’attendait à ce que ce soit un hit monstre, mais ça ne s’est pas passé du tout. Atrocetomique est, de loin, l’une des compositions les plus cool de l’histoire du groupe musicalement parlant. C’est peut-être un peu plus au niveau des paroles que ça accroche un peu plus. C’est peut-être un peu trop fantaisiste et pas assez universel.
22. Séropositif boogie, Les Colocs
En voilà une que j’ai eu de la difficulté à classer. Interprétée par feu Patrick Esposito di Napoli, le premier harmoniciste du groupe, Séropositif Boogie est une très bonne chanson blues. Ma seule critique est qu’il peut être difficile de comprendre ce qu’Esposito raconte dans les paroles, mais les arrangements musicaux sont extrêmement accrocheurs et Esposito livre une interprétation passionnée. Sa voix se prête aussi merveilleusement bien au style de la chanson.
21. Paysage, Suite 2116
Une magnifique réinterprétation musicale d’un poème de Charles Baudelaire. Paysage serait peut-être passée dans le beurre dans le film de Jean-Philippe Duval, Dédé, À travers les brumes, qui en fait le point d’ancrage de son récit. Le talent d’interprète de Dédé Fortin transporte la chanson, très simplement mise en musique. Sa passion pour le texte de Baudelaire est contagieuse.
20. La chanson du scorpion, Atrocetomique
Une autre chanson où Dédé Fortin fait acte de contrition envers une ex-copine sans vraiment se cacher. Bien que sa transparence soit louable, c’est difficile de s’identifier à un gars qui fait son mea culpa de fuckboy. Bonne toune. Encore une fois, bonne utilisation de la trompette qui fait office de deuxième voix. Un plaisir occasionnel – et quand je dis « occasionnel », je parle d’envies soudaines et irrépressibles d’écouter de la trompette.
19. La traversée, Les Colocs
Les résidents du Lac Saint-Jean trippent probablement plus sur cette chanson que le reste du monde, mais c’est quand même une sympathique bouillie de régionalismes. Avec un peu de travail, on pourrait en faire une chanson à répondre. Le sujet de la chanson la rend un brin moins accessible que les autres, mais elle irradie l’énergie effrénée des premières années des Colocs. Je ne l’ai jamais écoutée plus qu’une fois par jour, mais je ne m’en suis jamais tanné.
18. Maudit qu’le monde est beau, Les Colocs
Elle avait eu son moment de gloire à la radio à l’époque. Du moins, pendant quelques semaines. Festive, effrénée et taquine, Maudit qu’le monde est beau raconte l’histoire d’une femme nommée Pierette qui se trouve laide, mais qui admire la beauté du monde. Un hymne à la bonne humeur que je me suis surpris à chanter lorsque je me réveillais du bon pied, au fil des années.
17. Hong Kong Blues, Atrocetomique
Une autre chanson qui a connu une deuxième vie grâce au film Dédé, à travers les brumes. Une interprétation SU-BLI-ME d’un classique du blues qui raconte l’histoire d’un homme qui entrevoit sa propre mort. Choix prophétique ou révisionnisme historique, peu importe. À travers une performance nuancée, mais précise, Dédé y laisse entrevoir toute la vulnérabilité et le mal de vivre qui l’habite.
16. Julie, Les Colocs
Choix controversé! Julie est une excellente et importante chanson dans l’histoire des Colocs, mais… on ne se mentira pas, elle est un peu surévaluée? Juste un brin là. Tout ce qui se trouve dans le top 17 de cette liste peut être qualifié de classiques à divers degrés, mais est-ce que les sentiments de nostalgie et de tristesse face au temps qui passe ne sont pas communiqués de manière plus éloquente dans d’autres chansons? Pensez-y là!
15. Dédé, Les Colocs
J’ai vraiment hésité entre Dédé et Julie pour cette première entrée du top 15, mais j’ai trouvé Dédé plus personnelle et militante. Elle n’a pas été plus populaire que Julie à l’époque, mais elle a marginalement mieux vieilli. Dédé capture à merveille l’essence de l’énergie créative débordante qui habitait Dédé Fortin au meilleur de ses jours sans toutefois renier son côté sérieux. C’est la Mini-Wheat des chansons des Colocs.
14. On va crever en attendant l’été (ou l’hiver), Atrocetomique
Elle est fucking bonne, cette chanson. Légère et fantaisiste? Absolument! Le génie d’On va crever en attendant l’été (ou l’hiver) tient à la musicalité des platitudes météorologiques qu’on se lance à qui mieux mieux depuis des générations au Québec. Ça donne autant le goût de chanter que de chialer contre la température. Un bijou caché dans la discographie du groupe.
13. Bon yeu, Atrocetomique
Bon, j’espère qu’on s’entend pour dire que cette chanson est proprement classée. De loin la plus importante et mémorable sur Atrocetomique, elle met de l’avant un texte des plus militants et une performance inspirée de notre boy Dédé. Le problème social du chômage a un peu mal vieilli avec le contexte de pénurie de main d’œuvre post-pandémique et tout le tralala, mais Bon Yeu slappe toujours autant.
12. La comète, Il me parle de bonheur
Choix surprise! Connaissiez-vous l’existence de cette chanson avant de consulter cette liste? Je l’ignorais moi-même avant de recenser le catalogue des Colocs pour cet article. La comète, c’est peut-être le plus magnifique rigodon jamais enregistré. Un texte profond et mélancolique, une interprétation songeuse et méditative. Disons que c’est pas « la plus Colocs » des chansons, mais c’est quand même un magnifique OVNI.
11. Tellement longtemps, Dehors Novembre
La question qui m’habitait à ce moment de la création de cette liste : Tellement longtemps ou Tout seul? Laquelle est la meilleure? Ce sont deux chansons plutôt similaires qui reflètent des sentiments d’isolation, d’aliénation et de fatigue. Si vous classez Tellement longtemps devant Tout seul, je ne vous en voudrai pas. À mon avis, Tellement longtemps est un tantinet moins émotive, mais on est quand même dans le très haut calibre.
10. Passe-moé la puck, Les Colocs
Bon, là on rentre dans le catalogue des intouchables. Un des textes militants les plus percutants des Colocs, Passe-moé la puck, raconte la frustration d’une personne en situation d’itinérance qui utilise une métaphore de hockey pour illustrer son sentiment d’impuissance. C’est drôle, touchant et dansable. Les Colocs dans ce qui se fait de mieux. Souvent éclipsée par de plus gros morceaux, Passe-moé la puck a néanmoins extrêmement bien vieilli.
9. Tout seul, Dehors Novembre
Celle-ci est un choix bien personnel, j’en conviens. C’est aussi un peu révisionniste de ma part de placer aussi haut une chanson où Dédé Fortin affirme si ouvertement sa détresse. Le texte est quand même brûlant d’une franchise et d’une vulnérabilité à en fendre le cœur. L’interprétation féroce, pour moi, place Tout seul un chouilla devant Tellement longtemps et Passe-moé la puck. Une chanson bouleversante.
8. Pissiômoins, Dehors Novembre
À mon humble avis, c’est la chanson engagée par excellence des Colocs. Une scène de Dédé, à travers les brumes y rend d’ailleurs hommage dans la séquence où André Vanderbiest s’incline devant la maîtrise du langage de Dédé Fortin. « Des souverains improductifs? Veux-tu ben me dire où t’es allé chercher ça, Dédé? » Pissiômoins est aussi une des chansons les plus upbeat et dansante du répertoire des Colocs. Ça donne le goût de chialer contre le système.
7. Dehors Novembre, Dehors Novembre
Écrite suite au décès de l’harmoniciste des Colocs, Patrick Esposito di Napoli, Dehors Novembre est un véritable chef d’œuvre d’empathie et d’imagerie symbolique. C’est lourd. C’est très difficile à écouter, mais cette ode au dernier souffle de vie est d’une beauté époustouflante. Accompagnée d’un riff de guitare sobre, le souvenir de Pat et le deuil de Dédé s’y entremêlent comme deux colonnes de fumée.
6. La rue principale, Les Colocs
Certains d’entre vous crieront à l’injustice que La rue principale ne fasse pas partie du top 5, mais on est quand même dans une atmosphère raréfiée ici. À mon avis, ce qui rend cette chanson spéciale, c’est l’expression dans un langage naïf et coloré de cette frustration qui habitait Dédé Fortin à propos du temps qui passe, des choses qui changent et de cette inexorable course avec la mort à laquelle tout le monde doit participer.
5. Belzébuth, Dehors Novembre
Artistiquement parlant, c’est la chanson la plus aboutie des Colocs. L’histoire d’un chat fêtard ironiquement mort au bout d’une lame, Belzébuth est accompagnée d’arrangements musicaux qui rendent la clarinette cool! C’est quand même tout un exploit. La seule chose que j’ai à reprocher à ce titre, c’est qu’à 9 minutes, c’est dur à écouter casually.
4. Mauvais Caractère, Les Colocs
Un autre choix controversé? Mauvais Caractère est, selon moi, la chanson la plus cathartique des Colocs, qu’on soit de bonne humeur ou en tabarnak contre nous-mêmes. Que ce soit pertinent ou juste si ça passe à la radio, c’est incroyablement le fun à chanter à pleins poumons. Dédé Fortin a écrit plein de chansons où il rage contre son propre tempérament et c’est souvent difficile de s’y identifier. Pas ici. Mauvais Caractère, c’est l’ancêtre de Ma vie c’est d’la marde en termes de chansons qui servent à purger les émotions négatives.
3. Juste une p’tite nuite, Les Colocs
LA chanson de break up. Vous me direz que j’ai un parti pris pour les chansons qui débutent avec un solo d’harmonica et vous aurez bien raison, mais Juste une p’tite nuite est simplement parfaite. On y ressent le spleen de la séparation, la peur du changement, la douleur du manque. La ligne « J’m’ennuie de tes yeux, t’ennuies-tu des miens ? » frappe toujours de plein fouet, même après 30 ans. Une des chansons des Colocs ayant le mieux vieilli.
Elle était passée largement inaperçue à l’époque, mais elle se sera taillée une place au panthéon des meilleures chansons des Colocs.
2. Le Répondeur, Dehors Novembre
Jamais une chanson aura saisi la tristesse et la détresse aussi vivement sans jamais tomber dans le mélodrame. À travers une imagerie candide et populaire, Dédé Fortin y illustre à la fois la lourdeur de la dépression et celle de l’hiver québécois qui semble ne jamais finir. Le répondeur est une chanson qu’on n’écoute pas à chaque jour; il faut être dans un mood particulier pour l’apprécier à sa juste valeur. C’est néanmoins un chef d’œuvre discret et fragile.
1. Tassez-vous de d’là, Dehors Novembre
Dès les premières notes d’harmonica, on reconnaît la chanson et on sait exactement quelles émotions ressentir. À la fois extrêmement personnelle et universelle (on a tous échoué à aider un ami en crise à un moment donné), Tassez-vous de d’là est lyriquement simple, mais émotionnellement compliquée. Dansable, mais mélancolique. En quelques minutes, elle met tout le monde au diapason des mêmes sentiments difficiles.
C’est une chanson unique, inimitable et qui vivra longtemps dans la culture québécoise. Nommer Tassez-vous de d’là meilleure chanson des Colocs, c’est un peu comme nommer Master of Puppets meilleure chanson de Metallica. Même si le choix est un peu convenu, c’est quand même le bon.